Critique | Belles Soeurs: The Musical au Centre Segal

À l’aube de ses 50 ans, la célèbre pièce de théâtre de Michel Tremblay subit une nouvelle adaptation et devient Belles soeurs: The Musical. Présentée en supplémentaires jusqu’au 16 novembre, la comédie musicale signée René Richard Cyr reste toute aussi universelle.

Ensemble (Bingo!)- Photo by Andrée Lanthier

 

Après être devenue un théâtre musical il y a quatre ans, la pièce s’offre une nouvelle métamorphose et passe à la comédie musicale. Avec Belles soeurs : The Musical, on ne parle pas ici d’une simple traduction de la dernière oeuvre, mais bien d’une adaptation pour que le spectacle corresponde davantage à la clientèle anglophone. La pièce a été conçue pour être vendue dans les grands marchés. L’objectif est maintenant de fouler les planches partout autour du monde.

Dans cette adaptation, la pièce écrite en 1965 devient un peu plus accessible, légère et rayonnante. Mais pour l’apprécier, il faut d’abord accepter de faire abstraction de l’intensité dramatique de l’oeuvre initiale.

L’histoire est sensiblement la même: au beau milieu des années 60, alors que la classe ouvrière traverse une période sombre, Germaine Lauzon apprend qu’elle est l’heureuse  gagnante d’un million de timbres-primes. Voilà le prétexte d’inviter toutes les femmes du quartier et d’organiser une soirée de collage de timbres collectif. Pas question de partager, on veut tout et de préférence sans payer, «for Free». Rose Ouimet, la soeur de Germaine, est la dernière à apprendre la nouvelle. Quand à Pierrette, la dévergondée de la famille, elle arrive sans préavis au beau milieu de la soirée. Mais est-ce que le véritable bonheur se trouvera au fond de ces boîtes de timbres?

L’adaptation d’un peu plus de deux heures s’ouvre en force avec un numéro annonçant le ton de la soirée, davantage musical que théâtral. On s’imagine déjà à Broadway, particulièrement dans la deuxième partie où textes et musique ne font qu’un. Car oui, il y a un entracte (ce qu’on n’apprécie généralement pas dans ce type de pièce), mais on retrouve rapidement le rythme au retour avec une reprise de la dernière ballade. Bel effet.

Côté casting, le look des personnages est très similaire à la version française, trois personnages en moins (Lise Paquette, Ginette Ménard et Élise Cormier, Astrid Van Wieren, Genevieve Leclerc - Photo by Andrée LanthierGabrielle Jodoin). En tenue de scène, certaines comédiennes sont à s’y méprendre tellement elles se ressemblent, dont Guylaine Tremblay et Stéphanie McNamara dans le personnage de Rose Ouimet. Cette fois, il y a plus de musique et de chant et moins de dialogues. Quant au décor, il est le même dans les 2 versions. Note intéressante dans la dramaturgie, il n’y a pas que les noms des personnages qui ont été préservés : certaines expressions et références québécoises aussi.

L’interprétation des comédiennes est captivante, leur talent vocal plus imposant que dans la version française. Talentueuses, drôles et émouvantes, elles offrent quelques moments sublimes, comme dans Dull Life, où les articles ménagers sont brillamment intégrer à la chorégraphie de Monik Vincent, et le fameux Ode To Bingo, tout simplement magique. Lisa Horner est magistrale dans le rôle de Lisette De Courval, apportant le jeu à un autre niveau dans les nuances et les échanges avec le public.

Dans son ensemble, l’exercice est très respectable et sera un incontournable pour tout amateur de comédie musicale, même si la fin a été changée, histoire de terminer sur une note plus heureuse, une note d’espoir, une fin très américaine:  I Should Have Asked For The Moon. Comme quoi les Belles Soeurs ont parcouru beaucoup de chemin depuis cinquante ans.

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