Terminus au Théâtre la Licorne |

Dans la nuit sombre de Dublin, à travers les ruelles glauques, les tavernes et même l’enfer, Terminus, de l’auteur Irlandais Mark O’Rowe, plonge les spectateurs en eau trouble. Un théâtre à la voix puissante où la violence côtoie Satan dans un mélange de réalisme, de fantastique et même d’humour.

Dès les premières répliques, nous sommes suspendus aux lèvres de Martine Francke, seule sur scène, sans aucun décor, autre que ses mots. Elle, une prof, s’est lancée dans le bénévolat pour rattraper ses erreurs du passé. Une ancienne élève l’appelle en détresse et elle décide de la sauver à tout prix, rien ne l’empêchera de sauver la jeune femme. Elle se lancera dans une aventure où règne une violence indicible.

Puis c’est au tour de la comédienne Alice Pascual de prendre les planches. Une jeune célibataire dépressive décide de sortir avec des amis, la soirée prendra une tournure inattendue et la créature que la jeune femme rencontrera sera tout aussi surprenante. Suivra Mani Soleymanlou dans la peau d’un grand timide incapable de rencontrer des femmes. Pour y arriver, il vendra son âme au diable en échange d’une voix tellement magnifique qui saura conquérir le cœur des femmes. Comme on peut s’en douter, cet échange ne sera pas sans conséquence désastreux.

Trois personnes sans nom, que la vie n’a pas épargnées, en quête d’un peu de bonheur et de paix. Trois histoires qui s’enchainent et s’entrecroisent habilement. Trois destins qui sont liés de façon étonnante. Trois monologues portés par des comédiens de talent qui donnent vie avec puissance aux mots de Mark O’Rowe. Avec uniquement leur voix, sans décor ni accessoire, nous traversons avec eux leur récit, imaginant sans difficulté la brutalité qu’abrite leur monde. Alice Pascual et Mani Soleymanlou apportent une touche d’humour et une belle naïveté à ce texte au ton souvent très dur.

Sur scène, aucune échappatoire ! L’absence de décor et d’accessoires oblige le spectateur à se concentrer uniquement sur le texte et les acteurs, imaginer lui-même la créature étrange et les lieux sombres que parcourent les protagonistes. Parfois, des images des lieux et des actions sont projetées sur le mur du fond, ces quelques interventions agrémentent la mise en scène et apportent une touche de lumière à la noirceur de la scène. Le metteur en scène, Michel Monty a su créer une mise en scène à la fois statique et très dynamique qui donne beaucoup de rythme à la pièce.

Bien que l’heure et demie de Terminus passe sans que l’on s’en rende compte, elle nous laisse avec une drôle de sensation. Il faut prendre un petit moment pour laisser reposer ce qu’on vient de voir et assimiler cette histoire aux multiples rebondissements et bien digérer toute violence pour pleinement apprécier l’œuvre de Mark O’Rowe.

 

 

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