crédit photo: Johanne Lussier
Belmont

Belmont au Théâtre Maisonneuve | Diane Dufresne et le paroxysme de la féminité

Rafraîchissant est le mot qui vient en tête en sortant du Théâtre Maisonneuve après la représentation du spectacle Belmont, un théâtre musical rendant hommage à l’oeuvre de l’extravagante Diane Dufresne. Rafraîchissant de voir des femmes à la tête d’un spectacle, émouvant de les voir prendre de la place, chanter fort, faire preuve d’intensité à travers un monde féminin. Si la pièce était un cocktail, ce serait un bon cosmopolitan bien rose, et comme ingrédients, on retrouverait de la danse, du chant, du théâtre et des tissus roses bouffants. Le plaisir et l’excès sont au rendez-vous dans cette pièce mise en scène par Jade Bruneau.

Déjà à l’arrivée des spectateurs, l’équipe de Belmont semble s’être fait un devoir d’accueillir la foule dans une ambiance festive. Devant le Théâtre Maisonneuve trônaient des ballons roses, des confettis roses et des rubans – vous l’aurez deviné – roses. Le public est de tous âges, plusieurs semblent même être venus en famille. Surement friands du répertoire de la célèbre Diane Dufresne ou bien simplement amateurs de spectacles menés par des femmes, la foule entre dans la salle le sourire aux lèvres, se parlant les uns aux autres de leur excitation à voir ce spectacle.

Le public ne semble pourtant pas trop savoir à quoi s’attendre du spectacle qu’il vient voir. Hommage à Diane Dufresne, univers issu du rêve, critique de la place de la femme dans la société ; voilà quelques indices qui ont été offerts, mais sans plus. Ainsi, lorsque les lumières se tamisent et que les six comédiens qui guideront le spectacle entrent en scène, la foule est attentive.

S’ensuit un arrangement de plusieurs chansons classiques du répertoire de Dufresne. On peut reconnaître Oxygène et L’hymne à la beauté du monde, livrées par les cinq femmes à la tête de Belmont : Catherine Sénart, Catherine Allard, Laur Fugère, Hélène Durocher et Geneviève Alarie.

Les premières minutes du spectacle sont tout de même assez ambiguës. Surement par habitude, on cherche à trouver la trame narrative ou bien le lien entre les chansons, mais ils demeurent inexistants. Le public peut commencer à véritablement apprécier le spectacle que lorsqu’il accepte de simplement se laisser bercer aux rythmes des différents tableaux, guidés par un homme qui entretient une fascination pour la femme devant lui. Cette femme, Diane Dufresne, est interprétée sous cinq déclinaisons de sa personnalité : la diva, l’amoureuse, l’artiste, la folle, et la petite fille. Se divisant ainsi la plupart des chansons selon les thèmes abordés dans celles-ci, elles se retrouvent toutefois souvent à travers un chœur.

Les moments de rencontre entre les voix des cinq comédiennes principales ne sont toutefois pas toujours musique à nos oreilles. En effet, quelques accords semblaient clocher, certaines voix semblant avoir plus de difficulté à atteindre la note que d’autres. On pourrait expliquer cette dissonance entre les différentes qualités de voix par le fait que les comédiennes ne proviennent pas toutes du même milieu. En effet, comme certaines scènes se livrent davantage par le texte que par la chanson, il est intéressant d’avoir des comédiennes issues des écoles de théâtre. D’autres ont beaucoup plus d’expérience en comédie musicale, et ça paraît.

Cette distinction est surtout flagrante lors des différents arrangements de chœur, mais les prestations solo sont toutes très impressionnantes. Arrivant avec un aplomb rare, elles ont toutes su se démarquer à leur tour. Comme un damné, Strip-tease et Le parc Belmont se placent définitivement sur le podium des moments chouchous de la soirée.

Les voix radieuses des comédiennes sont soutenues par de la musique semblant provenir d’ailleurs. Au fil du spectacle, le rideau par lequel elles sont apparues s’ouvre peu à peu afin de laisser apparaître un band, jouant les pièces en simultané. Ce souci de ne pas faire jouer l’instrumental de manière préenregistrée a élevé la qualité du spectacle. Il faut d’ailleurs souligner que pour la majorité du show, les chanteurs et les musiciens ne se voyaient pas, ce qui ajoute un défi de taille au niveau de la musicalité. Une prouesse qu’ils ont réussi avec brio.

Au niveau des costumes, inspirés par l’excentricité de Diane Dufresne et de ses looks iconiques à travers sa carrière, la costumière Sophie Clermont semble s’être fait plaisir. Débutant toutes avec des costumes de base roses, chacune des filles se retrouvera, au gré des chansons, à porter des costumes plus frivoles. L’homme, surnommé « Le Clown » (d’après la chanson Laissez passer les clowns), lui, portait une tenue plus sobre, vêtu de teintes grises. Ainsi, uniquement par les codes vestimentaires, on pouvait comprendre qui étaient les véritables stars du spectacle.

J’aurais aimé décerner la palme d’or de la performance à une femme, comme le voudrait la thématique du show, mais malheureusement le tonnerre d’applaudissements offert par la foule après que Pierre-Olivier Grondin ait livré la chanson Que m’a confirmé qu’il s’agissait bel et bien de la performance de la soirée.

Bien qu’il ait livré une performance hors pair, la présence de l’homme semblait parfois étrange. Bien que, comme annoncé, le public ait pu assister à un univers féminin sensuel, intense et éclaté, l’histoire semblait tourner autour de l’attention que l’homme portait aux diverses femmes. Ainsi, il volait la vedette, et un spectacle strictement féminin aurait peut-être été plus intéressant.

Belmont, c’est aussi la promesse de passer une soirée amusante et divertissante aux côtés de chanteurs expérimentés. Hommage touchant au monument qu’est Diane Dufresne, ce spectacle, bien qu’inégal, est authentique et attachant. À l’image de la féminité, Belmont est sensible, vrai, généreux et unique.

Événements à venir

Vos commentaires