crédit photo: Marc-André Mongrain
VioleTT Pi

VioleTT Pi au Club Soda | Déjanté

Karl Gagnon, mieux connu sous le pseudonyme de VioleTT Pi, lançait jeudi soir son troisième et plus récent album, Baloney suicide, dans la mythique salle de spectacle du Club Soda. Déconcertante, inusitée, excentrique : tout comme sa musique, dur de définir cette soirée passée en sa compagnie.

Autant écrire d’emblée que le Club Soda était ce jeudi dans son élément : chevelures punks, barbes fournies, bière à flot, et plus tard body surfing, mosh pits et t-shirts lancés. Le public a bel et bien eu droit à une soirée rock.

 

La poésie (littéralement) en première partie

La première partie se révélait être elle aussi, rock : trois poètes au style décomplexé se sont succédés en une vingtaine de minutes, rimant avec humour et modernité sur des sujets qui les préoccupent. Entre ces vers, Master of Puppets est entendue, un toast général est levé par la foule (« vive le rock! », scande-t-elle à plusieurs reprises), et une petite pique envers une « institution »  montréalaise est prononcée (après qu’un membre du public demande le silence auprès de tous, le poète lui répond « c’est pas grave, je suis habitué au Bistro de Paris »). Bref, une première partie atypique et annonciatrice du ton pour le restant de la soirée.

 

Vers 21h, VioleTT Pi et ses musiciens embarquent finalement sur scène, sous des sonorités hétéroclites à l’image de son univers. Hétéroclite, audacieux, étrange? Ce que vous voulez. Quoi qu’il en soit, il ne semble pas y en avoir deux comme lui.

Armé d’une paire de lunettes loufoque, d’un tee-shirt de son propre merchandising et d’antennes d’alien, le meneur du quatuor interprète d’une traite les dix titres de Baloney suicide, sans interaction quelconque.

Alors que la première partie du lancement de son album est principalement éclairée en vert – l’unique couleur de la pochette de Baloney suicide – et de manière générale plus calme, le deuxième segment apparaît comme davantage énervé, mordant, à la frontière du métal, sous des lumières rouges et des cris sans relâche de l’artiste.

Une mention à Antoine Corriveau, s’étant déplacé spécialement pour l’occasion pour n’interpréter au bout du compte qu’à peine 30 secondes de La qualité de ta détresse, et partir aussi vite qu’il n’est arrivé, sans avoir oublié de jeter son micro par terre après sa courte performance.

Si la musique du compagnon de Klô Pelgag s’enfuit de tous bords tous côtés, une certaine ligne directrice guide les thèmes chantés. Le faux, le « suicide » du faux, la liberté créative et la maladie de la bipolarité sont entre autres des concepts dégagés dans cet amas explosif d’idées, de mélodies, de rythmes changeants.

« Ma tête est une bombe, il ne faut pas que je manque de médicaments. Ma tête est une bombe, il ne faut pas que je prenne mes médicaments », répète-t-il plusieurs fois sur Bipolaire.

En plongeant dans le monde de VioleTT Pi, il y a du Mr. Bungle, il y a un penchant rock québécois des 90’, un peu de Nirvana aussi, mais ce que l’on retrouve surtout et avant tout, c’est du Karl Gagnon, ce personnage à la créativité tant singulière au cœur de cette scène musicale montréalaise.

Dès la dernière note d’Infini, ultime chanson de Baloney suicide, le public est ravi, et il en demande plus. Fleur de Londres est joué sans délai, et le Club Soda comprend que c’est reparti pour un tour de manège.

Une dizaine d’autres titres sont interprétés (pour ne nommer que ceux-là : La mémoire de l’eau, Biscuit Chinois ou encore Héroïne), tirés du EP et des deux premiers albums de VioleTT Pi, parus respectivement en 2011, 2013 et 2016.

Le concert s’achève dans le même esprit que l’entièreté de la soirée : VioleTT Pi hurle des insanités à son public, lui suggérant de tourner en rond tel un troupeau de moutons, celui-ci réplique par des doigts d’honneur par-ci, par-là, et s’ensuit un thème distorsionné de Toy Story pour clôturer le tout. Déjanté.

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