Stick to Your Guns à l’Anti | Un dimanche spécial couche-tôt

Dimanche 21 septembre, une carte prometteuse oscillant entre relève locale et band américain de renommée bien établie sur les planches de la vieille capitale. La soirée était certes prometteuse mais s’est finalement avérée très (trop!) courte pour l’occasion. On sort de là comme on sort d’un grand restaurant, bien satisfait mais encore en appétit.

Grimlove

En ouverture, nous avions droit à une prestation de Grimlove, une formation locale de Québec. Le style du groupe est difficile à cerner, flottant quelque part entre le hardcore et le punk, le tout nappé d’une guitare plutôt planante qui peine à choisir sa direction. Malheureusement, la performance de ce soir aurait grandement bénéficié d’une meilleure préparation. Il est difficile de convaincre un public quand on passe presque autant de temps à s’accorder entre chaque chanson qu’à jouer.

Leur matériel semble également limité. Avec une courte prestation de cinq ou six titres, inclure deux reprises, Heart-Shaped Box et Bleed American, n’est pas la meilleure carte de visite. Je suis le premier à vouloir encourager et vanter la scène locale, mais un minimum de professionnalisme est requis. Pour des groupes émergents, chaque concert est une vitrine promotionnelle essentielle, et ce soir, je ne crois pas que Grimlove reparte avec beaucoup de nouveaux fans dans ses rangs.

Soulkeeper

Le deuxième groupe, Soulkeeper, nous a ensuite plongés dans un univers musical pour le moins déroutant. Contrairement à leurs prédécesseurs, le quatuor était visiblement mieux préparé. Il est peu probable que quiconque dans la salle se soit trouvé dans sa zone de confort, tant le style est difficile à décrire. Imaginez de lourds rythmes métal hardcore martelés sur un fond de musique électro-industrielle. Le résultat est une ambiance décadente, presque cacophonique, digne d’une scène sanglante des meilleurs films gore.

Pourtant, cette proposition audacieuse a fonctionné. Si la réception a été aussi bonne, c’est parce que le groupe s’est donné à fond sur scène, sans retenue, créant une atmosphère de chaos maîtrisé et une sorte de transe brutale et saccadée. L’énergie était palpable et contagieuse. D’ailleurs, en discutant avec les membres après leur prestation, ils m’ont confié que le concert de Québec était, pour l’instant, un des moments forts de leur année de tournée, tant ils ont été marqués par l’accueil du public. Une belle preuve que l’audace et le travail paient.

Stick to Your Guns

Clairement attendus de pied ferme, les Californiens de Stick to Your Guns ont pris la scène d’assaut et ont livré la marchandise sans détour. Dès les premières notes de Diamond, le ton était donné : ce serait intense, rapide et sans compromis. L’énergie dans la salle a explosé instantanément, transformant le parterre en un tourbillon chaotique de two steps, la foule scandant en chœur chaque refrain, le tout ponctué par une pluie incessante de stage dives qui rendait toute tentative de prise de notes de ma part plutôt périlleuse.

Pourtant, malgré cette déferlante d’énergie communicative, on pouvait sentir une certaine fatigue chez les musiciens, ce qui est surprenant pour un début de tournée. Réduits à quatre pour l’occasion, le bassiste étant en congé parental, ils ont assuré le spectacle avec une efficacité redoutable, mais sans l’étincelle des grands soirs. Cette impression a été renforcée par la durée du concert : un sprint de 45 minutes.

Le set, enchaînant des titres puissants comme Nobody, Such Pain et l’incontournable This Is More en guise de conclusion, fut un excellent 45 minutes, certes, mais il a laissé une foule en sueur sur sa faim. On en aurait pris volontiers un peu plus. Stick to Your Guns a prouvé une fois de plus son statut de pilier de la scène hardcore, mais on espère les revoir avec des batteries pleinement rechargées.

Au final, cette soirée du 21 septembre laisse une impression en demi-teinte. On a eu droit à un aperçu inégal de la scène locale, une parenthèse déroutante et hypnotique, et une décharge d’adrénaline pure, bien que trop brève, de la part de la tête d’affiche. La promesse d’une grande messe hardcore s’est transformée en un service express. On est donc rentrés tôt, les oreilles bourdonnantes et le cœur battant, mais avec la nette impression qu’il manquait le rappel. Ou peut-être simplement un plat principal plus copieux.

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