crédit photo: Pierre Langlois
Taxon Lazare

Taxon Lazare Trio au Lion d’Or | du plaisir avec 100% d’ocytocine

Après la captivante soirée poético-musicale avec Joss Tellier de la semaine dernière, la série Captures d’Audace en Scène présente cette semaine au Lion d’Or le trio jazz avec orgue Taxon Lazare Trio : 100% ocytocine pour un concert plus traditionnel mais haut en intensité et en bon jazz.

Taxon Lazare Trio est composé de Michaël Cotnoir (guitare), Simon Côté-Lapointe (clavier) et Jonathan Gagné (batterie). Forcément, le trio avec orgue nous fait penser à Jimmy Smith mais le trio modernise la tradition. Au cours de la soirée, ils sont rejoints par le trompettiste David Carbonneau et Charles Papasoff au saxophone baryton. Après l’entracte, Yannick Rieu au saxophone ténor vient compléter l’ensemble.

C’est aussi l’occasion pour la formation de présenter les titres de l’album éponyme de la formation, sorti en novembre dernier.

Tout comme la semaine dernière, la soirée s’ouvre avec quelques « capsules d’audace », des vidéos nées d’un concept créé pendant la pandémie qui a donné lieux à la naissance de huit films d’une durée moyenne de 30 minutes pour faire travailler les musiciens jazz. C’est ensuite devenu une cinquantaine de capsules vidéo depuis, résultat qui pourrait se retrouver sur grand écran au cours de l’année. Le concept des vidéos s’est transformé pour la scène et devient donc Captures d’audace en Scène. Le concert de ce soir est le deuxième de la série. Le projet a été mis en place par Charles Papasoff (multi-instrumentiste, acteur, compositeur et superviseur musical de la série) et Marie-Hélène Panisset (scénariste, réalisatrice, productrice, directrice photo et monteuse de la série). Les évènements à suivre sont détaillés à la fin de ce texte.

Marie-Hélène Panisset monte sur scène en sarrau pour nous présenter le concept et le concert et revient à plusieurs reprises au cours de la soirée pour nous présenter des faits scientifiques autour du taxon lazare et de l’ocytocine – je vous laisse ouvrir votre encyclopédie favorite pour en découvrir davantage… Le trio arrive sur scène avec le titre Théogamie et ils sont tous habillés d’un sarrau, le symbole scientifique de la soirée.

Tout de suite, on remarque l’assise de l’orgue B3 de Simon Côté-Lapointe avec des basses précises et un jeu harmonique recherché et mélodique. Même si la tradition du trio avec orgue est tout de même respecté, il y a également une volonté de s’en émanciper avec un répertoire qui s’éloigne des standards et le jeu de Simon Côté-Lapointe qui pousse l’improvisation en avant. La batterie de Jonathan Gagné est puissante et engagée avec un plaisir bien visible. Le trio est vraiment solide avec une belle cohésion.

C’est aussi la première fois que je découvre Michaël Cotnoir dans un contexte autre que le jazz manouche, ce soir c’est de la guitare électrique jazz avec des accents rock et quelques effets. D’ailleurs le choix de la guitare Telecaster Fender est particulièrement judicieux, permettant de trancher sonorement au milieu du son riche de l’orgue et des cuivres. Très inspiré tout au long de la soirée, il faut souligner sa performance sur le titre Enivrante lubie aux accents blues où j’ai comme senti un hommage au regretté Jeff Beck avec des lignes de guitares qui rappellent fortement la période jazz de la deuxième moitié des années 70 du mythique guitariste.

Avec l’appui de la trompette de David Carbonneau et le saxophone baryton de Charles Papasoff, le son du groupe s’étoffe et permet à la guitare de miser plus sur des effets et des sons plus ambiants. Après l’entracte, c’est au tour de Yannick Rieu et son saxophone ténor d’être projeter sur scène avec un solo digne de son talent reconnu et s’ensuit une transition où le Yannick Rieu en chair et en os arrive du fond de la salle pour reprendre et terminer le morceau sur scène. Ça fait toujours son petit effet même si je l’avais déjà expérimenté la semaine dernière avec Sonia Johnson. Il reste qu’avec Yannick Rieu, la formation prend un nouveau souffle, même si elle n’en manquait pas et repart de plus belle avec des improvisations encore plus élaborées.

Et si le concept de la soirée est issu de la vidéo, elle est bien représentée ce soir avec un grand écran au fond de la scène et deux autres écrans placés de chaque côté de la scène qui diffusent des images différentes. On retrouvera des images du groupe avec des effets proches des huiles projetées, comme à la grande époque du psychédélisme. Et pour clore le concert avec le titre Taxon, les dernières images filmées du loup de Tasmanie sont projetées, un taxon lazare emblématique, s’il en est!

Ce deuxième épisode de la série des Captures d’Audace en Scène nous montre toute la puissance et la pertinence de la collection. Le concert de ce soir était plus traditionnel et moins éclaté que celui de Joss Tellier qui mêlait poésie, musique et vidéo. Il reste que le Taxon Lazare Trio a brillé avec son groove et ses compositions enlevantes dans un concert jazz augmenté de vidéo et de mise en scène original. L’apport des cuivres a emmené le projet plus en avant pour la joie de tous.

 

La série Captures d’Audace en Scène se poursuit :

La formation de tango Rewild avec douze musiciens et danseurs se produira au Gesù (mardi 4 avril 2023) ainsi qu’au Théâtre Gilles-Vigneault de Saint Jérôme (mercredi 5 avril 2023).
En mai, on retrouvera Dawn Tyler Watson et Matt Herskowitz au Gesù le vendredi 5 mai 2023 et le projet Contrebasse et marées de Mathieu Désy le lundi 8 mai au Lion d’Or et le jeudi 11 mai au Théâtre Centennial de Sherbrooke.

 

Grille des titres

  1. Théogamie
  2. Ch’i
  3. Kalypsus
  4. Enivrante lubie
  5. Mister Swag

entracte

  1. Keep it dark
  2. Mouseîon
  3. Dystopie
  4. Crier gare
  5. Ramsès II
  6. Taxon

 

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