Bønanza et Mona B. au Pantoum | Une soirée réussie dans un lieu vibrant

Une autre soirée bien orchestrée par le Pantoum, ce lieu vibrant, souterrain, accueillant… Un complexe de création musicale niché au cœur de Québec. Vendredi dernier, c’est Bønanza et Mona B. qui en devenaient les maîtres de scène, devant une salle pleine.

Bønanza : Une descente flamboyante vers le cœur du groove

C’est Bønanza, en tête d’affiche, qui a pris d’assaut la scène avec un quatuor électrisant mené par un chanteur à la présence magnétique.

Bønanza, c’est le projet solo de l’auteur-compositeur-interprète et réalisateur Dominic Pelletier (The Hunters, Caravane, New Bleach). Il tire son nom de la rivière Bonanza Creek, où les chercheurs d’or ont trouvé leur trésor. Et lui aussi, visiblement, a trouvé le sien.

Bien sapé, guitare en bandoulière, il nous accueille avec un long moment instrumental, ponctué d’un saxophone chaud et libre. Dès les premières notes, la scène devient terrain de jeu, de style, de son.

Le chanteur navigue entre les tuttis voix-guitare, à la manière de Jean Leloup, mais juste un peu, assez pour évoquer le souvenir sans imiter. Il affirme sa propre couleur, teintée de jaune, comme il nous y invite lui-même : « voir la vie en jaune et laisser l’espoir entrer par la craque ». Ses interventions parlées infusent le concert d’une lumière douce et tenace, presque murmurée à nos oreilles.

Sa voix, claire et puissante, fait preuve d’un contrôle impressionnant. La tessiture dans laquelle il chante donne une véritable légèreté à l’ensemble. Chaque mot semble sculpté par la musique. Les longues sections instrumentales créent une tension maîtrisée, un build-up savamment orchestré, jusqu’à l’explosion.

Disco, rock, grunge : les styles se croisent et s’entrelacent dans une signature sonore bien à eux. « J’descends Downtown », lance-t-il, comme un cri de fête urbaine. Et la fête prend tout son sens quand il se jette dans la foule pour du crowdsurfing, micro en main, debout, chantant. Il termine le concert dans une danse partagée avec le public : une sortie de scène aussi sincère que spectaculaire.

Et le voilà à la porte, prêt à rencontrer son public, qui espère ramener un souvenir tangible.

Le lendemain, l’album

Quel bonheur de redécouvrir Bønanza le lendemain sur disque. Prince Limonade, son premier album paru en 2022, et Y fait frois tout l’tour de la lune son deuxième album paru en 2025, confirment tout ce que la scène laissait entrevoir. On y retrouve des sonorités funk, soul, pop — le tout en français, avec panache.

Son site web est impeccable. L’esthétique, léchée. On sent un travail minutieux derrière le visuel, l’identité, la scénographie. Tout est cohérent. Et après le concert, on a envie d’en entendre plus. D’entrer dans les paroles. De découvrir d’autres facettes.

Mona B. : Un cocon de néo-jazz vibrant et maîtrisé

En première partie, Mona B. nous a offert un moment d’une grande finesse. Son concert, c’est comme entrer dans un cocon sonore. On s’y sent bien. Même lorsque les métriques composées et les modulations rythmiques complexifient l’écoute, tout reste fluide, posé, naturel. On est constamment ramené·e dans ce nid confortable tissé de sons.

Mona B. possède une voix étonnamment riche : douce, explosive, toujours parfaitement dosée. Elle est solide, et ce soir, elle l’a montré à nouveau. À ses côtés, ses choristes, impeccablement synchronisées, ont ajouté une profondeur précieuse à l’ensemble. Le trio vocal est d’une justesse envoûtante. Mention spéciale à l’introduction en ostinato vocal : c’était tout simplement sublime.

L’artiste nous a offert un aperçu de son deuxième album à paraître cet automne. Un répertoire raffiné, plein de surprises. Sa musique, très écrite, est ponctuée de respirations — comme des arrêts, des espaces pour réfléchir, digérer, ressentir. Parfois, on perd le compte des mesures tant elles déjouent les habitudes d’écoute. Et pourtant, tout coule.

Elle l’a dit elle-même : son intention est de nous envelopper. Mission accomplie. Sa musique est un fil tendu entre tension et relâchement, qui garde l’auditoire sur le bout des orteils. C’est stimulant, intelligent, maîtrisé.

Accompagnée d’un groupe complice et chaleureux, elle nous a livré une performance assurée, tissée d’amitié et d’écoute. Les solos vocaux ont réchauffé la salle avec justesse, préparant parfaitement le terrain pour l’acte principal qui a poursuivi cette montée en intensité.

En attendant la sortie de son prochain album, le premier, Move on sorti en 2023 est toujours disponible. Et il vaut le détour.