Junny au Club Soda | Un petit prodige musical à la double culture
De retour après son dernier passage à Montréal il y a deux ans, le Canado-coréen Junny a fait bonne impression dimanche soir au Club Soda. La foule était assez compacte dans la fosse, et notamment dans les premiers rangs, pour approcher d’au plus près l’artiste de 28 ans. En tournée nord-américaine pour promouvoir son EP Dopamine sorti en juin dernier, Montréal était sa dernière étape canadienne avant de franchir la frontière américaine, comme il l’a rappelé lui-même. Il comptait donc sur le public montréalais pour quitter le pays sur un bon souvenir, et il ne fait aucun doute que la mission a été remplie.
Avec pas moins de trois (!) premières parties – EB3N, BNZA, et DJ Daul, qui était ensuite sur scène avec lui en lieu et place de musiciens – on aurait pu être un peu inquiets quant à l’heure de fin pour un spectacle de dimanche soir. Mais il n’en fut rien : d’une ponctualité à toutes épreuves, Junny est apparu à 20h25 précises, et nous a quittés à 21h55, rappel compris. Le public était majoritairement à son image : jeune et d’origine asiatique, mais plutôt féminin. Avec ses déhanchés lorsqu’il esquissait quelques pas de danse, ses chansons langoureuses et sa voix à vibrato, il est vite apparu évident qu’il savait ce que ses fans était venu chercher, en témoignaient les cris à ces moments bien précis.
Les fans étaient d’ailleurs venus préparé-es : soit en brandissant pancartes et fleurs, qu’il a accepté avec plaisir pour les dernières et lus à voix haute pour les premières, ce qui a donné lieu au commentaire « Montreal you’re all freaky » lorsque lesdites pancartes comportaient des déclarations d’amour un peu trop appuyées ; soit en connaissant par cœur les paroles de certaines chansons. À deux reprises au moins, Junny les a fait chanter seuls le début de ses chansons, et aucun mot ne semblait leur faire défaut.
Il faut dire qu’outre ses chansons en solo, il a à son actif des duos avec des artistes coréens très établis, qu’il n’hésitait pas à remercier au micro hier : Bobby du groupe iKON, JAY B de GOT 7, Miyeon de (G)-Idle, et les soloistes pH-1 (qui s’était produit à Montréal en février 2023),et Chung Ha, entre autres. En effet, outre ses qualités d’interprète, Junny est aussi auteur et compositeur, et est crédité sur des albums de superstars de la kpop : NCT127, KAI, IU… Si ces noms ne vous disent rien, on vous encourage d’abord et surtout à aller les écouter, mais à titre d’exemple, la chanson Mmmh de KAI (membre du groupe EXO) représente plus de 184 millions d’écoutes sur Spotify, et quasiment autant sur Youtube. Un CV de musicien très enviable, donc !
Bien conscient de l’atout que représente sa double culture, Kim Hyung-jun, de son nom de naissance, chante principalement en anglais, ayant grandi en Colombie-Britannique, mais intègre parfois du coréen dans ses chansons, de par les featurings évoqués plus haut, ou de lui-même.
Il semble aussi avoir intégré la culture du « fan service » chère à l’industrie de la pop coréenne, quitte à sembler parfois un peu trop lisse dans ses interactions avec le public. Ceci étant dit, celui-ci semblait ravi et on ne peut pas lui en vouloir : Junny, en plus de sa voix remarquable comme il l’a prouvé pendant une courte session a cappella où il a même chanté All I Want For Christmas Is You de Mariah Carey à la demande du public, est agréable à voir sur scène, et d’un professionnalisme parfait. Il a promis de revenir à Montréal, et on peut parier que les fans ne manqueront pas de lui rappeler sa promesse.
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