Social Distortion

Social Distortion à Montréal | Entrevue avec le guitariste Jonny Wickersham

Le légendaire groupe punk rock Social Distortion s’amène à Montréal le mardi 23 octobre prochain, avec Lindi Ortega et The Biters en levée de rideau. Sors-tu.ca a rejoint le guitariste Jonny « 2 Bags » Wickersham au bout du fil pour jaser de tout et de rien, alors qu’il se trouvait à Détroit, en pleine tournée nord-américaine.

Vous vous trouvez dans le Michigan en ce moment. Comment se déroule la tournée à date?

Très bien. Et le meilleur s’en vient: Toronto, New York, Montréal, toutes des villes qu’on aime bien.

En faisant de la recherche pour cette entrevue, j’ai constaté un nombre impressionnant d’entrevues accordées à des webzines, des blogues, des médias web.

Il y a beaucoup trop de papier gaspillé ces temps-ci! (rires) J’aime bien accorder des entrevues, parler du processus de création de la musique.

Tiens, par exemple, je suis en train de lire une biographe sur Greg Allman. C’est ce que j’aime de ce bouquin: lorsqu’il parle de musique, son procédé pour composer. J’ai aussi lu le livre sur Keith Richard, Life, et j’ai perdu l’intérêt quand j’ai atteint la partie où il parle de la vie de party. Plutôt ennuyant. Mais la section où il aborde comment il s’est découvert en tant que compositeur ce qui l’a influencé, ça, ça me parle. Moi je m’intéresse à ce qui se passe dans le studio, pas dans les partys. On l’a vécu en masse cette vie-là…

 

Photo par Danny Clinch.

Tu t’es joint à Social Distortion en 2000, après le décès du membre original Dennis Danel. Comment c’est de côtoyer et de co-écrire des chansons avec Mike Ness?

Bah, tu sais, c’est assez normal en fait.  Nous sommes tous des gens assez ordinaires dans le groupe. C’est un job, en quelque sorte. Un job merveilleux envers lequel je suis reconnaissant et qui me rend heureux à chaque jour.

C’est le mot d’ordre dans ce groupe: les gens ont payé pour venir nous voir en show et nous en sommes toujours conscients et reconnaissants. Il faut livrer la marchandise, jouer avec tout notre coeur chaque soir. Je me rappelle encore de mes premiers jours, avec un groupe nommé The Cadillac Tramps. Au début, nous devions mériter l’attention de 1 ou 2 fans à la fois. Nous avions toujours la même attitude: « qu’il y ait 7 ou 700 personnes devant nous, nous devons donner le même show, afficher le même enthousiasme ». Je n’ai jamais oublié cela.

Social Distortion a toujours préféré jouer dans des salles un peu plus petites que ce que vous pouvez vraiment remplir, n’est-ce pas?

Je dirais que l’idéal, c’est de 800 à 1200 personnes. Ça c’est parfait pour nous. Parfois un peu plus gros.

En Europe, on fait souvent des festivals. C’est arrivé qu’on ait joué devait 70 000 personnes, par exemple. C’est excitant, c’est certain, mais je ne pourrais pas dire que c’est un format qui me convienne mieux.  La foule est loin, le contact est difficile. J’aime bien être dans leur face. Tu sais, un peu comme ces groupes blues qui jouaient dans des restorautes dans les années 1950. Ça grouille de vie!

 

Photo par Danny Clinch.

Est-ce que le fait de jouer du punk dans la mi-quarantaine revient au même que dans la jeune vingtaine?

Je ne vois pas de problème à jouer de la musique punk dans la quarantaine. Le band n’a jamais eu peur de maturer, de grandir, d’évoluer. Mike (Ness) n’a jamais insisté pour conserver une aura de jeunesse autour du groupe. Nous avons toujours été au même point que nos personnalités, au diapason de nos âges et de notre expérience de vie. Musicalement, nous sommes toujours resté un peu dans les mêmes eaux, mais sur le plan des textes, ç’a changé, maturé.

 

La scène punk autour de vous, elle, a beaucoup changé.

Oh oui.  Au début des années 1980, quand je me suis coupé les cheveux et que je me suis « engagé » dans la scène punk, c’était un univers un peu louche, peu recommandable, je dirais. Quand t’allais voir un show punk, tu ne savais vraiment pas à quoi t’attendre, il y avait un air de menace, c’est certain. Il y avait de la violence, les gens se faisaient faire mal. Que tu sois devant la foule ou en arrière de la salle – ou même dans la rue, à la sortie – il y avait de l’agressivité dans l’air. De nos jours, les organisateurs de shows punk sont en contrôle de la situation.

 

Il faut dire que ce qui était jadis illicite et clandestin est devenu grand public avec le temps…

Tout à fait. Je ne suis pas gêné de le dire, c’est une réalité: le punk existe depuis, quoi, 35 ou 40 ans, et c’est devenu grand public à plusieurs moments de son histoire. L’image, le son, la culture, tout. Quand on m’aborde avec ce sujet, je fais toujours un rapprochement avec le blues. J’adore le blues, j’en suis fou. Dave Gonzales, The Bees, The Blasters: ce sont mes héros en matière de blues et de musique Americana. Ça ne change pas le fait que j’ai grandi comme un punk rockeur! Mais je consomme la culture blues sans y appartenir.

Le groupe The Vandals a écrit une chanson sur toi. Quelle est l’histoire derrière cette pièce?

(Rires) Nous sommes tous des amis, ça remonte à loin. Et mon amour du blues remonte à loin. On m’a souvent taquiné à ce sujet d’ailleurs.

Crois-le ou non, (The Vandals) ont réussi à écrire et enregistrer une chanson à propos de moi à mon insu. En fait, ma copine à l’époque travaillait pour Nitro Records (étiquette des Vandals). Elle était au courant de tout et ne m’en avait jamais parlé, jusqu’à ce qu’elle arrive du boulot un de ces jours avec une copie promotionnelle de l’album, avant qu’il sorte. Elle me l’a fait écouter, sans m’avertir de rien. J’étais sous le choc, complètement embarrassé. Ils m’ont bien eu!

 

Il s’est écoulé 7 ans entre votre dernier album Hard Times and Nursery Rhymes (2011) et votre précédent Sex, Love and Rock ‘n’ Roll (2004). Lorsque Hard Times est sorti, Mike Ness disait que le prochain album viendrait plus rapidement, que vous n’attendriez plus 7 ans avant d’en faire un autre. Où en êtes-vous avec les nouvelles chansons?

Mike nous dit la même chose qu’ils racontent aux journalistes. (Rires)  Sérieusement, les choses vont à leur rythme normal. Mike aime bien jouer des chansons en spectacle alors qu’elles ne sont même pas complétées. C’est ce qu’on fait, souvent, sur la route: on fignole des chansons en soundcheck, et parfois, on en joue 1 ou 2 ou 3 le soir même, sans se poser de question.

Certaines idées sombrent dans l’oubli assez rapidement, d’autres nous occupent un certain temps. C’est un processus très naturel, organique. Nous avons plein de trucs en suspens. Quand une chanson remonte à la surface et qu’on a envie de la jouer, de la travailler, on le fait. Les autres, on les oublie, parfois pour toujours.

Lorsque le temps viendra d’entrer en studio, on le fera. Je crois bien que ça se fera en 2013. On ne manque pas de bonnes chansons en tout cas, ça je peux te le dire.

 

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