Arnaud Soly

Arnaud Soly à la salle Albert-Rousseau | Du gros fun sans lourdeur et un public conquis

C’est hier soir, le 7 mai 2025, à la salle Albert-Rousseau que s’est arrêté la tournée Bon jus d’Arnaud Soly. Une salle comble, un public chaleureux, et surtout, un humoriste sans son élément. Il y a des spectacles qui font du bien, qui laissent dans l’air une légèreté rare et précieuse. Celui d’Arnaud Soly en fait partie. Sans artifice, sans message caché, juste un homme drôle qui a du plaisir, et ça, ça se ressent profondément.

Arnaud Soly n’a pas besoin de choquer ni de provoquer pour faire rire. Ce qu’il offre, c’est un humour tout en finesse, accessible à tous. Un humour « propre », comme on l’appelle parfois, mais pas dans le sens d’édulcoré ou fade. Propre dans le sens d’honnête, bienveillant, assumé. Il raconte des bribes de son quotidien avec une spontanéité désarmante, et ce qui pourrait sembler banal devient soudainement hilarant entre ses mains. Il parle de sa vie de père, de ses petites maladresses, de ses réflexions absurdes, et à travers tout ce partage, on remarque une grande authenticité.

Il n’y a aucune lourdeur dans ce spectacle. Aucune tension. Pas vraiment d’angle politique, de grande dénonciation sociale, pas d’ironie mordante. Ce n’est pas un humour qui divise. C’est un moment qu’on traverse en souriant, parfois en riant à gorge déployée, parfois en se contentant de sourire doucement, touché par la sincérité du propos. C’est une heure et demie de plaisir pur, sans détour, comme une parenthèse dans le tumulte de la vie.

Et ce qui rend l’expérience encore plus marquante, c’est qu’on voit à quel point Arnaud Soly s’amuse sur scène. Il a du gros fun, comme on dit. Il trouve ses blagues bonnes, et c’est contagieux. Ce rire qu’il retient à peine après certaines de ses propres répliques, ce regard complice lancé au public après une imitation réussie, tout ça créé un vrai lien avec les gens. On n’a jamais l’impression qu’il récite un texte appris. On sent son plaisir de l’instant, sa joie d’être là, maintenant, avec son public.

L’un des moments les plus hilarants de la soirée: son imitation des enfants à la garderie qui prennent une marche tenant une « laisse ». On les imagine tout petits, à la queue leu-leu, alignés comme des petits canards, et la manière dont l’humoriste les imite est hilarante. C’est l’une de ces images qu’on garde en tête longtemps, qu’on repasse le lendemain en souriant tout seul en voyant un enfant en âge d’aller à la garderie.

Ce qui rend Arnaud Soly aussi attachant, c’est aussi sa générosité. Il ne se contente pas d’être sur scène : une fois le spectacle terminé, il va à la rencontre de son public. Avec la même énergie, la même simplicité. Pas de façade, pas de distance. Juste un homme content de voir des gens, de parler, de prendre une photo, de dire merci. Et cette proximité-là, elle vaut beaucoup dans le monde du spectacle. Elle transforme une belle soirée en souvenir précieux.

Visuellement, la mise en scène reste sobre, au service du propos. Quelques jeux de lumières bien placés, une trame sonore subtilement intégrée, et surtout, la voix, le regard, la présence de l’humoriste. Rien de superflu. Juste l’essentiel. Et l’essentiel, c’est que ça marche. On rit, on décroche, on se laisse porter. Il n’y a pas de réplique crié, pas de rythme effréné. C’est fluide, naturel, presque intime, malgré la grandeur de la salle.

Il y a quelque chose de lumineux chez Arnaud Soly. Quelque chose de doux qui fait du bien dans un monde souvent bruyant. Il ne cherche pas à être plus grand que nature. Il est juste lui, et c’est suffisant. Plus que suffisant, en fait. C’est exactement ce qu’il fallait.

Hier soir, à la salle Albert-Rousseau, Arnaud Soly a prouvé, une fois de plus, qu’il n’a pas besoin d’en faire trop pour marquer les esprits. Son rire sincère, son regard curieux sur la vie et son humour finement ciselé ont suffi à faire de cette soirée un petit moment de grâce. Un moment qu’on garde en soi, comme une bouffée d’air frais au creux d’une semaine chargée.

Et on se dit que, parfois, le bonheur tient simplement dans une laisse de garderie et le rire d’un humoriste qui a du plaisir.

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