Sam Smith

Sam Smith au Centre Bell | Soirée réussie pour un public averti

L’artiste britannique Sam Smith se produisait hier soir au Centre Bell pour la première fois en cinq ans et l’attente en valait absolument la peine. Depuis son dernier passage à Montréal, l’auteur-compositeur-interprète, qui utilise le pronom « iel », a lancé deux albums et s’est complètement métamorphosé·e. Nous avons eu droit à une performance à plusieurs facettes, chose qui a pu surprendre plus d’un spectateur.

L’envoutante chanteuse R&B Jessie Reyez a décidément réussi sa mission de réchauffer le public avant l’acte principal. L’habituée de Montréal est arrivée sur scène avec une énergie contagieuse et a captivé l’auditoire avec son charisme et ses anecdotes auxquelles tous peuvent s’identifier. En moins de trente minutes, elle nous a convaincus qu’elle maîtrise très bien l’art complexe de la « première partie », elle qui a déjà ouvert les spectacles de PARTYNEXTDOOR, Halsey et Billie Eilish. La Torontoise a épaté la galerie avec une performance vocalement sans faille, comme elle sait si bien le faire. La chanteuse à l’aura décontractée en a profité pour jouer cinq titres de son dernier album Yessie, lancé l’an dernier, et a béni le public avec une énième interprétation de sa chanson phare Figures, qui a su en émouvoir plusieurs.

Le temps était venu pour Sam Smith de conquérir la scène qu’iel aime tant, cette fois, dans le cadre du Gloria Tour. Le spectacle est séparé en trois actes : « Love », « Beauty » et « SEX ». Alors que des notes introductives au piano laissaient paraître son dernier hit Unholy, on change complètement de répertoire lorsque les draps noirs qui couvrent une magnifique structure féminine dorée ornant toute la scène sont retirés d’un trait. D’entrée de jeu, Smith apparaît sur scène en chemise, cravate et corset pour interpréter quatre de ses plus grands succès : Stay with Me, I’m Not the Only One, Like I Can et Too Good at Goodbyes. Disons que les fans des premières ères de Sam Smith sont comblés dès le début du spectacle.

Encore une fois, Smith nous montre assez rapidement les talents vocaux indéniables qui l’ont propulsé·e au sommet des palmarès dès son jeune âge. Le public est absolument conquis et donne beaucoup de soutien à l’artiste qui laisse tomber quelques larmes assez tôt dans la soirée avant d’avouer que Montréal a été la meilleure foule de sa vie lors de sa première tournée. Sam ne fait qu’un avec le public, établit une connexion avec lui en s’assurant de bien couvrir les deux côtés de la scène et salue les spectateurs individuellement.

Plus le spectacle avance, plus un phénomène auquel j’espérais tant assister se produit. Smith s’assume de plus en plus, enchaîne les costumes extravagants, mais reste dans un répertoire somme toute conservateur jusqu’au milieu du spectacle.

À la fin de son interprétation de la ballade Love Goes, lors de laquelle six danseurs joignent l’artiste sur scène, une transition choquante introduisant la chanson Gimme nous fait entrer dans un tout autre univers. Bien que Jessie Reyez fût déjà remontée sur scène plus tôt pour accompagner Smith en duo sur Perfect, elle revient en force une seconde fois en joignant les danseurs qui twerkent comme si leur vie en dépendait sur le rythme endiablé du refrain. Bienvenue dans le monde provocateur de Sam Smith.

La structure de la femme dorée, qui représente fort probablement Gloria, prend maintenant tout son sens. Les danseurs l’utilisent à bon escient, en glissant sur son ventre, marchant sur son fessier et s’appuyant sur son buste – je n’ai jamais rien vu de tel.

Le contraste avec le début du spectacle est flagrant, mais si bien pensé. L’évolution des styles musicaux fait lever les foules, oscillant des hymnes gais comme I’m Not Here to Make Friends au son house populaire comme Latch et Promises. Sam se dénude – littéralement – sur une reprise de I Feel Love de l’icône Donna Summer avant d’aller en arrière-scène pour un dernier rodéo des plus exaltants. À ce moment, je vois déjà quelques personnes de ma section quitter la salle.

Le clou du spectacle est sans hésiter le dernier acte, « SEX », lors duquel Sam porte trois costumes différents. L’artiste nous retrouve avec un voile blanc en chantant le titre céleste Gloria, pour ensuite n’orner qu’un string à paillettes et des couvre-mamelons style BDSM afin de reprendre Human Nature de Madonna et, enfin, clore le bal avec un corset des ténèbres et des cornes de diable sur Unholy.

Alors qu’iel quitte la scène en mentionnant que Montréal a été la meilleure foule de sa tournée jusqu’à maintenant, les danseurs, pour leur part, offrent un « dernier petit café » à leurs invités en se déchaînant sur la dernière collaboration entre Sam et Madonna, Vulgar. Les éclairages, les chorégraphies et la musique nous laissent croire que nous sommes dans un des clubs les plus branchés du continent.

La tournée Gloria de Sam Smith, dont l’arrêt à Montréal tombe par hasard en plein milieu des festivités de la fierté, est incontestablement réussie, du moins pour les gens qui sont avisés que l’artiste a beaucoup évolué depuis 2018. Nous assistons à une complète célébration queer et à une libération de la part de l’interprète, qui ne craint pas de s’assumer et d’inviter ses convives dans son monde éclectique, mais accueillant.

 

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