Kurt Vile

Critique | Kurt Vile au Théâtre Corona

Armé de sa nonchalance habituelle et de ses « yeeeeeaaaaaah » gracieusement étirés, le rockeur philadelphien Kurt Vile a rempli les attentes, lundi soir au Théâtre Corona. Accompagné par son groupe maison The Violators, Kurt a livré un spectacle bien ficelé, quelque peu terni par un début en dents de scie.

À 9 :12, la longue tignasse frisée s’amène sobrement, en plein milieu d’une chanson jouée par le DJ, et se contente d’un signe de main à la foule en guise de salutations. Les notes southern rock de Wakin on a Pretty Day se placent tranquillement. Kurt joue mollement de sa guitare, la tête penchée, marmonnant quelques mots inaudibles ici et là. On s’y attendait, ça fait partie du personnage.

Son plus gros « hit », Jesus Fever, suit. Malheureusement, la batterie prend trop de place dans le mix, et les émotions franches de la chanson perdent de leur éclat. Même chose, un peu plus tard, du côté de la touchante Girl Called Alex : le rythme s’impose, et les guitares sont malheureusement relayées à la trame de fond.

Le réajustement se fait sentir sur Goldtone : la guitare du Philadelphien – qui, de loin, a des airs d’Alanis Morissette en 1995 – résonne habilement. En mode introspectif, la foule écoute la douce chanson calmement, la tête dans les airs, au gré des « yeaaaah, yeeeaaaah » typiques du chanteur.

Profitant de ce moment plus intime, Kurt enchaîne avec Too Hard, qu’il interprète seul à la guitare. Beau. On l’entend ensuite ruminer quelque chose au micro, pour une des très rares fois de la soirée: « We’re actually just brothers…Friends with benefits », dit-il, en parlant de quelqu’un, surement un des Violators.

Le groupe est d’ailleurs réinvité sur scène pour le clou de la soirée : la frénétique rock industriel Freak Train. On sent Kurt complètement à l’aise, profondément intense dans sa livraison, alors qu’il crie et se donne, avec fuzz et distorsion, sur sa guitare.

Au rappel, la rock-90’s KV Crimes est à la hauteur. Kurt Vile nous laisse avec une bonne impression : celle d’un rockeur authentique qui a choisi de faire résonner sa guitare comme il le sent, quand il le veut, peu importe les attentes du public.

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