Entrevue avec Yael Naim
Grosse semaine pour la chanteuse franco-israelienne Yael Naim: son 3e album She Was a Boy était lancé au Canada mardi, jour même où elle chantait à l’Olympia de Paris avant de rejoindre le nouveau continent le lendemain pour rencontrer les médias montréalais jeudi et torontois vendredi.
Qui plus est, cette semaine chargée se terminera samedi soir (7 mai 2011) avec une prestation à l’Astral, à Montréal, dans le cadre de la série Jazz à l’année.
Sorstu.ca a rencontré la charmante et timide chanteuse et musicienne dans un resto du Centre-ville afin de discuter de ce « nouveau-né », qui marque la suite des choses après l’immense succès du précédent Yael Naim.
Louangé par la critique, ce 2e disque avait également été découvert par des milliers de nouveaux fans grâce à la bombe New Soul, entendue maintes et maintes fois dans les pubs du Macbook Air.
Malgré une entrée inattendue dans les palmarès de vente iTunes et sur les ondes radiophoniques nord-américaines, pas question de se laisser étouffer par la pression pour autant. « J’ai essayé de résister à ça, avec David (Donatien, son collaborateur de premier ordre). La seule pression que je ressentais, après la tournée, c’était de ne pas trop tarder avant de lancer l’album pour pouvoir faire une continuité. Mais même en sachant ça, tu ne peux pas aller plus vite que la musique ».
« C’est un miracle, ce qui est arrivé avec l’autre album. Mais il fallait complètement décrocher, faire notre vie, faire notre musique et finalement, il n’y avait pas de pression. C’est la musique qui décide pour toi ».
De toute façon, le test de la suite des choses a déjà été passé haut la main en France, où She Was a Boy est sorti en novembre et s’est récemment vu décerner la certification platine en plus de mériter à Yael Naim le prix Victoire de l’Artiste féminine de l’année. « Ce sont des signes qui nous envoient des messages positifs comme quoi on continue à nous suivre ».
« Même si on ne fait pas les albums pour un succès commercial – l’équation n’est pas directe, en tout cas – quand tu mets 2 ans de ta vie (même plus) dans un album, ça fait vraiment plaisir quand tu donnes une grosse énergie comme ça de recevoir le même genre d’énergie en retour ».
100% anglais
Les fans de la première heure remarqueront sur She Way a Boy que les chansons en hébreu, qui étaient nombreuses sur Yael Naim, sont ici absentes. Il ne faut toutefois pas s’imaginer que le succès commercial du disque précédent en soit la cause.
« D’habitude, j’écris en anglais. Même si je suis israélienne et que je parle français, mes habitudes d’écriture sont en anglais. Bizarrement, après 4 ans à Paris, je crois que ma famille me manquait, le contact avec ma culture aussi. Tout d’un coup, dans une période assez mélancolique, j’ai commencé à écrire en hébreu et en 2 mois j’avais 10 morceaux en hébreu. C’était les morceaux les plus intimes. Après, les choses se sont arrangées dans ma vie et ensuite, chaque fois que je voulais écrire en hébreu, les mots ne sortaient plus », explique-t-elle.
She Was a Boy: La dualité homme/femme en toute personne
Le titre de l’album, lui, provient de l’une des pièces du disque, que Yael Naim trouvait « représentative de tout ce qui me préoccupait dans cette période, tous les sujets dont les chansons parlent ».
« Ça parle de cette dualité qu’on a à l’intérieur de nous: le côté sombre, le côté lumineux, le masculin, le féminin. Je sens que quand on apprend à se connaître, on observe souvent que ce n’est pas un carré, que ce n’est pas stable et simple. C’est très complexe: c’est fait de beaucoup de côtés qui se contredisent et qui coexistent ensemble. Et la vie aussi, c’est un peu ça ».
La chanson She Was a Boy, en particulier, parle « d’une femme qui est différente et qui est rejetée » et d’une enfant qui l’accepte comme elle est sans la juger, une inspiration plus ou moins fictive. « En fait, c’est une des rares chansons qui est une salade de plein de choses: de ma vie à moi et de vies d’autres personnes que j’ai observées. Il y a une part de moi-même dans l’enfant et dans la femme ».
Toutes les chansons de l’album She Was a Boy, qui passent du jazz-pop à la chanson folk, en incorporant quelques touches de musiques moyen-orientale et arabe, ont été écrites et composées par Yael Naim, à l’exception de Go to the River, composée par David Donatien. Ce dernier collabore étroitement avec elle au niveau des arrangements, au point même où son nom figure sous celui de Yael Naim sur la pochette du disque.
« C’est moi qui arrive avec les compositions toutes faites, mais ensuite, il y a une sorte de ping-pong musical avant d’en arriver aux arrangements finaux ».
Sans surprise, Daniel Donatien accompagnera sa complice sur scène ce samedi à L’Astral, tout comme le bassiste Daniel Roméo.
- Artiste(s)
- Yael Naim
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Studio TD (anciennement L'Astral)
- Catégorie(s)
- Jazz/Blues, Musique du monde, Pop,
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