The Australian Pink Floyd Show à la Place Bell | Faire vivre la légende

Pink Floyd n’est pas mort. Enfin, pas encore. Tant que l’on comptera des adorateurs du groupe britannique sur cette Terre, Pink Floyd vivra. Et cela risque de durer longtemps. Jusqu’à ce que la Lune ne brille plus.

Les fanatiques de Pink Floyd peuvent se prétendre chanceux en cet an 2023. Après l’exposition remarquée, tenue entre autres à l’Arsenal plus tôt dans l’année, l’interprétation personnelle de Roger Waters de The Dark Side Of The Moon paraissant la semaine prochaine ou simplement toutes ces célébrations entourant le cinquantième anniversaire du légendaire album, l’univers de Pink Floyd semble récemment bénéficier d’une nouvelle vie. Son univers, mais en ce qui a trait au groupe en tant que tel, cela s’annonce plus compliqué.

Wright et Barrett ne font plus partie de ce monde, les membres restants préfèrent se concentrer sur leurs propres projets non sans omettre de mentionner la tension suscitée par la rencontre des egos de David Gilmour et de Roger Waters. Les chances de revoir Pink Floyd sur les planches flirtent avec le chiffre 0.

Entre en jeu son penchant australien. The Australian Pink Floyd Show allonge encore la durée de vie du légendaire quatuor, permettant aux nostalgiques de l’époque comme aux nostalgiques de cette période qu’ils n’ont jamais vécu de goûter à l’expérience floydienne, de se faire transporter un demi-siècle plus tôt. Une superbe façon de contrer ce deuil, celui de ne pas pouvoir apprécier un seul spectacle de la formation, tenu par une nouvelle génération de mélomane entière. Incluant votre jeune rédacteur.

Son groupe préféré.

À vie.

À jamais.

 

Comme dans un musée

« I’ve always been mad, I know I’ve been mad, like the most of us have. »

Les rires, le battement de cœur, la caisse automatique, l’horloge. Tout se confond.

Et puis, les cris.

Ça commence.

Concernant la musique, tout a déjà été dit, écrit.

Peut-on vraiment critiquer ne serait-ce qu’une seule mélodie, un seul accord, une seule parole de The Dark Side Of The Moon?

Fêtant plus tôt en 2023 son demi-siècle d’existence, The Australian Pink Floyd Show interprète de bout en bout ce huitième album studio de Pink Floyd en guise de première partie du spectacle, l’unique moyen d’écouter Dark Side d’un point de vue personnel. Ne lâchez pas un Money ou un Eclipse par-ci, par-là, il est nécessaire de disposer de 43 minutes entières devant soi afin de se plonger dans l’univers fou de Pink Floyd, afin de comprendre la suite logique des choses.

Une performance d’Aussie Floyd pourrait s’apparenter à savourer les différents tableaux d’une exposition, tant la reproduction de l’original s’avère fidèle. Outre les éclairages grandioses, les jeux de lumière, les énormes ballons gonflables rappelant l’univers floydien ou le visuel projeté sur le cercle dans le fond de la scène, le répertoire est simplement interprété à la perfection, allant jusqu’à la petite syncope sur la dernière note de la ligne descendante de Money (les connaisseurs savent).

Durant les longues et fréquentes séquences instrumentales, le vocaliste d’Aussie Floyd, Chris Barnes, quitte la scène pour laisser en lumière la musique de ses compagnons. Le processus est répété dans la courant de la soirée lorsque chaque artiste ne se considère pas utile pendant une majeure partie du morceau. Là se distingue même The Australian Pink Floyd Show du reste des groupes de reprises. Alors que les kermesses ou les fêtes de village accueillent à moindre coût des grossières caricatures de Robert Plant, de David Bowie, bref, de musiciens imitant des légendes, mais sans la prestance et tout ce qui entoure le mythe, Aussie Floyd préfère s’effacer derrière la musique, d’oublier la personne pour ne laisser que du Pink Floyd.

Le talent des membres de la formation est indéniable, probablement que ces musiciens auraient pu tenir des projets solos intéressants, mais non, en mettant de côté son ego, TAPFS offre du Pink Floyd et seulement du Pink Floyd, ce que le public désire au plus profond de lui.

On salue l’humilité.

 

Traverser les époques

Après avoir interprété The Dark Side Of The Moon dans son intégralité, puis laissé un avant-goût du reste de la performance avec On The Turning Away, The Happiest Days Of Our Lives et Another Brick In The Wall, Part 2, The Australian Pink Floyd Show s’accorde un entracte de 20 minutes. Ça tombe bien, les plus âgés pourront discuter durant ce temps-là de tous les souvenirs regagnant la surface de leur mémoire après avoir entendu les créations de ces génies.

Si la formation s’attarde à la grande quadrilogie des années 70 dans le courant de la soirée, cela n’empêche pas Aussie Floyd de s’aventurer autant dans les débuts que lorsque le glas aura sonné, avec respectivement See Emily Play et The Divison Bell.

Le clou du spectacle, comment ne pas mentionner le pur chef-d’œuvre que l’on appelle Shine On You Crazy Diamond. L’accord planant provenant des doigts du claviériste, les quatre notes de guitare donnant toujours le même frisson qu’à la première écoute, le saxophone : non, ce n’est pas Pink Floyd qui se trouve devant nous, mais en fermant les yeux, essayez de l’imaginer un peu.

À première vue, il semble compliqué d’imaginer un groupe de reprises remplir une salle comme la Place Bell, des milliers de personnes mettant la main au portefeuille pour aller voir sur les planches des musiciens imitant l’original. Mais cette volonté de poursuivre l’aventure floydienne en ne voulant pas voler la vedette caractérise The Australian Pink Floyd Show, l’installant comme une référence dans la matière.

Clôturant la deuxième partie en apothéose avec Run Like Hell, les membres du public suggérant à Pink de courir les poings levés en l’air, un ballon géant d’un kangourou rose est présenté sur scène, rappelant que, ce ne sont pas des Britanniques, Aussie Floyd provient bien du côté opposé du globe.

« Don’t panick, there’s always time for a little more », glisse le chanteur après avoir annoncé que le concert tire à sa fin.

Et puis, Comfortably Numb retentit en rappel : la boule à facettes, l’éclairage arc-en-ciel, le solo de Gilmour. À se demander comment un être humain put penser à composer une musique aussi merveilleuse.

The Australian Pink Floyd Show quitte les planches après le mythique morceau, continuant dès ce dimanche 1er octobre son désir de propager la musique de Pink Floyd aux masses.

On compte par dizaines dans les rangées de la Place Bell les t-shirts de Dark Side, Animals, des visages des membres de Pink Floyd. En rentrant chez-soi, on conseille de poser un vinyle du groupe en sirotant son verre de vin, se remémorant à quel point ces cinq Anglais ont poussé la musique à son paroxysme. Histoire d’étirer la soirée encore un peu. Histoire de continuer à faire vivre la légende.

 

Grille de chansons

1 – Speak To Me

2 – Breathe (In The Air)

3 – On The Run

4 – Time

5 – The Great Gig In The Sky

6 – Money

7 – Us And Them

8 – Any Colour You Like

9 – Brain Damage

10 – Eclipse

11 – On The Turning Away

12 – The Happiest Days Of Our Lives

13 – Another Brick In The Wall, Part 2

Entracte

14 – In The Flesh?

15 – See Emily Play

16 – Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V)

17 – Welcome to the Machine

18 – Wish You Were Here

19 – High Hopes

20 – Pigs (Three Different Ones)

21 – One of These Days

22 – Run Like Hell

Rappel

23 – Comfortably Numb

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