Ratatat

Ratatat au Métropolis | Musiciens illusionnistes

Ce n’est pas tous les jours qu’un band instrumental remplit un Métropolis. Pour ce faire, il faut une réputation à la Godspeed ou un son à la Ratatat, apparemment.

 


Une chaleur suffocante régnait dans la salle vers 21h, lorsque Mike Stroud et son acolyte Evan Mast sont arrivés sur scène devant un parterre compact. Les fans les attendaient de pied ferme : le duo électro-rock n’était pas passé à Montréal depuis leur prestation à Osheaga 2011.  À l’époque, le LP4 était tout frais, et le binôme new-yorkais était au comble de sa popularité auprès d’un public à l’affût des tendances non-radiophoniques.

Avec un nouvel album en poche, le très moyen Magnifique paru en juillet dernier, les deux musiciens se présentaient donc à Montréal mardi soir pour un premier concert en salle depuis plus de cinq ans. Un spectacle fidèle à leur réputation : dynamique, rythmé, mais surtout très impressionnant visuellement.

 

Lasers et hologrammes

C’est vraiment à ce niveau que l’expérience d’un spectacle de Ratatat prend tout son sens. Musicalement, Stroud et Mast ne réinventent pas les pistes tant de fois écoutées sur disque. C’est bien normal : ils ne sont que deux sur scène, à jouer principalement les lignes de guitares et de basse, alors que les pistes pré-enregistrées constituent, soyons franc, facilement 75% de ce qu’on entend. Les tempos et la plupart des rythmiques en général sont dictés par le troisième membre du groupe : le bon vieux piton « Play ».

Ce n’est pas tellement grave, puisque les éclairages, projections holographiques et lasers irisés proposent une dimension époustouflante que l’album ne peut remplacer.  Comme si les petites aventures musicales intrigantes de Ratatat devenaient des tableaux hallucinés, où apparaissent des jeux de laser créant des textures épatantes, et des projections sur écrans transparents permettant l’apparition de têtes de marbre ou de perruches géantes en trois dimensions. Ça passe par toutes les couleurs et remplit la salle d’un couvercle lumineux à l’occasion.

Lorsque ces distractions visuelles s’arrêtent – durant la lente Supreme, par exemple – on constate que le spectacle n’en mettrait pas (littéralement) plein la vue sans cet aspect. D’autant plus que les sonorités très soigneusement choisies de l’instrumentation n’incitent pas à l’intensité totale. Ça sautille, du Ratatat, ça fait taper du pied et provoque les légers déhanchements. Mais n’en déplaise aux deux gars aux cheveux longs qui se la jouent parfois guitar hero sur scène, ce n’est pas du matériel atomique, qui brasse la cage. C’est plutôt du matériel à dance floor qu’à mosh pit, du Daft Punk avec des consonances de guitares électriques disons-le.

D’ailleurs, quelques aventureux ont tenté leur chance au bodysurfing, probablement incités par le typique ami qui lâche un « t’es pas game » entre deux chansons. Résultat : quelques corps roulaient mollement sur une foule plus attentive qu’agitée.

Après une finale plus intense – Gettysburg et la sous-estimée Shempi – les deux musiciens ont décidé de tenter le coup eux aussi, en se lançant tête première dans la foule pour la surfer en guise de conclusion aux 90 minutes de prestation. Sans surprise, ils ont plus de succès…

Grille de chansons

1. Pricks Of Brightness
2. Loud Pipes
3. Grape Juice City
4. Cream On Chrome
5. Lex
6. Falcon Jab
7. Mirando
8. Party With Children
9. Supreme
10. Sunblocks
11. Nostrand
12. Abrasive
13. Neckbrace
14. Wildcat
15. Nightclub Amnesia
16. 17 Years

Rappel
Gettysburg
Shempi

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