crédit photo: Jérôme Daviau
Salin

Salin au Lion D’Or | Efficace et dansant

En ce mardi soir d’automne, la jeune batteuse Salin nous présente avec bonheur son album Rammana, accompagnée d’un groupe solide et soudé, pour un concert efficace et réjouissant dans un Lion D’Or plein.

J’ai découvert Salin il y a 6 mois en allant écouter le quatuor de la trompettiste Martine Labbé lors de la Journée Internationale du Jazz à Montréal. Elle était accompagnée de trois autres femmes tout aussi talentueuses, dont la batteuse Salin qui m’avait impressionné dans un répertoire jazz traditionnel. Cet été, lors du Festival de Jazz, j’avais essayé d’assister à son concert, mais la salle était paquetée et j’avais dû rebrousser chemin. Ce soir est donc la première fois où j’assiste enfin à un concert de la musicienne consacré à son projet personnel, et qui a été brièvement annoncé comme le lancement montréalais de son album Rammana, même s’il est sorti en mars.

Salin est une jeune musicienne à la fois batteuse, productrice et compositrice d’origine thaïlandaise et maintenant installée à Montréal. Elle est la Révélations Jazz 2025 de Radio-Canada avec son projet original et audacieux aux croisements du jazz, afrobeat, funk et musique traditionnelle thaïlandaise.

Lorsque l’on rentre dans le Lion D’Or, la configuration particulière de la salle surprend : la scène est dressée au milieu du parterre et fait face au mur opposé à l’entrée, devant un espace réservé à l’équipe vidéo. Ce qui fait qu’à l’exception d’une poignée de personnes judicieusement placées, la grande partie du public voit le dos des musiciens… Mettons que si la captation vidéo était le principal objet de la soirée, ça aurait été fin de le communiquer en amont au lieu de se retrouver devant le fait accompli.

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Salin et son kit de batterie trône sur son estrade, bien en évidence, entourée de ses six musiciens. Côté jardin, il y a Jordan Pistilli (claviers), Josiane Rouette (trompette) et Alexandre Dion (saxophone), et côté cour, c’est Milla Thyme (basse), Zacharie Winter (guitare) et le toujours impeccablement efficace Elli Miller Maboungou aux percussions. À la place d’honneur au centre, face aux caméras, on retrouve l’invité spécial, venu de Thaïlande, le musicien Khontan Pitukpon qui nous présente quelques instruments traditionnels comme le khène (un sorte de flûte de pan avec des trous qui jouent des accords), le phin (une guitare à 3 cordes et en version électrique ce soir) et le puaj (une guimbarde traditionnellement en bambou, mais c’est une version en métal ce soir).

C’est un band de feu qui interagit avec la batteuse, l’ensemble est bien soudé et parfaitement rôdé, montrant une belle cohésion où chacun aura la place de briller lors de la soirée en installant une ambiance de plus en plus dansante dans la salle. Je retiens notamment le morceau où le saxophone est très présent et le climat s’avère même un brin libidineux.

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Si Salin n’est pas la batteuse la plus démonstrative, j’apprécie son jeu subtil et posé, orienté davantage vers le titre que la mise en avant de sa personne. Lors du dernier titre de la soirée, elle se permet une deuxième prise de son solo pour en livrer une version réellement enflammée qui a pleinement justifié la reprise.

Malgré une configuration de scène dédiée à la vidéo, Salin a tout de même réussi à atteindre son public, avec une musique aux influences multiples, mais avec une cohésion qui donne un style bien personnel. Sa musique s’aborde facilement et avec plaisir et elle ouvre la porte à l’ondulation des corps au son d’une formation très efficace.

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