The National à la Place des Arts | Tout le monde debout
Il faudrait un jour qu’on m’explique pourquoi un show est forcément meilleur debout, selon presque tout le monde.
Ou peut-être que c’est juste au Québec qu’on est comme ça. Dans le milieu du théâtre, c’est connu qu’on a le standing ovation trop facile. Peut-être que c’est pareil en musique. Peut-être que les Suisses, les Scandinaves, les Islandais et les Vénézuéliens savent mieux apprécier un show de musique assis que nous.
Quoi qu’il en soit, The National jouait à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts samedi soir. La place était pleine à craquer de gens qui refusaient obstinément de s’asseoir (du moins au parterre), comme si c’était un show punk qui aurait la pédale au plancher du début à la fin. Sauf que non. C’était deux heures de The National, avec tout ce que ça comprend de variations de rythme, de textures, de dynamiques. Un groupe qui chuchote puis explose. De l’indie rock montagne-russe. Dans une salle où la qualité d’écoute prime.
Au cours des dernières années, ils étaient venus au Centre Bell, et tout le monde chialait parce que c’est trop grand, trop froid, trop impersonnel. Et que le son est toujours un peu merdique au Centre Bell. Ils avaient aussi fait deux fois le Métropolis, parce qu’une seule fois n’aurait pas suffi à la demande. On les a vus à Osheaga ou encore sur le bord du Canal Lachine. Mais en scène extérieure, avec une sono pas calibrée exprès pour eux, ça vaut ce que ça vaut…
Là, on les retrouve à Wilfrid-Pelletier, la grande salle par excellence pour apprécier un spectacle bien assis dans un fauteuil confortable, prêts à se laisser bercer par les douces mélodies de Matt Berninger et les frères Dessner, et à bondir de notre siège lorsque Matt pètera les plombs.
Parfait format pour The National. Parfaite sono pour The National. Parfait contexte pour The National.
Et on s’entend : tôt ou tard, on allait tous finir debout, à acclamer à tout rompre les titres plus rock du groupe, comme Mr. November, Graceless ou Bloodbuzz Ohio.
Mais voulez-vous bien me dire ça sert à quoi de se dandiner mollement, plantés comme des piquets devant nos sièges numérotés, sur des titres délicats comme Quiet Light, You Had Your Soul With You, The Pull of You et Hey Rosey, les quatre premières chansons du spectacle, toutes tirées du nouvel album I Am Easy To Find, paru il y a un mois?
Voulez-vous bien vous asseoir et apprécier le moment?
Quand Berninger visite sa foule
Bon ok, on chiale on chiale, mais on fait pas des critiques de crowd ici. Pas d’habitude.
The National, eux, n’ont pas grand chose à se reprocher après une prestation comme celle d’hier.
Bien sur, les détracteurs diront avec raison que Berninger n’est vraiment pas toujours sur la bonne note. Les fans répondront « Ouin, pis? ». Pour tout le soin que le groupe porte aux arrangements précis, aux sonorités bien choisies et aux textes raffinés, Berninger est un peu le loose canon de la formule qui rend les shows imprévisibles et différents d’une fois à l’autre.
Des fois, les fils se touchent et il se met à gueuler un couplet parce qu’il le sent comme ça à ce moment précis.
Des fois, il chante les bras croisés, immobile.
Mais des fois, il visite la foule, toujours soutenu par un préposé au très-long-fil de micro, toujours prêt à lui permettre de se rendre à la rangée L (notre rangée, justement) pour aller faire chanter les gens à la première corbeille, à bout de bras.
Et en général, The National savent comment finir un show sur un high. Le rappel le démontrait bien : Not in Kansas, puis Sorrow (qu’ils ont chantée en boucle pendant plus de 6 heures pour un projet de l’artiste Ragnar Kjartansson, qui les a filmés pour en faire une installation d’art, qu’on pouvait d’ailleurs voir au MAC il y a 3 ans, nous rappelait Berninger), puis l’explosive Mr. November et les ultra-jolies Terrible Love et Vanderlyle Crybaby Geeks, chantée en choeur par la foule.
Parlant de choeurs, chapeau aussi pour le choix des choristes féminines, qui ont été employées abondamment, comme on s’y attendait après avoir écouté I Am Easy To Find qui regorge de featurings féminins. Pour le show de vendredi soir, le trio de choeurs était constitué de Raquel Klein (une jeune cheffe de chorale de Brooklyn), Hannah Georgas (autrice compositrice interprète qui assurait d’ailleurs la première partie) et Laurel Sprengelmeyer (alias Little Scream, autrice compositrice interprète installée depuis des années à Montréal).
Parlant de cette dernière, son conjoint Richard Reed Parry, qui est aussi membre du groupe Arcade Fire en plus d’avoir un excellent projet solo, était aussi invité à venir mettre son grain de sel en ajoutant une troisième guitare à Bloodbuzz Ohio, ainsi qu’aux quatre dernières chansons du rappel. Beau clin d’oeil à Montréal.
Bref, The National a donné tout un show, et le public en a eu pour son argent… même si la configuration de la salle n’aura finalement pas servi à grand chose. Venez pas chialer s’ils reviennent au Centre Bell la prochaine fois 😉
Photos en vrac
Grille de chansons
- Quiet Light
- You Had Your Soul With You
- The Pull of You
- Hey Rosey
- Don’t Swallow the Cap
- Bloodbuzz Ohio (avec Richard Reed Parry)
- Oblivions
- I Am Easy to Find
- Where Is Her Head
- Light Years
- Green Gloves
- Brainy
- Apartment Story
- Day I Die
- Pink Rabbits
- The System Only Dreams in Total Darkness
- Graceless
- Fake Empire
- Rylan
Rappel
Not in Kansas
Sorrow
Mr. November
Terrible Love
Vanderlyle Crybaby Geeks
- Artiste(s)
- Richard Reed Parry, The National
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Salle Wilfrid-Pelletier
- Catégorie(s)
- Indie Rock, Rock,
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