La Bohème - Puccini

Un soir de mai sur les airs de la Bohème de Puccini

C’est sur La Bohème de Puccini, œuvre dont la popularité est incontestée, que l’Opéra de Montréal clôture la saison 2024-2025.  Les grands efforts de mise en scène et la beauté des décors ont su rendre cette nouvelle production splendide.

L’acte I s’ouvre sur un échafaudage représentant le logis aux allures de grenier où se retrouvent Rofolfo, jeune poète interprété par le ténor Frédéric Antoun et le peintre Marcello, interprété par John Brancy. En ce début de représentation, le fameux Rodolfo ne semblait pas particulièrement en voix. L’orchestre enterrait la voix du poète à plusieurs reprises.

Par ailleurs, à propos de l’orchestre, les nuances étaient bel et bien présentes sous la baguette précise du maestro Simon Rivard, Montréalais d’origine pour qui il s’agissait de la première collaboration avec l’Opéra de Montréal. La musique de l’acte I est si charmante et poétique, c’est avec cœur et inspiration que les musiciens ont soutenu les airs bien connus de cette œuvre monumentale pendant les quatre actes.

Parmi les artistes s’étant particulièrement démarqués, j’ai noté l’interprétation de Mikelis Rogers dans le rôle de Schaunard. Il ne s’agit pas d’un premier rôle mais sa présence scénique à l’acte I fut fort appréciée de la foule. C’est avec humour qu’il a su incarner son personnage, en plus d’offrir au public une voix de baryton tout à fait impressionnante.

Quand les duos brillent

La Bohème, c’est avant tout une succession de plusieurs duos très lyriques. La rencontre de Mimi, l’amour de Rodolfo poursuit l’acte I. Le premier duo, Non sono in Vena, montrait toute la profondeur de la voix de la soprano Lauren Margison.  Le solo du ténor par la suite s’avérait bien plus solide que les premières apparition de Rodolfo.  Son interprétation sensible de cette mélodie a conquis la foule qui n’a pu s’empêcher d’applaudir alors que l’acte I n’était pas encore terminé. À bas les conventions!

Par la suite Mimi s’est présentée en entonnant son propre solo. Son timbre chaleureux dans les graves a su rendre hommage à la mélodie. Néanmoins, certaines notes plus hautes semblaient difficiles à atteindre.  Leurs Aria respectifs achevés,  les deux «nouveaux tourtereaux» ont emmêlé leur voix en une grande déclaration. Mention à la harpe, pleine de délicatesse mais bien présente qui ajoutait une touche de magie à cette scène angélique. La fin de cette scène où les amoureux continuent de roucouler doucement leur amour en coulisse à la tombée du rideau enchantait les spectateurs attentifs.

Ensuite, l’acte II s’ouvrait sur une représentation d’une place publique où s’affairaient paysans, vendeurs, gendarmes et enfants. Il faut dire que l’action de La Bohème se déroule autour du quartier latin parisien au début du 19ième siècle.  Le décor était parfait pour insuffler cette ambiance de marché d’antan. C’est dans cet acte que Musetta, bien incarnée par Andrea Nunez, reprend le refrain de Mimi. Les voix des deux sopranos se mariaient magnifiquement. Une grande parade avec drapeaux français, chants joyeux, tambours et trompettes concluait cette première partie du spectacle.

Après l’entracte, l’atmosphère s’est assombrie. L’acte III s’est déployé en entier sous une averse de neige. Une scénographie de circonstance encadrait le duo Mimi! si dramatique pendant lequel Mimi discute avec Marcello de sa séparation imminente de Rudolfo. Il s’agissait là, à mon avis du moment le plus frissonnant de la soirée et ce, malgré la neige artificielle. On y apprend que la santé de la pauvre Mimi s’est aggravée, une fameuse toux (on pourrait croire à la tuberculose) devait l’emporter.

Il fut impressionnant de constater la vitesse du changement de décor pour le dernier acte où l’on revient dans la froide mansarde initiale de Rodolfo et Marcello. La petites bandes de bohémiens se regroupent autour de Mimi pour tenter de la sauver de sa mort imminente.

Après avoir chanté Donde Lieta Usci avec un timbre vocal parfait, Mimi s’est éteinte en fin de quatrième acte, atteinte d’une soi-disant toux mortelle. On peut dire que Puccini avait de l’imagination pour écrire cette partition si puissante à un personnage qui se meurt de la tuberculose. L’orchestre a fait très bonne figure dans cette portion du spectacle avec la grande finale dramatique supportant la peine de Rodolfo.

Enfin, il est agréable de voir cette œuvre à ce moment-ci de l’année. Si vous souhaitez insuffler un peu d’air bohémien à votre printemps, plusieurs représentations et supplémentaires sont prévues dans les prochains jours.

La Bohème de Puccini par l’Opéra de Montréal sera présentée à nouveau les mardi 13 et jeudi 15 mai à 19h30, ainsi que le dimanche 18 mai à 14h. Une supplémentaire a aussi été ajoutée le mardi 20 mai. Détails et billets par ici.

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