crédit photo: Tim Snow
Daniel Lanois

Daniel Lanois au théâtre Maisonneuve | Du baume à l’âme

Il est bon de revenir régulièrement aux sources avec Daniel Lanois : il reste un rempart solide à l’impermanence, nous livrant toujours avec chaleur et générosité son rock enveloppant. Si vous l’avez déjà vu en concert, il n’y a pas eu de grosse surprise ce dimanche soir, mais c’est toujours un bonheur de se replonger dans un univers sonore réconfortant, sur fond de guitare dynamique et de guitare à pédales. Un baume à l’âme en ces temps de plus en plus troubles et angoissants.

Un fond sonore de musique ambient aux relents aquatiques nous accueille dans le théâtre Maisonneuve. Daniel Lanois entre en scène et s’installe derrière ses machines, accompagné de Wayne Lorenz, son fidèle collaborateur, archiviste, coproducteur, deuxième paire de mains aux machines et ami de longue date pour une introduction sonore en douceur, qui se transforme en reprise éclatée du classique Amazing Grace, avec le batteur jouant de l’antique clavier mellotron.

Daniel Lanois prend visiblement toujours autant de plaisir à renouer avec ses amateurs québécois et ses racines, généreux et attentionné auprès de son public. Le prolifique et réputé producteur a aujourd’hui 74 ans, et nous livre deux heures de concert bien pleines où il revisite son répertoire, piochant dans ses albums, entre autres Acadie, Shine et Black Dub. Lanois alterne, comme à son habitude, entre des passages en trio rock, des moments intimistes où il est seul à la guitare et ses comparses en chorale à ses côtés, allant aussi vers des titres plus éthérés, où il est à la pedal steel guitare, et un morceau où Lanois mixe derrière ses machines.

251005 daniellanois tim snow 2* Photo par Tim Snow.

Toujours accompagné de son fidèle bassiste Jim Wilson, on retrouve à la batterie Jermaine Holmes, une pièce d’homme coiffée d’une mise en pli très années 80, à la Lionel Richie (mais la perruque prend le large très rapidement pour réapparaître au rappel). Wayne Lorenz n’est jamais bien loin pour régler de main de maître, entre autres, le mythique délai Korg SDD-3000, pièce maîtresse du son Lanois et qui a fait la singularité d’un certain The Edge.

La richesse vocale est aussi une marque de fabrique de Lanois, avec les chœurs de ses acolytes très présents sur les refrains. Les musiciens sont d’ailleurs très proches sur la grande scène, ajoutant aux côtés proximité et familial du groupe.

Le quatrième titre de la soirée, I Love You, est accompagné par la projection d’une vidéo composée d’alternances très rapides et saccadées de séquences mises en parallèle, dont le point commun est un baiser au cinéma, et dont le rythme effréné fait capoter le cerveau du cinéphile en moi. Entre des extraits de Psycho, Hiroshima Mon Amour, Breakfast At Tiffany’s, Et Dieu… créa la femme, il y a Dr. No. À part ce passage psychotonique, les séquences sont restées par la suite bien plus statiques et contemplatives, avec un bosquet entouré de fleurs au vent ou les vagues d’un lac relativement tranquille.

Quand ce n’est pas une séquence préparée, en alternance, il y a un ajout très intéressant à l’expérience avec la présence d’une vidéaste qui projette ses images en direct, et en noir et blanc, sur le grand écran en arrière de la scène. Cela nous permet d’avoir une vision au sein même des musiciens. C’est très agréable et fort bienvenu, notamment lorsque Lanois passe en arrière, derrière sa console et ses effets divers. On comprend un peu mieux ce qui se passe, et cela améliore grandement l’expérience, alors que la transition est plutôt difficile à concilier, du passage techno avec l’ambiance plus rock du concert.

Au répertoire de la soirée, il y a, entre autres, Still Water, Ring the Alarm, joué en hommage aux déplacés de ce monde de plus en plus nombreux, le classique et autobiographique Jolie Louise, l’emblématique morceau de pedal steel atmosphérique JJ Leaves L.A. et Shenandoah, avec des passages enregistrés avec la voix d’Emmylou Harris. Sorti de nulle part dans la salle, un bon « astie » des familles fait resurgir sur scène le titre O Marie, qui contient le fameux sacre dans ses paroles en québécois! Le trio revient en rappel pour nous livrer un dernier titre, et ce sera le poignant The Messenger.

C’est la quatrième fois que je vois Daniel Lanois sur scène, et si chaque expérience se ressemble tout de même dans le fond et la forme, la liste des titres évolue à chaque fois, tout en conservant les grands titres importants. Les arrangements restent proches, même si l’improvisation et l’interaction entre les musiciens est toujours bien présente. Avec le jeu de guitares particulièrement dynamique de Daniel Lanois et le chœur de voix qui l’accompagne, ça reste toujours un moment magique à assister, autant musicalement que pour l’ambiance chaleureuse et familiale. Un concert de Daniel Lanois reste une valeur sûre, une valeur refuge même en ces temps d’obscurantisme.

251005 daniellanois tim snow 12* Photo par Tim Snow.

 

Liste des titres

  1. Forest Buffalo
  2. Amazing Grace
  3. Where Will I Be
  4. I Love You
  5. Fire
  6. Moondog
  7. Under a Stormy Sky
  8. Still Water
  9. The Maker
  10. Shenandoah
  11. JJ Leaves LA
  12. Frozen
  13. Silverado
  14. Falling at Your Feet
  15. Jolie Louise
  16. Shine
  17. That’s the Way It Is
  18. O Marie
  19. Ring the Alarm
  20. Opera
  21. The Messenger (Rappel)

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