April Wine au Grand Théâtre de Québec | La nostalgie était au rendez-vous !

Pour une première fois en carrière, le légendaire groupe rock canadien April Wine s’arrête au Grand Théâtre de Québec ce soir. April Wine vient célébrer plus de 50 ans de classiques et de succès. Rappelons que le chanteur original du groupe, Myles Goodwyn, est décédé le 3 décembre dernier à l’âge de 75 ans. Un concert qui promet d’être empreint d’émotions et de nostalgie.

La formation originaire de la Nouvelle-Écosse, qui a connu ses heures de gloire dans les années 70’ et 80’ grâce à ses succès tels Roller, I Like to Rock et Just Between You and Me, est maintenant formée de Brian Greenway (guitares-voix), Richard Lanthier (basse-voix), Roy Nichol (batterie-voix) et et du chanteur-guitariste Marc Parent.

Entrevue – Richard Lanthier (bassiste)

Richard Lanthier, membre du groupe depuis 2011, nous parle de son arrivée au sein d’April Wine : « Breen Leboeuf, que je connaissais déjà depuis plusieurs années, quittait le groupe et m’a recommandé pour le remplacer. Après une conversation téléphonique avec Brian et Myles, trois jours et une courte audition plus tard, je faisais partie du groupe. »

Richard est un bassiste chevronné qui compte des dizaines d’années d’expérience comme musicien : « Dans les années 90, durant quelques années, et ensuite avec un retour à partir d’environ 2003, je faisais partie d’un hommage à Yes nommé Close to the Edge (CTTE). Le défi personnel de monter ce répertoire était très demandant, autant au niveau de la basse que de la voix, et évidemment d’exécuter les deux en même temps, ce qui pour plusieurs pièces était un exercice très complexe. Le groupe n’a pas joué extrêmement souvent, mais avait une fanbase très dévouée. »

Anecdote : « C’est d’ailleurs le chanteur de CTTE, Benoit David, qui a remplacé Jon Anderson avec Yes en 2008. Chris Squire m’a contacté, ayant remarqué des vidéos live de nos performances, et nous a ni plus ni moins « volé » notre chanteur… « Emprunté » est en fait le mot qu’il a utilisé quand il m’a demandé la permission… »

Dans la même veine, le membre d’April Wine nous parle de l’un des bassistes le plus difficiles à interpréter en spectacle: « Il y en a sûrement plusieurs, mais pour mon expérience personnelle, je dirais Chris Squire, lorsque je faisais partie de CTTE. »

Richard Lanthier travaille également sur différents autres projets en marge d’April Wine : « Je fais aussi partie d’un groupe nommé Premier Ciel, qui fait principalement un hommage à Harmonium, et qui existe depuis 22 ans. Je fais aussi la gestion de ce groupe. Aussi, plus récemment, un hommage à Deep Purple nommé Purple Night, qui n’est pas encore tellement connu, mais nous y travaillons. Parallèlement à ces activités, je fais aussi du montage audio et vidéo, et ayant œuvré à temps plein par le passé dans le domaine du jeu vidéo en tant que sound designer et game designer, j’ai à l’occasion quelques collaborations dans ce domaine. »

« Et finalement je travaille depuis toujours sur du matériel solo original, le format musical ainsi que la date de livraison demeurent encore à ce jour un peu vagues… »

En 2010, il a collaboré à l’album One Among The Living du groupe de rock progressif montréalais Mystery. Ses principales influences à la basse, outre Chris Squire de Yes, incluent John Wetton, John Entwistle et John Paul Jones.

Entrevue – Marc Parent (chanteur-guitariste)

Le jour même du spectacle à Québec, le nouveau chanteur du groupe, Marc Parent me parle de son arrivée dans le groupe : « Richard (Lanthier) m’avait recommandé il y a 8 ans à peu près pour la job, et puis j’avais passé l’audition avec Myles (Goodwyn) au téléphone. Il avait aimé ce qu’il avait entendu. Mais après mûre réflexion, j’ai été obligé de refuser et de dire non parce que je venais juste d’avoir un bébé et puis j’avais une job stable. Je me rappelle vivement que je venais juste de dire non à April Wine! J’en parlais à mes chums musiciens et ils me disaient : « Quoi! T’as dit non à April Wine!! » Après la Covid, Myles était de plus en plus fatigué et il ne voulait plus vraiment faire de tournées, donc ils ont pensé à moi. Et cette fois-ci, j’ai passé une autre audition, et puis ça s’est bien passé. »

Marc se sent choyé d’être avec ce groupe légendaire, mais également de faire partie de Wang Dang Doodle : « Je suis très fier d’être dans April Wine. C’est un gros, gros band, et c’est un honneur pour moi de jouer ces chansons-là, de les garder en vie pour les fans. Je t’avoue que mon band de blues Wang Dang Doodle est un band qui existe depuis 1990, et musicalement c’est vraiment intéressant parce que c’est très spontané et très improvisé. On ne sait jamais comment nous allons commencer et finir une toune, puis comment ça va se passer dans le milieu. Ça, c’est vraiment le fun de faire de la musique spontanée comme ça avec de bons musiciens. C’est vraiment un projet dont je suis très fier. Il y a beaucoup, beaucoup de musiciens qui sont passé dans ce band-là aussi. »

L’accueil pour le nouveau chanteur est des plus chaleureux depuis le décès du chanteur original d’April Wine : « Ceux qui viennent voir le spectacle me disent que de bonnes choses. C’est très rassurant pour moi. C’est certain que je ne suis pas Myles Goodwyn, et je n’essaie pas d’être Myles Goodwyn. Ma voix sonne comme Myles. Moi ma job, c’est de chanter ces chansons-là le plus justement possible. J’essaie de respecter les arrangements, la mélodie des chansons des albums. J’essaie de respecter les tounes comme les fans, dont je fais partie, ont pu les entendre sur les albums. Parce que ces chansons font partie de notre inconscient et font partie de notre jeunesse. Ces chansons-là sont puissantes et sont rattachées à plein d’émotions et de souvenirs. Moi ma job, c’est de faire vivre ces émotions-là. Quand tu viens voir le band et que ça te rappelle quand t’as frenché ta première blonde sur Just Between You and Me! »

La puissance d’une chanson c’est quand c’est relié à de bons souvenirs.

Le chanteur-guitariste aime tout le matériel d’April Wine, mais il a certes ses chansons préférées : « J’aime beaucoup Fast Train, qui est une toune de 1971. J’aime beaucoup Roller, parce que le monde capote quand on la joue. Just Between You and Me, Gypsy Queen, Rock N Roll Is A Vicious Game, I Like to Rock…Ça finit plus! C’est tellement le fun de les jouer. J’me pince souvent en me disant : « C’est vraiment moi qui suis en train de les chanter! » »

April Wine fait partie de mes premiers groupes coup de cœur du début 80’. La sortie de l’album phare The Nature of the Beast, vendu à plus de 200 000 copies au Canada et un million de copies aux États-Unis, avait créé un engouement incomparable à l’époque, doublant les ventes de l’album Harder Faster paru l’année précédente. Le Colisée de Québec venait d’être rénové et c’était le début d’une grande tradition de shows rock pour la capitale nationale. Styx avait ouvert la voie pour le très médiatisé concert de la tournée Paradise Theater le 13 août 1981, et April Wine quelques jours plus tard, soit le 21 août. Le reste, c’est de l’anthologie…

Le spectacle

La salle n’est pas pleine ce soir, mais les vrais amateurs d’April Wine sont présents. L’atmosphère est fébrile, et il y a de l’électricité dans l’air.

Le spectacle prend réellement son envol avec la pièce Fast Train, tirée du premier album du groupe. C’est à ce moment que le quatuor démontre toute la puissance de ses chansons en spectacle. Brian Greenway, seul membre original du groupe, flagelle sa guitare avec ses doigts au lieu d’un médiator. Une torture musicale propre à la signature d’April Wine. C’est aussi solide que le rock peut l’être ! Greenway, 72 ans, est un guitariste que j’ai pu apprécier à sa juste valeur ce soir. Probablement l’un des musiciens les plus sous-estimés de sa génération. Les riffs de guitares légendaires d’April Wine nous apportent une bonne dose de rock’n’roll dans les oreilles. Greenway agit comme maître d’œuvre du groupe, occupant le centre de la scène tel un phare guidant les marins sur la mer de décibels.

Roy Nichol, batteur du groupe, offrira une solide performance autant vocalement qu’à la batterie lors de Weeping Widow, pièce tirée de l’album Electric Jewels datant de 1973. Vraiment un moment fort du spectacle de ce soir.

Le son monte d’un cran pour I Like To Rock et nous amène au solo de batterie de Roy Nichol. Greenway troque sa guitare pour l’harmonica pour la pièce Rock n’ Roll Is a Vicious Game de l’opus First Glance, paru en 1978.

Après quelques échanges de « tabarnak » entre Brian Greenway et Marc Parent, Crash and Burn, l’une de mes pièces préférées du groupe viendra mettre en valeur les talents du bassiste Richard Lanthier.

Avec April Wine, premier groupe canadien à être diffusé sur la chaîne télévisée de musique MTV, le temps passe à la vitesse de l’éclair. Pas de feu d’artifice, aucune mascarade : que du rock à l’état pur. Juste de bonnes chansons partagées avec les amateurs de bonne musique. Vous allez me demander si c’était un spectacle emprunt de nostalgie ? Absolument ! April Wine est un pilier du rock canadien et fait partie des groupes qui ont pavé la voie à d’innombrables artistes après eux. Une partie intégrante du « canadian sound » des années 70’ et 80’. Ce n’est pas rien !!

Sign Of the Gypsy Queen donne des frissons et son pont musical très floydien nous amène ailleurs, aux frontières du rock et du progressif. Tout le monde est debout pour le classique Roller et c’est déjà la fin du concert, qui au dire du chanteur Marc Parent fut l’un l’un des plus chaleureux depuis des lustres.

Ce soir, j’avais 16 ans !