SE SO NEON au Théâtre Beanfield | Rock incandescent

Vendredi soir, Montréal accueillait la première date canadienne de la tournée NOW Tour de SE SO NEON, et le public a eu droit à une déflagration sonore et visuelle. Figure majeure de la scène K-indie, SE SO NEON a offert un concert incandescent, porté par l’énergie brute et magnétique de sa fondatrice, Hwang So-yoon, alias Soyoon (ou So!YoON!).

Sous les banderoles affichant SE SO NEON (새소년, « nouvelle jeunesse »), la salle s’embrase dès les premières mesures. La batterie de Kim Hyunggyun tonne, la basse de Spencer Zahn gronde. Dans ce tumulte surgit Soyoon : chaussures à plateformes, pantalon ample gris, veste aux empiècements rouges, chapeau de cowboy qu’elle projette avant de lancer « E », ouverture directe et électrique.

Dès la première note, la chanteuse-guitariste captive. Sa voix, rugueuse et douce, s’impose comme un instrument à part entière. Elle danse, saute, sourit, interpelle ses musiciens et entraîne la foule. La salle s’enflamme sur « Gurumi » ou « Joke! », alliant riffs puissants et grooves irrésistibles, avant de reprendre à l’unisson « Remember », hommage à Ryuichi Sakamoto.
« Actually, this audience is kind of nice and spicy. I am so happy, I soak all the energy », lance-t-elle, portée par l’enthousiasme montréalais.

Complicité et humour

Entre deux titres, Soyoon présente NOW, paru en août 2025, et remercie le public : « I’m happy. New members, new album, new merch, new concerts, new public. » La présentation des musiciens vire au mini-sketch : allongée sur scène, elle laisse Kim et Spencer se présenter avant d’être acclamée à son tour. Cette légèreté renforce encore la proximité avec la salle.

Le trio impressionne par sa cohésion et son intensité. Soyoon joue face à ses musiciens, cherchant l’échange plus que la démonstration. Le solo de batterie incandescent de Kim Hyunggyun et les basses profondes de Spencer Zahn soulignent la puissance collective. Avec Stranger, Secret Police, 3 Revolution ou Twit Winter, où les cris du public couvrent parfois la guitare, SE SO NEON alterne entre mélodies hypnotiques et éclats rock, maintenant la tension pendant près d’une heure quarante-cinq.

Impossible pourtant de les enfermer dans un style. Leur musique hybride mêle blues, rock psychédélique, new wave, city pop, grunge, R&B expérimental et synth pop. Textures, arrangements et riffs s’enchaînent avec fluidité. Soyoon décrit leur son comme une identité propre : « SE SO NEON-ish ». Plus qu’un son, une identité : celle d’une jeunesse sud-coréenne en quête d’authenticité, qui trouve un écho sur toutes les scènes du monde.

Le climax survient avec Midnight Train : Soyoon s’agenouille, se contorsionne et fait hurler sa guitare dans un abandon total. En rappel, Jayu et Kidd prolongent l’ivresse collective. À la fin, les trois musiciens brandissent un drapeau du Québec floqué au nom du groupe : image d’une soirée gravée dans les mémoires. À Montréal, Soyoon a confirmé son statut : une rock star libre, fougueuse et généreuse. SE SO NEON a prouvé qu’elle pouvait enflammer les scènes du monde entier.