Ariane Moffat à l’Impérial Bell | Quand la scène devient un terrain de jeu
Hier soir, à l’Impérial Bell, Ariane Moffatt a transformé la scène en véritable terrain de jeu. À 20h30, elle est apparue sous les projecteurs, vêtue d’un chandail et d’un short de sport rouge assortis, lunettes de soleil sur le nez, le sourire franc et lumineux. À ses côtés, trois musiciens tout aussi colorés : le claviériste arborant un bandeau de sport à la manière des années 80, la bassiste en bas de soccer et le batteur lui aussi en tenue sportive. Le ton était donné : Airs de jeux, son nouveau spectacle, aussi nom de son plus récent album, allait être un concentré d’énergie, de rires, d’éclats et de musique éclatée.
Dès les premières notes de Jouer, le public comprend que rien ne sera figé. Ariane Moffatt invite à l’action, à l’immersion, à l’abandon. Puis, après sa première chanson aux élans électro-pop, elle salue son public et présente ses musiciens en modulant les paroles de Je veux tout : « Je veux tout, tout à Québec City ». Le ton est joyeux, complice, spontané. La grande majorité des spectateurs sont debout, la salle saute, chante, crie si fort qu’on l’entend à peine parler. Il ne faut que deux chansons pour que la connexion soit totale, presque électrique.
Sur scène, Ariane Moffatt ne se contente pas de chanter. Elle vit. Elle bouge, danse, manipule ses claviers, joue avec les sons, dirige son équipe d’un regard complice. Ses gestes ne sont pas calculés, ils sont habités, traversés par quelque chose de plus grand qu’elle. Elle devient cette force magnétique qu’on ne peut quitter des yeux, celle qui transforme la musique en langage commun. Son air de jeu, c’est la scène; son ballon, c’est la mélodie.
Entre deux chansons, elle s’amuse, improvise et échange avec le public. Avant d’interpréter J’aime mes problèmes, elle s’arrête et dit, avec une transparence désarmante, qu’à un moment de sa vie, elle a décidé de ne plus voir de problème nulle part, qu’elle a choisi le bonheur. Elle ajoute, le sourire en coin, que cette chanson est née de ce moment-là, et que c’est peut-être la périménopause qui l’y a menée. Le public sourit, touché par sa lucidité autant que par sa légèreté. Cette capacité de se livrer sans filtre, d’aborder la vie avec franchise et bienveillance, fait partie de sa magie. Elle est humaine, proche et entière.
À ses côtés, ses musiciens ne sont pas en retrait : ils participent pleinement à la fête. Le batteur, notamment, surprend en utilisant un chime, cet instrument qui libère un filet de sons lumineux, presque célestes. À chaque passage de baguette, on a l’impression qu’une pluie d’étoiles glisse doucement sur la scène. C’est subtil, fragile, et pourtant essentiel, un souffle de magie suspendu entre deux battements. L’alchimie entre eux est palpable, ils se regardent, se sourient, se nourrissent mutuellement. Ariane se place souvent devant eux, parfois à genoux, pour les mettre en lumière. Et, dans la simplicité la plus sincère, elle glisse un « merci ma belle gang » au public, comme une caresse, un merci venu du cœur.
Plus tard, un moment de légèreté : Ariane ouvre une canette, la regarde en riant et lance au public : « Natural Spring water from Quebec. Je pensais que c’était une bière! » L’Impérial éclate de rire. Tout est prétexte à créer un lien, à jouer et à se laisser aller. Elle enchaîne en frappant sa console avec une baguette de dru, déclenchant un extrait audio de L’amour c’est dangereux de Michel Pagliaro. Puis, avec les baguettes, elle fait surgir un extrait mythique : I’ve Got the Power!, du groupe Snap!. Les spectateurs sont ravis, dansent, frappent des mains. La vague qu’elle déclenche traverse la salle en entier, les bras se lèvent et le rythme s’empare de tous.
Elle est tout à la fois : chanteuse, musicienne, DJ, productrice de sons. Elle joue de tous les instruments, touche à la console, improvise, chante et danse avec une aisance rare. On sent qu’elle fait de la musique parce qu’elle est musique. À chaque morceau, une couleur, une émotion, une histoire.
Lorsqu’elle interprète Sunshine, la foule chante à sa place, presque instinctivement. Ariane tend l’oreille, sourit, les laisse prendre le relais. Et puis vient ce moment suspendu, ce « All Day, All Night » chanté par toute la salle sans qu’elle n’ait besoin d’un mot. L’énergie est brute, sincère, collective.
Vient ensuite Nuit magique, popularisée en 1986 par Catherine Lara. Ariane Moffatt en livre une version vibrante, actuelle, à son image. Puis Réverbère réunit la salle en un seul chœur, les voix se fondent et le deuxième étage tremble. Chaque mot, chaque battement résonne jusque dans les murs. Et enfin, Miami clôt le spectacle avant les rappels, dans une explosion de sons et de lumière.
Il fallait y être pour comprendre ce qui se passait à l’Impérial : cette communion, cette impression que chaque parcelle d’air vibrait d’un même souffle. Ariane Moffatt n’a rien perdu de sa fougue, de sa couleur et de sa lumière. Elle incarne l’essence même de la scène : la liberté, la création, la vie.
Dans ces Airs de jeux, tout devient possible : les rires, la nostalgie, la danse et la beauté. Et quand les dernières notes s’éteignent, on comprend que ce qu’on vient de vivre dépasse le simple show. C’est une célébration du vivant, de l’art et de la joie pure. Ariane ne joue pas sur scène. Elle est la scène.
Un spectacle à voir, encore et encore, pour se rappeler combien la musique, quand elle est habitée, fait battre plus fort et plus grand le coeur.
Photos en vrac
Ariane Moffatt
Loïc Lafrance (première partie)
- Artiste(s)
- Ariane Moffatt, Loïc Lafrance
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- Impérial Bell
- Catégorie(s)
- Francophone, Indie Rock, Québécois, Synthpop,
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