POP Montréal 2022 | Bibi Club : Entre synthé glacé et guitare organique

Le groupe Bibi Club est accompagné d’un buzz alimenté notamment par le magazine français Les Inrockuptibles. Ce jeudi 29 septembre, le festival POP Montréal offre l’opportunité de les voir au Ministère pour le lancement de leur album Le soleil et la mer.

Sur une scène minimaliste, on retrouve le couple – dans la vie comme sur scène – composé d’Adèle Trottier-Rivard au chant, au clavier et aux percussions et de Nicolas Basque à la guitare et aux boucles et pistes enregistrées. Il y a quelques années, j’avais eu le plaisir de découvrir la belle voix d’Adèle dans les chansons de Philémon Chante, devenu Philémon Cimon. Depuis, Adèle fait entre autres partie des prestations scéniques de Plants and Animals, groupe dans lequel on retrouve le guitariste Nicolas Basque, second membre de Bibi Club. Basque est reconnu pour son jeu de guitare hors norme et joue avec Pierre Lapointe, Marie-Pierre Arthur et Philémon Cimon.

La formation nous présente une pop très électro au goût des années 80 ; certains éclairages mélangeant bleus et roses nous replongent d’ailleurs directement dans l’époque. Il ne manque que les foulards fluo et les brushings bombardés de spray et je revis une deuxième jeunesse. Si l’aspect synthétique est alimenté par les boîtes à rythmes et les sons de claviers du Prophet, les chansons catchy de Bibi Club prennent leur envol grâce au côté organique de la guitare de Basque. À mon sens, c’est cette opposition entre pistes et synthé très policés et jeu de guitare avec une dose d’improvisation qui font la singularité de la musique du couple.

Le premier morceau Le balcon nous est présenté avec la voix délicate d’Adèle sans aucun effet de réverbération et accompagnée d’arpèges de guitare très sobres. Difficile de ne pas embarquer dans leur univers avec cette approche. Avec une dizaine de titres principalement en français, les compositions faussement naïves du groupe nous conquièrent.

On retiendra le tube Parasite qui sent bon l’été et la piña colada, avec ces chœurs entraînants et cette guitare accrocheuse aux accents très Plants And Animals. Une reprise de Stereolab fera aussi remuer quelques derrières en restant tout de même loin de l’ambiance des raves. Le groupe termine la soirée avec Matin et Femme Lady, accompagné d’une imposante chorale d’amies du groupe. Un dernier titre en rappel et la soirée est terminée. On en aurait bien pris plus : c’est bon signe.

Sur papier, j’étais intrigué, mais pas totalement convaincu par Bibi Club. L’électro pop au goût des années 80, je l’ai vécue et je n’en garde pas vraiment de nostalgie. Sur scène, toutefois, on est bel et bien en 2022 et leur musique accompagnée d’un charisme timide apporte une chaleur et un naturel qui accrochent l’oreille et le cœur.

À découvrir : Le soleil et la mer de Bibi Club :

L’univers très personnel de Thanya Iyer, une invitation au voyage pop

Précédant Bibi Club, Thanya Iyer et son groupe nous ont offert une solide prestation. Thanya Iyer n’est pas une inconnue pour moi : je l’avais découverte en solo, il y a longtemps, en première partie d’un show.

Sa présence ce soir était une autre bonne raison de ma venue. Avec une formation originale composée de batterie, basse, choeurs et harpe avec Thanya au chant ainsi qu’au violon et au clavier, elle nous présente sa pop orchestrale et éthérée plutôt difficile à décrire, quelque part entre une Björk posée et le style ambiant.

Avec un batteur tout en retenue, une basse groovy à souhait, la voix envoûtante de Shaina Hayes et la harpe, Thanya Iyer nous emmène ailleurs et défonce les codes de la pop. On aimerait que cette artiste reçoive davantage de reconnaissance ; peut-être que sa singularité ne l’aide pas à s’imposer.

Le mois dernier, elle a sorti Rest, un EP de cinq titres qui permet d’obtenir un aperçu de son univers.

Still Kicking

En début de soirée, les trois jeunes femmes de Still Kicking nous ont proposé leur pop naïve et décomplexée. Elles sont arrivées sur scène en tenue de soccer : Still Kicking / soccer, vous l’avez compris?

Assurément, ce ne sont pas les plus grandes instrumentistes, mais la batteuse prend toute la place laissée par ses comparses à coup d’abondants fills et de roulements, une compensation bienvenue. Leur pop honnête et bien en place s’écoute avec plaisir.