The xx

The XX au Parc Jean-Drapeau | L’ardeur du printemps

Le trio britannique The XX était au Parc Jean-Drapeau* mercredi soir dans le cadre de la tournée I See You, faisant suite à la sortie de leur plus récent album. C’est devant une assistance particulièrement chaleureuse qu’ils ont livré une performance solide avec un milieu un peu moelleux. Un peu comme un volcano au St-Hubert…des fois ça manque de tonus, mais dans l’ensemble c’est très agréable.


On sentait la frénésie dans l’air et la fin d’une langueur après l’attente d’un printemps qui arrive tard. Les gens étaient assis sur l’herbe, buvait de la bière sous un ciel bleu et rose, heureux d’assister à un show extérieur en t-shirt, enfin. Y’était temps! La nuit était belle, le vent était chaud, la biosphère était rose et les lumières de la ville brillaient derrière la scène.

The XX a fait son entrée sur scène sous un tonnerre d’applaudissements et a entamé en force Say Something Loving. Jamie Smith (alias Jamie xx), posté sur son podium au centre de la scène a su donner le ton à la soirée tant avec ses tambours qu’avec son MPC.

La guitariste et chanteuse Romy Madley Croft, à gauche de la scène, était un peu plus statique que son acolyte, le bassiste et chanteur Oliver Sim, mais ensemble ils formaient un duo en parfaite symbiose. Crystalised a réussi à venir chercher tout le monde, plus encore qu’en écoutant l’album. La guitare et la basse sont parfaitement complémentaires, tout comme les voix de Croft et Sim d’ailleurs.

Le milieu du concert a connu un léger creux alors que leur interprétation semblait un peu passive. Et quand on est face à un public aussi nombreux et aussi étendu, le manque d’énergie se fait un peu sentir. Romy Madley Croft a toutefois interprété Performance de manière particulièrement honnête. Seule avec la voix qui tremblait presque vers la fin tant elle était émue, elle a confié au public que c’était sa chanson préférée.

Suite à ces quelques chansons plus en douceur, le trio a entrepris jouer Infinity. Une interprétation particulièrement réussie et enveloppante, avec les punchs en parfaite synchronicité avec les jeux de lumière. L’audience était revigorée. Le jeu de lumière était captivant et rajoutait à l’ambiance à la fois chaude et exaltée qui régnait. À l’arrière de la scène, quatre colonnes tournaient sur elles-mêmes en réfléchissant la lumière.

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I see you tend vers l’électro

Le trio qui a souvent été décrit comme étant indie-rock, penche un peu plus vers l’électro avec ce troisième album aussi riche en émotion que les autres, mais où les percussions et les synthétiseurs sont encore plus présents et rythmés. Le hochement de tête qu’on faisait en écoutant The XX s’est transformé en déhanchement. La mélancolie est toujours au rendez-vous, mais oscille parfois avec quelque chose de plus léger.

L’énergie qui animait la foule, aussi intense était-elle en avant, devenait de plus en plus diffuse à mesure que l’on s’éloignait de la scène. On avait intérêt à se rapprocher si on voulait capter un peu de cette nouvelle assurance qu’ils dégageaient et qu’on ne leur a pas toujours connue. On ne se le cachera pas, ce ne sont pas vraiment des bêtes de scène, mais ils dégagent autre chose. Peut-être de l’allégresse. Quelque chose qui donne envie de se déhancher sans exagération et de fermer les yeux un peu.

C’est un groupe qu’on gagne à voir en vrai parce que même s’ils ne grouillent pas comme des déchaînés, ils réussissent à atteindre leur public autrement, avec des sons pesants, des paroles bien senties et des émotions profondes.

Ils ont fini en force avec un rappel de trois chansons qu’on attendait tous. Jamie xx occupait toute la place quand On Hold a commencé. L’audience a pu se dégourdir les jambes un peu. S’en est suivi Intro qui a mis toute le monde en transe, pour finalement conclure avec Angels alors que quelques 4500 personnes murmurait :

They would be

As in love with you as I am

They would be

In love, love, love

Avant d’interpréter la chanson, Romy Madley Croft avait d’ailleurs pris soin de transmettre de l’amour à toutes les personnes présentes hier soir. On ne peut pas s’empêcher de penser à Manchester quand il y a presque 5000 personnes réunies sur une île. Le show s’est passé dans la paix et l’amour et on peut être heureux de ça. On remercie Sainte-Hélène qui était sûrement là pour nous surveiller.


* Pour ceux qui ont participé au vox pop de Guy Nantel : Jean Drapeau a été maire de Montréal de 1954 à 1957 et de 1960 à 1986. On lui doit entre autres le métro de Montréal, la Place des Arts et l’Expo 67.

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