Steve Gunn et Lee Ranaldo au Centre Phi | Deux icônes en liberté inconditionnelle

Lee Ranaldo, ancien guitariste et cofondateur de la formation culte Sonic Youth, s’est uni au guitariste et auteur-compositeur Steve Gunn pour s’offrir une tournée dans les grandes villes nord-américaines et européennes au cours de la prochaine année. Le duo était de passage au Centre Phi vendredi dernier. La salle était remplie de nostalgiques captifs prêts à revivre une époque désormais révolue… Régnait sur place une ambiance qui émanait un grand respect, une attitude de gratitude quant à l’apport de ces deux artistes à la scène musicale.

Steve Gunn ou l’art des longues compositions psychédélo-romantiques

Il a accumulé plus de quinze ans de carrière derrière la cravate ; au fil du temps, il a démultiplié les collaborations avec des guitaristes de renom tels que Michael Chapman et Tom Carter. Il a le mérite d’avoir été choisi pour accompagner Kurt Vile sur scène à répétitions.

Lancé en juin 2016, son deuxième album Eyes on the Lines a plu aux critiques par son caractère mélodique, répétitif et parfois psychédélique. Reconnu pour avoir déployé ses ailes en mode solo dans l’univers acoustique, il s’est présenté sur scène sans faire d’artifices, le focus bien ancré dans l’enchaînement de longues pièces plus fidèles à son style les unes que les autres.

Le public montréalais s’est montré patient ; bien que riches en valses instrumentales et contemplatives, les pièces en formule acoustique de Gunn se suivent et se ressemblent. Peu bavard, il a compensé par la démonstration de son quasi absolu contrôle de l’instrument.

* Si Francis Ford Coppola souhaitait faire un remake du film Apocalypse Now, Steve Gunn pourrait s’avérer un choix fort judicieux pour remplacer  Jim Morrison dans la célèbre performance de The End. Une idée comme ça.

Lee Ranaldo ou l’étoffe d’un grand maître inspiré par la retraite

Le moment de son entrée en scène était très attendu. Des centaines de yeux étaient rivés sur l’icône incarnant un succès d’une époque appartenant dorénavant au passé.

Ayant performé pendant une trentaine d’années avec Sonic Youth, Lee Ranaldo ne s’est clairement pas laissé abattre par l’idée de la fin d’une ère révolue. L’artiste âgé de 60 ans s’est présenté à nous avec prestance et confiance.

Guitariste chevronné (sans aucun doute), il a enchaîné des pièces à saveur acoustique, expérimentale et très contemporaine.

Peu bavard lui aussi, il s’est adressé au public avant Uncle Skeleton pour préciser que cette pièce, écrite en collaboration avec Jonathan Lethem, un vieil ami écrivain, était vouée à se retrouver dans un cowboy movie.

Constant dans la maîtrise de son art, sa prestation au caractère lévitatif s’insère dans une nouvelle ère pour Ranaldo. Libéré de toute attache artistique, il respire l’émancipation. Lee Ranaldo s’adonne aux arts graphiques, il accumule les guitares et jouit de sa vie en tant qu’artiste indépendant. Grand bien lui en fasse.

Tel que mentionné dans la pièce Off The Wall (seule chanson jouée en rappel) : « These days are so uncertain […]». Pour Ranaldo, ils le sont, incertains, certainement de belle façon.

Pour suivre la tournée de Steve Gunn et Lee Ranaldo : http://www.leeranaldo.com/