Rosas - Danse Danse

Rain de la compagnie Rosas à la Place des Arts | Soirée hypnotisante au Théâtre Maisonneuve

En ce 4 mai 2017, 10 danseurs de Rosas, compagnie contemporaine de la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker, ont dansé jusqu’à l’épuisement.  Dans Rain, œuvre phare de la belge, les danseurs évoluent sur la scène avec une rigueur mathématique teintée d’humanité. Une soirée marquante au Théâtre Maisonneuve qui se prolonge les vendredi 5 et samedi 6 mai 2017 grâce à Danse Danse.

Anne Teresa De Keersmaeker

Anne Teresa De Keersmaeker, chorégraphe contemporaine née en Belgique en 1960, s’est d’abord formée à Mudra, l’école de danse de Maurice Béjart de Bruxelles, puis à la Tisch School of the Arts de New York.  En 1983, elle chorégraphie Rosas danst Rosas, la pièce qui donnera le nom de sa compagnie bruxelloise de renommée internationale : Rosas. Douze ans plus tard, elle fondera P.A.R.T.S., le Performing Arts and Research Studios, son école. Connue pour la précision et la rigueur de son travail, la lauréate du Grand Prix de la danse de Montréal (2012) a pour signature de baser sa démarche créative sur les modèles mathématiques, l’étude de la nature et les structures sociales.

 

Rain

Créée sur l’œuvre minimaliste Music for 18 musicians, Rain est la troisième collaboration d’Anne Teresa De Keersmaeker avec le musicien Steve Reich, qui a développé sa trame musicale sur la base des cycles de respiration de clarinettistes. Malgré le minimalisme de la musique et l’approche mathématique d’apparence froide de la chorégraphe, l’oeuvre créée en l’espace de 8 semaines au Théâtre de La Monnaie (Bruxelles) en 2001 conserve son humanité. Suivant les proportions du nombre d’or, la danse monte en intensité jusqu’à approximativement les 2/3 de la soirée, avant de se calmer à nouveau. On retrouvera ces mêmes proportions dans la montée en intensité des couleurs des costumes, création du designer belge Dries Van Noten, où jupes, robes, chemises passeront du chair au magenta (climax de la chorégraphie) puis reprendront des tons de gris, beige et blanc.

La pièce est constituée de deux phrases principales développées sur base de concepts extrêmement stricts. L’une dite plus féminine, explore principalement la verticalité. Les 7 danseuses seront majoritairement debout. Par contraste, la phrase masculine sera quant à elle interprétée par 3 danseurs qui passeront du sol aux sauts dans les airs venant complémenter la phrase féminine. Les deux phrases qui se répètent continuellement, ont à l’origine été créées pour et en collaboration avec des danseurs de Rosas. Durant les 70 minutes, le travail des danseurs qui ne cessent d’interagir, de se sourire, de se frôler, ou carrément de danser en duo, trio ou quatuor donne son caractère organique à la pièce.

Une nouvelle distribution

Pour cette version 2017, Anne Teresa De Keersmaeker a sélectionné 10 nouveaux danseurs et danseuses dont les physiques, les qualités d’interprétations, sont similaires à ceux des danseurs d’origine (2001). Cela reste néanmoins tout un défi pour ces jeunes danseurs qui doivent s’approprier une pièce créée sur base de la personnalité de quelqu’un d’autre!

Même si nous n’avons pas vu la version de la distribution originale, nous sommes conquis par celle de la distribution actuelle, choisie pour sa similarité avec la distribution d’origine. On ne peut que saluer le travail de Jakub Truszkowski, danseur et contributeur de la phrase masculine, maintenant chargé de répétition de Rain, qui a su sans aucun doute transmettre l’âme de la pièce aux nouveaux danseurs.

Avec Rain, Rosas est la dernière compagnie invitée par Danse Danse pour sa saison 2016-2017 de danse contemporaine. Quel beau choix! En ce jeudi soir, Anne Teresa De Keersmaeker a rempli le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Si vous n’y étiez pas, deux autres représentations auront lieu à 20h au même endroit les 5 et 6 mai 2017.

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