Festival Acadie Rock

Acadie Rock 2017 | Célébrer le passé tout en s’ouvrant au présent

Si la Fête nationale semble tourner un peu en rond au Québec depuis plusieurs années, on ne peut pas en dire autant du 15 août pour les Acadiens !  La ferveur est à son comble, même par un mardi pas-férié, et les célébrations soulignent à la fois le passé tout en s’ouvrant au présent, comme en témoignait notre expérience mémorable au grand événement de la Fête nationale des Acadiens du festival Acadie Rock, à Moncton.

Déjà à notre arrivée lundi, un constant s’imposait : l’Acadie respecte ses poètes. Au Centre culturel Aberdeen — sorte de quartier général de la communauté artistique à Moncton — la soirée de poésie Gérald-Leblanc battait son plein, devant un public assez volumineux, et très réceptif. Encore une fois, la jeunesse côtoyait les doyens, si bien qu’on y retrouvait autant un Guy Arsenault (notamment auteur du recueil de poésie qui a donné son nom à Acadie Rock) ou une incendiaire Rose Després, tous deux accueillis à tout rompre par respect pour leur apport majeur à la culture acadienne, mais également des Monica Bolduc ou Caroline Bélisle qui représentent bien des formes poétiques plus modernes.

Mais le clou du festival, c’est véritablement son 15 août. De jour, on tentait une nouvelle expérience, avec une toute première édition du Festival francophone de la petite enfance de Moncton NB, avec des activités au menu telles que la décoration de masques, la confection de la banderole géante et d’instruments pour le tintamarre. L’écrivaine Francine Hébert était également sur place pour conter des histoires.

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Suivait ensuite le Grand Tintamarre, tonitruante tradition acadienne qui consiste à déambuler, sur le coup de 18h pile, dans les rues de la ville en faisant un maximum de bruit avec des casseroles, des sifflets, des trompettes, des tambours… Pensez Printemps Érable, mais aux couleurs du drapeau acadien (et sans scander « la loi spéciale / on s’en câlisse »).

C’est le 15 août: Faites du bruit pour nos amis Acadiens! #grandtintamarre #acadie #15aout

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Le trajet (d’une vingtaine de minutes) aboutissait au Parc Riverain, où les animateurs de la soirée, soit le comédien et poète Gabriel Robichaud ainsi que Caroline Bélisle, la pétillante poétesse mentionnée ci-haut, lançaient le grand spectacle du soir, avec d’abord le groupe prog/folk acadien Cy, qu’on a pu découvrir aux Francouvertes en 2016.

Suivaient des noms bien ancrés dans la chanson acadienne moderne, comme l’explosive Laura Sauvage (des Hay Babies, mais également digne artiste solo rock/grunge) et l’immensément sympathique Joseph Edgar, dont les interventions patriotiques senties nourrissaient autant la foule que ses chansons pop-rock.

Photo par Max-Antoine Guérin.

Photo par Max-Antoine Guérin.

Au plus fort de la soirée, vers 21h, le mythique groupe country-folk 1755 faisait son apparition sur scène, et c’est là que se concrétisait le carrefour entre le passé et le présent. Les chansons à succès, entonnées en choeur par les quelques 15 000 personnes présentes, donnaient l’impression à un Québécois d’assister à un gros show de Plume ou de Beau Dommage. La grande communion opérait, 40 ans après la formation du groupe, et les sourires de Roland Gauvin et Pierre Robichaud semblaient tout dire : la joie était à son comble.

Là où le présent est intervenu, c’est lorsque ceux-ci ont invité Les Hay Babies sur une chanson, puis Joseph Edgar sur une autre, et Lisa LeBlanc, qui « traînait » en coulisse est venue y mettre du sien aussi. Difficile de rester de marbre face à cette imposante démonstration de la trace laissée dans l’imaginaire collectif acadien par 1755.

Question de bien marquer le présent, les organisateurs d’Acadie Rock avaient aussi prévu deux artistes francophones issus d’Europe et d’Afrique pour conclure la soirée. Et pas les moindres : le grand maître de l’afro-reggae Tiken Jah Fakoly, et le projet électro-funk français General Elektriks. Rencontré plus tôt dans la journée, le grand manitou de General Elektriks, Hervé Salters, nous expliquait qu’il s’agissait pour lui non seulement d’une première visite en Acadie, mais également d’un tout premier spectacle au Canada, après près de 15 ans de carrière avec ce projet.

Même si les gens connaissaient peu ce petit génie du hook et du groove, la foule est demeurée bien présente et réceptive au quatuor, qui en a profité pour montrer de quel bois il se chauffe. « Ce sera le dernier concert de notre présente tournée, et on compte en profiter pour semer la fête », nous confiait Hervé Salters quelques heures plus tôt. Le moins qu’on puisse dire, malgré l’heure tardive (la prestation a commencé après minuit), c’est qu’il a tenu promesse !

Chapeau aux organisateurs d’Acadie Rock qui ont une fois de plus réuni tous les ingrédients nécessaires pour faire lever le party en ce 15 août une fois de plus mémorable !

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