Roselle

Roselle au Ministère | une belle découverte, entre maîtrise et candeur

Roselle est une jeune chanteuse qui lançait mercredi soir son tout premier album intitulé Aurore, qui contient douze titres qui nous étaient joués dans un ordre différent du disque, au Ministère.

Si son nom n’est pas très connu, elle a déjà quelques tournées à son actif comme chanteuse au sein du groupe The Lost Fingers depuis 2019. Avouez que vous avez dansé sur leur version endiablée de Pump Up the Jam ! Mais ce soir, c’est son projet personnel aux ambiances diverses. Et qui dit lancement, dit joyeux mélange de personnes disparates, entre la famille, les enfants, les amis, les curieux et les gens du «milieu», une ambiance chaleureuse et enveloppante pour accueillir ce nouveau disque.

Le Ministère est plein à craquer et la température grimpe vite. Roselle arrive sur scène dans des mouvements très recherchés et on sent qu’elle travaille fort son image. Malgré le côté électro de sa musique, elle est accompagnée de quatre vrais musiciens (basse, batterie, clavier et guitare) et de quelques pistes enregistrées, notamment des voix additionnelles. Les sons des claviers ont souvent des relents des années 1980. À noter qu’il n’y a jamais d’auto-tune sur sa voix et je l’en remercie énormément.

Si la scénographie est travaillée, tout comme ses morceaux, les ambiances sont diversifiées, les éclairages variés. Entre les atmosphères dansantes (Je me posais cette question), le slow langoureux (Feu), la bossa nova (Honey), un côté jazzy (Fatigués), il y en a pour tous les goûts.

À la fin de Ferme ta bouche,  elle disparaît dans le public et réapparaît sur le comptoir du bar pour entonner Honey. Pour Sans toi, l’ambiance se fait cabaret R&B avec un rond de lumière qui l’encercle. Et là où ça pourrait sembler artificielle, Roselle navigue comme un poisson dans l’eau dans ces différents univers et nous y embarque.

Il en est de même dans les textes, tout en français, qui évitent les clichés et s’engagent de manières intelligentes : Fatigués se révolte des clichés de beauté et des commentaires que se permettent certains. Ferme ta bouche est un hymne anti-mansplaining. Le titre Prends soin est lui touchant, dédié à un ami malade décédé il y a peu. Feu est l’analyse d’une relation toxique. Bisous est plus léger mais dangereusement accrocheur.

On a affaire à une artiste riche et complète, diverse et complexe. Et ce concert à son image nous laisse présager un bel avenir. Si le travail de l’image de l’artiste est élaboré, il y a des moments où la femme sort du personnage, que ce soit dans les remerciements ou entre les titres, de quoi casser l’image sur papier glacé.

Pour ne rien vous cacher, j’ai découvert Roselle par hasard, lors d’une première partie d’un show de Saint-Jean. Ce n’est pas ce que j’écoute habituellement mais il est toujours bon de sortir de ses ornières et d’ouvrir ses chakras. Et c’est tout le bienfait des premières parties de découvrir sans préjugés de nouveaux artistes. Si j’avais été séduit une première fois par la diversité de ses ambiances et des arrangements, les textes pertinents et sa belle voix chaude, cette soirée de lancement confirme que la musique de cette femme m’apparait toujours aussi convaincante et intéressante. On surveillera la suite, en souhaitant qu’elle conserve ce mélange de candeur et de maîtrise qui la rend humaine et touchante.

Grille de morceaux

  1. Suffit d’attendre II
  2. Parmi toutes ses lettres
  3. Aurore
  4. Sans toi
  5. Fatiguées
  6. Feu
  7. Ferme donc ta bouche
  8. Honey
  9. Bisous
  10. Prends soin
  11. Je me posais cette question
  12. Suffit d’attendre I

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