crédit photo: Bernard Fougère
Orchestre Symphonique de Montréal

Au cœur du quatuor à cordes à la salle Bourgie | Dans une bulle, entre nous

En partenariat avec l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), la salle Bourgie présentait vendredi son spectacle Au cœur du quatuor à cordes, qui rassemble quatre talentueux instrumentistes de l’Orchestre s’attardant à des pièces modernes et éclectiques. L’instant était réussi, particulièrement réconfortant et doux, à l’image de la belle saison qui a enfin pointé le bout de son nez.

La salle Bourgie n’est pas remplie, nous sommes en comité réduit, entre nous. L’endroit est magnifique, et il est encore sublimé par les rayons d’une soirée de printemps traversant les vitraux de part et d’autre. L’instant est léger, simplement. Un peu de réconfort dans ce monde si fou.

Le quatuor à cordes, composé d’Abby Walsh et Jean-Sébastien Roy aux violons, Charles Pilon à l’alto et Sylvain Murray au violoncelle, débute sa performance avec Strum, de la compositrice actuelle Jessie Montgomery. Le pizzicato est d’abord au centre de l’œuvre et les airs folkloriques rappellent dans une moindre mesure une influence irlandaise, avant que le final de la pièce ne s’emporte à la manière d’une partition de Stravinsky. Belle entrée en matière.

* (De gauche à droite, de haut en bas) : Jean-Sébastien Roy, Charles Pilon, Sylvain Murray et Abby Walsh.

Le Quatuor no. 3 de Philip Glass, tiré de la trame sonore du film Mishima, est ensuite interprété par les musiciens. La pièce détonne avec l’époque et le reste du catalogue de Glass. Les instrumentistes s’adonnent à des airs lyriques et mélancoliques basés sur différents motifs rythmiques parfaitement joués en simultané. Chaque membre du quatuor prend sa place, la balance est maîtrisée. Au cours du deuxième mouvement de l’œuvre, November 25: Ichigaya, Sylvain Murray se fait entièrement entendre dans la salle en jouant dans un registre très bas, malgré le motif à l’unisson des trois autres instrumentistes qui aurait pu l’enterrer. On n’en demande pas moins de la part des musiciens de l’OSM, l’un des orchestres les plus respectés au pays.

Another Little Piece of My Heart, de la Canadienne Kelly-Marie Murphy, détonne encore avec le reste du répertoire interprété ce soir. La partition est plus moderne, d’abord aérée et planante avec Dolente, puis animée et mordante avec Aggressively. Les attaques des quatre instrumentistes sont précises tout au long de l’œuvre : à souligner, car la pièce est jouée sans chef, évidemment. La soirée se clôture avec le réconfortant Quatuor à cordes en sol mineur, op. 10, L. 91 de Claude Debussy. À quatre musiciens seulement, Walsh, Roy, Pilon et Sylvain procurent à la salle Bourgie un son plein et rond, le tout ponctué par de magnifiques harmonies se trouvant quelque part entre la vieille et la nouvelle école, et qui rappellent la patte du génie français.

L’émotion était au cœur du programme. Le cœur, justement, était mis de l’avant ce soir. Oui, une puissante symphonie de Mahler impressionne, oui, un riche opéra de Wagner fascine. Mais parfois, on n’a pas besoin d’autant. Parfois, vaut mieux se recentrer, respirer, et apprécier l’alternative minimaliste.

* Photo par Julia Marois.

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