Pop Montréal 2025 – Jour 2 | Sarah Rossy exorcise son passé en beauté

Sarah Rossy est une chanteuse bien connue de la scène expérimentale montréalaise. En ce jeudi soir au Ministère, elle a lancé son album Lucid qui reprend les derniers où son ancien projet Shyre s’était terminé, histoire de boucler la boucle et de créer un lien entre la femme qu’elle était et celle actuelle plus forte. Le résultat est un beau mélange sonore très solide où l’univers de la musicienne nous est présenté accompagné d’une dizaine de musiciens.

Le premier projet de la musicienne Sarah Rossy était intitulé Shyre et a terminé en queue de poisson en 2017 « à cause du patriarcat et différentes pressions », comme elle le soulignait sur scène, de manière cryptique. La musique éthérée à saveur pop cinématique est alors mise de côté avec un album enregistré en 2017. C’est dernièrement que la chanteuse a eu le besoin de revoir ses titres et de les terminer, avec toute l’expérience et la force qu’elle a su trouver et accumuler notamment dans la scène expérimentale.

C’est avec Jack Broza, un producteur / bidouilleur basé à New-York qu’elle a mené ce projet à terme et qui a abouti à l’album intitulé Lucid. C’est avec lui qu’elle présente ce soir une version en concert avec une formation qui comprend dix musiciens pour l’entourer. On retrouve des noms bien connus et appréciés de la scène montréalaise comme Claire Devlin (saxophone), Jonathan Arseneau (basse), Tommy Crane (batterie et percussions) ainsi que Corey Gulkin et Thanya Iyer aux chœurs.
Il y a également des anciens collaborateurs de Shyre : Frédéric-Alexandre Michaud (violon), Victor De Coninck (alto) et Natalie Yergatian (batterie et percussions). Le comparse Jack Broza est la guitare et la Suissesse Ruiqi Wang s’ajoute aux chœurs. Sarah Rossy est aux chant et claviers.

Si le côté éthéré du projet initial reste bien présent avec des titres aux structures plus conventionnelles que ce que Rossy nous présente ces dernières années, le côté expérimental et plus énergique de la musicienne est également bien présent ce soir, apportant une vigueur bienvenue et un équilibre entre ses deux facettes pour un mariage réussie et une belle réconciliation entre la jeune Sarah et la Sarah actuelle.

Avec autant de musiciens, les arrangements savent être pertinents et conservent une touche accessible sans mettre de côté l’aspect expérimental, avec notamment les apports du bassiste Jonathan Arseneau qui produit quelques sons originaux et bizarres toujours bien placés. Il y a également quelques flûtes à bec qui apportent un vent de sourires et de fraîcheur sur un titre en appuyant la mélodie du refrain en plus de nappes sonores en soutien. À noter, la flûte à bec de nos écoles semble faire un retour en force cette année, je n’arrête pas d’en voir sur nos scènes et studios!

Avec une grande formation en soutien, Sarah Rossy a su faire un pont, ce soir, entre deux étapes de sa vie personelle et musicale. Le mélange entre son côté pop éthéré et celui expérimental se sont rejoints pour un concert qui a su faire le croisement des genres et apporté une énergie contagieuse à la proposition. Sarah Rossy a prouvé qu’elle reste un pilier de notre scène locale avec une richesse et une interprétation toujours bien sentie qui mérite d’être connue davantage.

L’album LUCID de Sarah Rossy est disponible à l’écoute et à l’achat sur Bandcamp

 

Naïka Champaigne et Christian Sean en ouverture

Pour ouvrir la soirée, c’est Naïka Champaigne qui nous a présenté son mélange musical entre néo-soul, funk et un brin de bossa. Avec un chant solide et de belles compositions, elle nous a présenté un show énergique. J’ai aussi apprécié sa guitariste Gabi Tomé qui sait insuffler quelques originalités senties dans son jeu.

Christian Sean a ensuite enchaîné avec une dream pop électro bien interprétée mais qui a eu du mal à m’atteindre.

Pop Montréal se poursuit jusqu’à dimanche. L’équipe de Sors-tu? couvrira notamment les concerts de Holy Fuck et TEKE::TEKE au Théâtre Rialto vendredi, et Fat Dog samedi à la Toscadura.