AC/DC

Retour sur AC/DC sur les Plaines d’Abraham à Québec

Une légende vivante du hard-rock – ou ce qu’il en reste – nous avait donné rendez-vous sur les Plaines de Québec ce vendredi 28 août : AC/DC nous a explosé les yeux et les oreilles dans une grande leçon de pur rock’n’roll, sous une lune magnifique.

 

Trois cinquièmes 

Pour les puristes, et ils n’ont peut-être pas tort, cette version d’AC/DC 2015 est un peu ombragée par l’absence de deux membres originaux. Tout d’abord, le batteur Phil Rudd, aux prises avec la justice néo-zélandaise pour de sombres histoires de drogue et menaces de mort… Cependant son remplaçant n’est autre que Chris Slade, qui avait déjà joué avec le groupe dans les années 90.

Mais surtout, l’absence la plus pesante est celle du fondateur et un des compositeurs essentiels du groupe : Malcolm Young. Le guitariste rythmique a tristement été forcé d’arrêter la musique, atteint de démence. C’est son neveu Stevie Young qui le remplace, à un poste qu’il avait déjà brièvement occupé pendant quelques concerts en 1988, alors que Malcolm était en cure de désintoxication.

Malgré ce contexte particulier, c’est avec une grande excitation que des dizaines de milliers de fans se pressent sur les Plaines, avec pour les plus jeunes une occasion de voir une fois dans leur vie la légende en action, les australiens toujours menés par Angus Young et Brian Johnson.


Du Boogie sous la lune

La nuit envahit doucement les Plaines, et la lune monte dans le ciel, alors que des milliers de cornes rouges scintillent dans la foule. Les écrans s’allument. Des astronautes explorent justement la lune. Ils découvrent de la roche en fusion marquée AC/DC. La comète en feu se détache et fonce vers la terre. Compte à rebours avant l’impact…et la scène explose dans un feu d’artifice, alors que l’écolier de 60 ans se pointe sur scène et balance le riff de Rock or Bust. Quel grand moment. Nous sommes en 2015 sur les Plaines d’Abraham à Québec, et là, sous une lune magnifique, l’unique Angus Young et sa bande sont là pour nous offrir leur meilleur.

La machine est lancée.  Les classiques vont s’enchaîner pendant deux heures qui vont passer comme un – Rock’n’Roll – train à grande vitesse. Shoot to Trill, Hell Ain’t a Bad Place to Be, et le cultissime Back in Black en quatrième, voilà un début explosif.

La scène est immense, entourée d’un décor très bien lié aux jeux de lumières qui changent d’ambiance à chaque chanson. Et le son est aussi remarquable, AC/DC n’est pas là pour faire les choses à moitié, mais bien pour nous exploser les oreilles.

 


Le groupe le plus fort au monde

Contrairement à certains concerts comme le Heavy Montréal et ses restrictions de décibels, AC/DC reste fidèle à sa réputation en étant un des groupes les plus forts de la planète. Le volume est vraiment très élevé…et qu’est-ce que ça fait du bien ! Dans une époque où les concerts sont de plus en plus réglementés, c’est un bonheur jouissif de voir un groupe qui envoie du gros son pour de vrai. Qui-plus-est, c’est une réconciliation pour les fans montréalais présents qui parlent encore de l’horrible son du Stade Olympique en 2009 (On verra bien lundi prochain…).

Le récent titre Play Ball passe très bien en concert. Il est suivi de l’excellent Dirty Deeds Done Dirt Cheap. Quelle puissance. Le Hard-Rock dans sa forme la plus pure, à coups de gros riffs de la Gibson d’Angus, porté par une section rythmique en béton. À 65 ans, le bassiste Cliff Williams tient toujours parfaitement son groove, allié au monstre de batteur Chris Slade.

Stevie Young s’en sort bien à la rythmique, arborant le même look et la même guitare que son oncle. Cependant il n’a pas ce timbre de voix cru et rauque de Malcolm qui faisait notamment toute l’efficacité des chœurs de Dirty Deeds.

Thunderstruck. On parle d’un classique. Un des licks de guitare les plus appris au monde (et souvent mal car c’est bien en aller-retours au pick et non en hammer on !). « Thunder ! » hurlent les Plaines en chœur alors que Brian Johnson nous prouve qu’il a encore de la voix à 67 ans.

S’en suit High Voltage et son riff groovy à souhait, une autre leçon de rock’n’roll tirée de la fin des années 70, un titre qui traverse les âges sans perdre son énergie. On revient ensuite aux années 2000 avec Rock’n’Roll Train, extrait de l’album Black Ice, qui confirme son efficacité en live. L’immense cloche étampée du logo du groupe descend du haut de la scène et résonne pour annoncer le grand classique Hells Bells qui remonte la température –déjà haute – du public. Troisième extrait du nouvel album, Baptism By Fire passe bien le test de la scène. L’excitation remonte encore avec le tube You Shook me All Night Long qui fait danser plus intensément la foule.


La même recette

Il est certain qu’AC/DC n’a pas besoin de chercher bien loin pour sa grille de chansons, et on ne peut pas dire qu’ils innovent vraiment de tournée en tournée depuis les années 90, à part deux ou trois extraits des nouveaux albums. D’un côté, ils ont tellement de classiques que c’est même difficile de les caser en deux heures, mais il est certain qu’ils pourraient d’un autre côté faire l’effort d’aller chercher des choses différentes et puiser quelques morceaux différents, comme le génial Touch Too Much réclamé depuis toujours par les fans. Mais AC/DC s’en fout. Ils font la même chose depuis longtemps, ils le font très bien, et ce n’est pas aujourd’hui qu’ils changeront, et c’est pour ça qu’ils sont respectés et adulés partout sur la planète. Du rock pur et dur, de l’efficacité bien simple, point final.

Sur cette tournée, la seule nouveauté dans la grille est la chanson Sin City, classique de l’époque Bon Scott. Très appréciable de pouvoir entendre en live ce morceau de 1978 en 2015, même si la voix de Brian Johnson est peut-être moins appropriée sur ce genre de morceau, avec une atmosphère un peu plus singulière à Bon Scott.

On reste dans l’époque avec l’excellent Shot Down in Flames, suivi d’une autre « Face B », Have A Drink On Me tiré de l’album Back in Black. C’est alors le moment pour les Plaines d’Abraham de crier « Oï ! Oï ! » sur le célèbre T.N.T. Whole Lotta Rosie finit de déchaîner la foule alors que l’immense Rosie se prélasse en fond de scène. Il serait curieux de savoir ce que Bon Scott aurait pensé de cette poupée gonflable géante à l’effigie d’une de ses conquêtes d’un soir. Ou même de savoir si la vraie Rosie est encore vivante et l’a déjà vue !

L’hymne Let There Be Rock déboule à toute vitesse et voit enfin Angus s’avancer jusqu’à l’immense plateforme pour son grand solo, pendant lequel il tient les dizaines de milliers de personnes au bout du manche de sa SG. On regrette un peu qu’il n’y ait pas d’avancée de scène utilisée pendant tout le concert, comme sur les deux dernières tournées.

« Goodbye ! », lance Brian Johnson, le groupe se retirant avant un évident rappel : le classique des classiques sur grand fond de flammes : Highway To Hell. Les cornes rouges s’agitent, sautent et chantent à l’unisson l’hymne du groupe, alors que le fond de scène est couvert de flammes, superbe mise en scène une fois de plus. Presque sans pause, Angus enchaîne le morceau suivant avec son riff en finger picking. Ce sont déjà les canons qui montent derrière la scène pour le dernier morceau, For Those About To Rock. Et c’est déjà la fin, mais quelle fin. Les canons tirent sans relâche alors que des feux d’artifices explosent autour de la scène. « We salute you Québec ! » conclu Brian Johnson.

Magnifique, splendide. Il y avait quelque chose de magique avec cette pleine lune dans le ciel. Dans cette belle nuit d’août, AC/DC nous a emporté, nous a prouvé qu’il était un des plus grand groupes de rock du monde, et toujours capable d’envoyer les watts malgré l’âge.


Vintage Trouble

Ce sont les californiens de Vintage Trouble qui avaient l’honneur de chauffer la foule des Plaines, et ils l’ont très bien fait.

Premièrement, avec leur rock effectivement vintage et rétro aux saveurs d’années 50 et 60, ils étaient parfaitement à leur place avec le boogie rock d’AC/DC. Et malheureusement de nos jours, c’est assez rare pour le préciser. Combien de concerts (on pense aux Rolling Stones récemment) voient arriver des premières parties qui n’ont musicalement rien à voir avec la tête d’affiche, alors que beaucoup de groupes auraient parfaitement leur place.

Ensuite, les gars ont un meneur excellent en la personne de Ty Taylor. Le chanteur mène le bal avec charisme, énergie et talent, il est tout simplement remarquable. Les chansons sont variées, les musiciens excellents, une belle prestation, on espère revoir Vintage Trouble en tournée par chez nous dans le futur.

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