Eve Côté

Ève Côté à la salle Albert-Rousseau | Quand l’énergie ne suffit pas

Mardi soir, la salle Albert-Rousseau accueillait le premier one-woman show d’Ève Côté. L’attente était grande, portée par la curiosité de voir l’humoriste gaspésienne prendre seule possession de la scène. Pourtant, malgré son énergie débordante et son accent chantant, la soirée a laissé un goût d’inachevé. Derrière le débit rapide et les chansons entonnées entre les segments, quelque chose s’est perdu : la profondeur, la surprise et la finesse qu’on espérait trouver.

On l’entend chanter avant même qu’elle ne paraisse. Puis, un « bonsoir, Québec, ça va bien? » lancé avec verve marque son arrivée. L’escalier mobile au centre de la scène, qu’elle déplace pour symboliser les différentes facettes de son univers, intrigue d’abord. Mais, rapidement, cette idée de scénographie s’épuise, n’ajoutant que peu de relief à un spectacle qui peine à se renouveler.

Un flot sans répit, mais sans nuances

Ève Côté parle vite, enchaîne les blagues, ne s’arrête presque jamais. Elle dit elle-même qu’elle a « du gaz », et, en effet, l’essence ne manque pas. Mais à trop vouloir foncer, elle ne laisse pas le temps aux rires de respirer. Les thèmes se bousculent : hockey, cégep, dating, chasse, famille, enfance, poils de cul qui bouchent le drain du bain, Kate Middleton. Des sujets quotidiens, parfois crus, souvent convenus. La rapidité impressionne, mais la redondance lasse.

Certains passages font sourire, notamment les « 12 coups du coucou » de sa grand-mère, qui récoltent la plus grande réaction de la soirée. Mais ailleurs, la vulgarité gratuite et les punchs faciles prennent le dessus. Quand elle se trompe dans son texte et s’exclame « elle est humaine, cette salope », le public rit, certes, mais plus par surprise que par génie comique. On finit par se demander si l’humour ne repose pas trop souvent sur la surenchère.

Un public conquis d’avance

La salle, majoritairement féminine, rit fort, rit souvent. Mais le rire n’est pas toujours contagieux. On sent une connivence avec ceux qui la suivent déjà, ceux qui aiment son franc-parler, son accent, son authenticité. Pour les autres, l’impression domine d’assister à une suite de gags lancés à toute vitesse, sans fil conducteur solide. Le spectacle ressemble à une conversation décousue plutôt qu’à une œuvre maîtrisée.

Des distractions hors-scène

Comme si cela ne suffisait pas, une nouveauté plus tant nouvelle à la salle Albert-Rousseau ajoute au malaise : la vente de pop-corn. L’odeur beurrée flotte, les bruits de mastication brisent la concentration. Déjà fragiles, les moments d’attention se perdent davantage dans ce mélange incongru de croustilles sonores et de blagues répétées.

Ève Côté possède une énergie unique, une voix, une authenticité qui pourraient porter loin. Mais ce premier spectacle manque de direction, de respiration et de profondeur. À force de courir après le rire, il oublie de construire une histoire. Au final, ce n’est pas l’escalier mobile qui donne le vertige, mais plutôt d’avoir la sensation d’avoir assisté à une démonstration d’endurance où l’humour s’est dilué dans le trop.

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