crédit photo: Patrick Beaudry, SNAPePHOTO
Marco Ema

Premier lancement banlieusard pour Marco Ema

Le Club Soda se remplissait au compte goute, mardi soir, lors du lancement du premier album de Marco Ema, Où nos corps s’en vont mourrir. Chaque personne mettant les pieds dans la salle soupirait d’émerveillement face au décor: la salle avait été convertie en banlieue par l’équipe de Pestacle.

Le but: recréer l’esthétique banlieusarde et nostalgique de l’album, ainsi que du vidéoclip de la chanson Janvier vient te reprendre.

Franchement, on peut dire mission accomplie.

Sur le parterre, un tapis de faux gazon faisait office de plancher. Les tables et les chaises avaient été troquées pour de petites maisons blanches au toit noir sur lesquelles les spectateurs prenaient place, réjouis.

Cette mise en scène avait de quoi éveiller des souvenirs chez n’importe quel ex-banlieusard… et de quoi donner des frissons dans le dos à n’importe quel fier citadin! Il faut dire que le décor dégageait une petite énergie à la Edward aux mains d’argent ou Bienvenue à Suburbicon.

 

Relents de Thetford Mines

L’idée est celle de Rosemarie Record, la maison de disque de l’artiste. « Il y avait une certaine nostalgie en lien avec la banlieue puisque je suis retourné vivre chez mes parents, à Thetford Mines [au début de la pandémie] », se souvient Marco Ema. « J’allais marcher, puis je me rappelais des souvenirs des 400 coups que je faisais avec mes chums. »

C’est à ce moment qu’il a perdu ses deux grands-pères et qu’il a appris que sa grand-mère était atteinte de la maladie d’Alzheimer. Ces premiers rapports avec la mort lui ont fait se poser des questions « au sujet de la vie et du temps qui avance », donnant naissance à « une espèce d’album concept », découpé en quatre chapitres.

Les premières pièces d’Où nos corps s’en vont mourrir rappellent de manière nostalgique l’idée de la banlieue vécue à l’adolescence: les bars où on sortait, le fait de connaître tout le monde, les toits de la polyvalente, ceux où on bummait entre chums. »

Plus l’album avance, plus Marco Ema tombe dans les questionnements existentiels, toujours teintés de cette nostalgie banlieusarde

Il y a beaucoup de Thetford Mines dans l’album.

Non seulement cette thématique est-elle parfaitement exploitée avec le décor, mais il s’agit là d’un excellent exemple de débrouillardise et d’optimisation de ce qui peut être fait avec les contraintes qu’imposent les mesures sanitaires.

Charmante performance

À l’ouverture du rideau, encore une fois, c’était l’émerveillement général: la scène était transformée en toit de maison. Au-devant se trouvait Marco Ema devant un micro, guitare à la main. À sa droite, on trouvait Gabriel Lapointe à la batterie et à sa gauche, Jo-Annie Bourdeau aux claviers et synthétiseurs. Le bassiste Henri Kinkead et le guitariste Anthony Cayouette, eux, jouaient directement sur le toit.

Ce décor impressionnant et très imaginatif, il faut dire, restreignait peut-être un peu trop les mouvements des musiciens sur scène, rendant le tout un peu moins dynamique qu’on l’aurait voulu.

Cela ne semble pas décevoir la foule, assez jeune, puisque beaucoup connaissent par coeur les quelques chansons déjà sorties de l’album. Marco Ema commence la soirée avec ses chansons les plus énergiques, se méritant de vives manifestations d’appréciation de la part des personnes présentes. Cris d’encouragement et sifflements fusent de partout alors qu’il annonce une prochaine chanson: Ceci n’est pas une chanson d’amour.

À la moitié du spectacle, il se place au piano, annonçant un changement de tempo. Il prend le temps de mettre la foule en contexte sur la naissance de l’album et des chansons qui vont suivre: ses récents rapports à la mort. Au rappel, il se tient seul sur scène, avec sa guitare acoustique et interprète de manière émouvante la dernière chanson de la soirée.

 

Un projet solo personnel

Où nos corps s’en vont mourir se range dans une certaine tradition de chanson québécoise, mais ce qui en définit l’originalité réside plutôt dans ses textes que dans sa musicalité, selon l’artiste. « Au final c’est un projet personnel. Si ça rejoint des gens, tant mieux, mais je l’ai vraiment fait pour moi », a-t-il expliqué en entrevue avec Sors-tu?

Sur scène, il a pris soin de rappeler plusieurs fois à la foule qu’il ne s’attendait pas du tout à ce que son album génère autant d’excitation: le spectacle de mardi affichait complet.

Il affirme que ce projet solo est également assez différent que ce qu’il fait avec son autre groupe. « Avec Vendôme on est quatre, donc on travaille un peu chacun de notre bord, mais aussi ensemble et c’est plus pour le plaisir, explique-t-il. Les textes sont peut-être un peu moins sérieux, alors que pour cet album, je me permets un peu plus de me poser des questions vraiment existentielles. »

Il compare ses deux projets en affirmant qu’Où nos corps s’en vont mourrir est plus direct, plus pop, alors que « avec Vendôme, le style est peut-être plus exploratoire. » Son groupe et lui préparent d’ailleurs un nouvel album.

Sur l’album de son projet solo, en plus des musiciens présents sur scène lors du lancement de mardi soir, on peut entendre les vois d’Ariane Roy et de Lou-Adriane Cassidy. Ce premier opus sera disponible sur les plateformes de streaming dès le 12 novembre.

En attendant, en plus de Janvier vient te reprendre, Marco Ema a également rendu disponible la chanson Ceci n’est pas une chanson d’amour sur son compte Bandcamp :

Marco Ema sera en spectacle à La Petite Boîte Noire de Sherbrooke le jeudi 11 novembre prochain, ainsi qu’à la salle Dussault de son patelin de Thetford Mines le samedi 20 novembre.

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