The Musical Box

The Musical Box présente Genesis Live à la Place des Arts | Incursion d’une Gen Z au cœur du rock progressif des années 70

Le groupe hommage montréalais à Genesis, The Musical Box, a présenté d’une authenticité hallucinante, Genesis Live à la Salle Wilfrid-Pelletier jeudi soir. Le spectacle mémorable et historique pour les fans québécois de Genesis illustre la rencontre entre le band et le Québec en 1973. Genesis Live marquait ainsi le début d’une longue histoire d’amour entre les fans d’ici et le band britannique.

Nostalgie pour la génération boomer

Appartenant à la génération Z, mais accompagnée de ma mère de la génération X, c’est un univers musical transcendant qui se présentait sous mes yeux hier soir. La salle était pleine à craquer, principalement de baby-boomers. Pour les spectateurs ayant assisté à Genesis Live en 1973 à Montréal, attentes et nostalgie étaient au rendez-vous. Me chuchotant à l’oreille sous les lumières qui se ternissent, ma mère Nathalie me confie : « ceux qui étaient allés voir le show avaient tous 20 ans à cette époque-là, et étaient probablement sur l’acide! Imagine-toi! »

Dignes d’une cérémonie grandiose dans un silence planant, les yeux des têtes blanches se sont rivés sur la scène qui baignait dans la noirceur, dans une ambiance mystique. Soudainement des puits de lumière bleuâtres ont dessiné les silhouettes des cinq musiciens en place ; la grand messe commence. Dès que les premières notes de Watcher of the Skies ont résonné dans les oreilles du public, la salle s’est réveillée, accueillant chaleureusement The Musical Box. « Tu sentais que tout le monde anticipait la note qui s’annonçait », s’esclaffe Nathalie, au moment où une pluie d’applaudissements se fait entendre.

Le fantôme de Peter Gabriel

D’un français complètement cassé et d’un anglais britannique, on ne peut pas croire une seconde que le chanteur du groupe, Denis Gagné est québécois. Cette reproduction perturbante du musicien-acteur est dotée d’une grande discipline suivant à la lettre la manière d’être dans tous les sens du terme de Peter Gabriel. Le visage peint en blanc, une couronne d’ailes de chauve-souris autour de la tête, un habit noir de la tête aux pieds le tout accompagné d’une voix transcendante, c’est bien Peter Gabriel qui se tenait devant nous.

Lorsque les premières paroles de Watcher of the Skies ont été soufflées dans le micro par Denis Gagné, Genesis a ressuscité sur scène. Envoûtant instantanément les fans et digne d’une prestation de Peter Gabriel, Denis Gagné a reproduit à la lettre les mimiques et la présence du chanteur original. « Même si c’est un tribute, c’est comme si c’est Peter Gabriel qui chante. Le chanteur de The Musical Box est imbattable. Peter Gabriel est unique donc imagine quelqu’un qui est capable de l’imiter », me chuchote ma mère.

Place au théâtre où les musiciens-acteurs incarnent complètement Genesis Live.  Sans jamais sortir une fois de leur rôle, les musiciens reproduisent humblement et sans égo l’art de Genesis. The Musical Box ne tente pas d’être « out of the box », mais bien d’honorer l’héritage de Genesis d’hier à aujourd’hui et ce, au point de nous faire oublier qui se tient devant nous.

Afin d’annoncer la prochaine chanson, le fantôme de Peter Gabriel nous a raconté l’histoire du petit Henri qui jouait au cricket avant que la petite Cynthia le tue en lui frappant la tête. De son français abîmé, il lance au public « Henri est mort, ceci s’appelle The Musical box ».

Voyage dans le temps

Si on serait tenté de croire que voyager à travers le temps est impossible, The Musical Box prouve le contraire. Pour les fans qui avaient assisté au spectacle de Genesis en 1973, la soirée d’hier était un voyage touchant au cœur de leur jeunesse. D’une similitude frappante de la mise en scène de 1973, on retrouve une scène aux allures angéliques, encadrée d’un grand rideau blanc où tous les membres du groupe sont vêtus de blanc, sauf le chanteur principal qui porte un habit noir.

Le rôle du pianiste Tony Banks est incarné par Ian Benhamou qui se trouvait devant son mellotron blanc du côté cour. Marc Laflamme, qui incarne Phil Collins, se trouvait devant sa batterie blanche près du centre de la scène. On retrouvait au milieu de la scène devant son micro Denis Gagné interprétant Peter Gabriel. Enfin, du côté jardin se trouvait le guitariste François Gagnon qui interprète Steve Hackett et Sébastien Lamothe à la basse dans le rôle de Mike Rutherford. Exactement comme lors du spectacle original, que l’on peut revoir sur YouTube :

 « Ça feelait années 70 »

Get ’Em Out by Friday a fait monter l’intensité d’un cran dans la salle. Dans un noir complet, les spectateurs ont été stupéfaits de l’effet d’une énorme boule disco qui englobait la salle de spectacle dans une genre de transe. Accompagnée par la suite d’effets lumineux du stroboscope le public semblait être dans une autre dimension.

La pièce de résistance Supper’s Ready, d’une durée de 28 minutes, était grandement attendue par le public… et ma mère. D’une intensité remarquable, le chanteur a conquis la scène en monopolisant tout son espace. Au milieu du morceau, Denis Gagné reproduit un moment marquant du spectacle en enfilant un costume de fleur qui englobe tout son visage. Ma voisine de salle scande alors instantanément en cœur avec le chanteur : « a flower!!! »

S’en est suivi The Return of the Giant Hogweed, où le chanteur a touché le public avec une longue prestation à la flûte traversière. Il a également suscité la surprise lorsqu’il est sorti de scène avant de revenir costumé d’une longue cape noire et d’un genre de bloc orange qui encadrait son visage. Quelques vers plus tard, de manière théâtrale, Denis Gagné s’est débarrassé de sa cape. Portant maintenant un costume blanc immaculé comme le reste du groupe. D’un moment digne d’un film, la foule s’est levée d’un coup lorsque celui-ci a soulevé son trépied vers le ciel pour vénérer cet objet sacré. Vers la fin du morceau, des étincelles ont jailli de la scène avant de plonger le public dans l’obscurité. C’est sous une auréole de lumière que le chanteur du groupe a terminé la chanson.

« Le temps a filé tellement vite, on n’a rien vu venir, on pensait que c’était l’entracte, mais on était déjà rendu au rappel », déclare ma mère sous les premières notes du rappel avec The Knife. Marqués par la chorégraphie du chanteur avec son trépied, les spectateurs avaient l’impression d’assister à une bataille entre l’objet et l’homme. Par moments, on voyait même entrevoir l’idée d’un couteau grandeur nature à travers l’objet.

Dans les heures qui ont suivi le spectacle, ma mère continuait de me parler de l’épatante prestation de The Musical Box et de la première fois qu’elle les avait vus jouer au Spectrum dans les années 1990. S’en est suivi un long hommage sur l’histoire de Genesis et de la rupture du groupe avec Peter Gabriel en 1975. Elle raconte même le deuil qu’elle a traversé lors de son adolescence, dans les années 1980, quand elle a appris que Peter Gabriel n’était plus au sein du groupe (avec un petit décalage d’une dizaine d’années). Les yeux illuminés, le sourire en coin, le téléphone à la main, prête à appuyer sur « play », elle me lance : « on se remet dedans, on écoute The Knife ».

Dans le cadre de leur tournée internationale Genesis Live,  The Musical Box donnera encore quelques concerts au Québec ces prochains jours. Deux prestations sont prévus pour le Capitole de Québec, vendredi et samedi. Les fans de Genesis dans le coin de Beloeil pourront les voir à l’oeuvre le 23 janvier prochain au Centre Culturel de Beloeil, alors que la troupe se dirigera vers Sherbrooke le lendemain, 24 janvier, pour une prestation au Théâtre Granada. La portion québécoise de la tournée se conclura au Théâtre des Deux Rives de Saint-Jean-sur-Richelieu le 25 janvier.

Grille de chansons (selon Setlist.fm)

Partie 1 : Genesis Live

Watcher of the Skies
The Musical Box
The Fountain of Salmacis
Get ’em Out by Friday
Supper’s Ready
The Return of the Giant Hogweed

Rappel

The Knife

Partie 2:

Seven Stones
Twilight Alehouse
Can-Utility and the Coastliners

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