The Australian Pink Floyd Show à la Place Bell | Belle nostalgie ponctuée de lasers et de structures gonflables

Ce samedi soir, c’est le groupe hommage le plus réputé du genre The Australian Pink Floyd Show qui joue devant une Place Bell pleine. Les dix musiciens sont accompagnés d’impressionnants jeu de lumières et de structures gonflables. Ils nous livrent un concert de plus de deux heures, souvent nostalgique évidemment, mais aussi ironique avec une touche de modernité et une grosse dose de fierté purement australienne.

Ces dernières années, je me suis payé la traite en me replongeant dans l’univers de Pink Floyd. Il y avait de quoi à faire à Montréal, que ce soit à travers l’excellente exposition Their Mortal Remains à l’Arsenal, en 2022, ou avec les projections sur écran à 360° sur fond de Dark Side of the Moon au Planétarium, en 2023, pour le cinquantième anniversaire de l’album.

Côté concerts, j’avais assisté en 2021 à la délicieuse relecture jazzée de Dark Side par la formation montréalaise Lucioles, dirigée par Guillaume Martineau. En 2022, j’avais enfin vu un « vrai » Pink Floyd au Centre Bell avec le toujours très (trop?) politisé et rancunier Roger Waters. L’année suivante, c’était au tour du groupe hommage québécois Echoes au Club Soda.

Je remets ça ce soir dans une Place Bell bien pleine avec The Australian Pink Floyd Show, un groupe solide créé en 1988, tout de même. La scène est bien remplie avec une dizaine de musiciens talentueux, dont deux guitaristes, trois choristes et un chanteur. Le bassiste Ricky Howard est aussi chanteur pour les parties vocales de Roger Waters, plus rudimentaire que celles de Gilmour. L’accent marqué d’Howard nous rappelle indiscutablement les origines australiennes de la formation.

Un répertoire exhaustif

Le répertoire de ce soir puise dans toutes les époques du groupe, allant des origines moins populaires avec Arnold Layne (1967) et Obscured by Clouds (1972) jusqu’aux derniers albums, soit A Momentary Lapse of Reason (1987) et The Division Bell (1994). Évidemment, la période faste des années 70 est largement couverte et deux grandes parties sont accordées à The Dark Side Of The Moon (1973) et The Wall (1979).

Le concert débute en douceur avec le thème instrumental d’Obscured by Clouds, pour installer l’ambiance, avant de se plonger dans les années 80 avec Learning to Fly, un titre assez grandiloquent et pas nécessairement mon préféré, mais qui me replonge dans mes jeunes années. S’ensuit aussitôt l’un des gros morceaux de Pink Floyd consacré au mythique album Dark Side Of The Moon. Avec cinq pièces de l’album, le groupe rend justice aux orchestrations et se montre même inventif pour se sortir du fade out à la fin de Money en ajoutant un solo de guitare avant une transition vers ce qui semble être l’introduction de Us and Them. En fait, c’est Brain Damage qui commence. Sur Time, de puissants lasers dansent au rythme du jeu des rototoms et les lumières sont particulièrement somptueuses. Sur le finale d’Eclipse, une projection d’éclipse, justement, prend place sur le grand écran circulaire, ponctuée de moult lasers agencés aux couleurs de l’arc-en-ciel qui se meuvent dans le grand espace de la Place Bell!

Visuel hors de l’ordinaire

Les projections sur l’énorme écran circulaire reprennent en partie les images iconiques et trop vues du Floyd, mais intègrent aussi de nouvelles parties plus modernes avec, notamment, sur Brain Damage, des images de téléjournal avec des personnages ressemblant fortement à des Télétubbies, puis des séquences de clowns à la Ça dans une sorte de procès… Le recours à l’IA est apparent, un peu dérangeant dans le principe, mais permet d’offrir une richesse visuelle qui aurait été particulièrement coûteuse à réaliser sans cette technologie.

Les membres du groupe sont habillés en noir et ne cherchent pas à jouer des personnages, heureusement. Les instruments sont cohérents avec le groupe original, mais il n’y a pas de copie de la mythique Black Strat de Gilmour.

Après Dark Side, la soirée enchaîne avec cinq titres de The Wall où une première structure gonflable fait son apparition : c’est le méchant professeur qui fait son entrée à la droite de la scène et qui « bouge » de manière saccadée et maladroite. C’est à la fois touchant de retrouver cette relique, avec aussi un côté grotesque et désuet.

Hommage à Syd Barrett

Après un entracte, la seconde partie s’ouvre avec un hommage à Syd Barrett, le premier meneur du groupe, dont le cerveau a décroché un peu trop rapidement pour cause de problèmes mentaux et d’abus de psychotropes. Le premier tube du Floyd Arnold Layne commence, suivi de Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V) puis de Wish You Were Here, qui complète impeccablement la série.

Sur Pigs, un titre à saveur politique à l’origine, quelques messages plus contemporains s’affichent à l’écran avec quelques pics à l’encontre du nouveau défenseur des animaux de compagnie et ancien président orange.

La soirée approche doucement de sa fin avec une version parfaite de One of These Days et son solo de lap steel. À la fin du titre, d’énormes nuages de boucane permettent l’arrivée de Skippy, un gigantesque kangourou gonflable rose au centre de la scène, la mascotte du Aussie Floyd qui est aussi ironique que spectaculaire. Run Like Hell commence rapidement et Skippy disparaît aussi vite qu’il n’est apparu. C’est un énorme phacochère gris visiblement fâché qui fait son apparition à la gauche de la scène.

En rappel, Comfortably Numb nous renvoie chez nous avec l’arrivée d’une énorme boule à facettes tout droit descendue du lointain plafond. Elle nous offre des jeux de lumière saisissants.

La formation offre une prestation impeccable avec de nombreux clins d’œil à leur pays d’origine, même si certains membres viennent d’ailleurs, comme le guitariste français Luc Ledy-Lepine. Entre le gigantesque kangourou rose Skippy, les interludes avec des extraits très clichés à base de Crocodile Dundee, AC/DC ou la télésérie Skippy, voir les séquences projetées de The Wall où ce sont des kangourous qui défilent militairement ou encore l’apparition des contours du pays saupoudrés du spectre coloré à la Dark Side, on ne peut pas dire que cela soit souligné avec délicatesse et subtilité! Ça devient un peu redondant à la longue, même si cela semble être leur marque de fabrique.

Côté répertoire, c’est sûr qu’on aurait aussi aimé retrouver des titres iconiques de la formation comme The Great Gig in The Sky ou Echoes, mais des choix ont été faits. Sinon, ça aurait été un concert de dix heures!

The Australian Pink Floyd Show est une formation particulièrement solide musicalement et leurs jeux de lumière et de lasers sont d’une qualité rare. J’ai quelques réserves sur les structures gonflables datées, mais distrayantes avec leurs mouvements maladroits. Et si vous ne l’avez pas compris, le groupe est très fier d’être australien! Le répertoire des titres joués est choisi avec originalité et goût, puisant réellement dans toutes les périodes. C’est une soirée réussie et hors du temps où l’on sort la tête pleine de Pink Floyd et de lasers multicolores!

 

Formation

  • Chris Barnes : chant
  • David Domminney Fowler : guitare, chœur
  • Luc Ledy-Lepine : guitare
  • Ricky Howard : basse, chant
  • Jason Sawford : claviers
  • Paul Bonney : batterie
  • Lorelei McBroom, Emily Lynn, Lara Smiles : choristes
  • Alex François : saxophones ténor et baryton

 

Grille de chansons

Première partie

  1. Obscured by Clouds
  2. When You’re In
  3. Learning to Fly
  4. Time
  5. Breathe (Reprise)
  6. Money
  7. Brain Damage
  8. Eclipse
  9. Coming Back to Life
  10. In the Flesh?
  11. The Thin Ice
  12. Another Brick in the Wall, Part 1
  13. The Happiest Days of Our Lives
  14. Another Brick in the Wall, Part 2

Seconde Partie

  1. Arnold Layne
  2. Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V)
  3. Wish You Were Here
  4. Marooned
  5. Take It Back
  6. Pigs (Three Different Ones)
  7. One of These Days
  8. Run Like Hell

Rappel

  1. Comfortably Numb

Vos commentaires