Pomme au MTELUS | Derrière le phénomène, la douce humanité

Un concert de Pomme juste avant les Fêtes ? Quelle drôle d’idée, pourrait-on penser. Il faut dire qu’avec des thèmes abordant fréquemment la solitude, la mort, le suicide ou l’impossibilité d’enfanter, on est loin de l’ambiance des veillées de danse trad. Et pourtant…

Jamais un spectacle n’aura paru aussi réconfortant et bienveillant que celui de l’artiste française, venue présenter son dernier album Consolation, qui porte décidément bien son nom. La fin d’année est toujours propice à des bilans plus ou moins positifs, mais la passer avec Pomme, c’est comme s’assoir au coin du feu, sous la protection de bras sécurisants (ceux de la personne de votre choix). Teintées de nostalgie, de chaleur humaine et de quelques surprises, les deux heures en sa compagnie ont été un baume, une parenthèse enchantée, une communion énergisante.

Encensée en France où elle a remporté, aux Victoires de la Musique, le trophée dans la catégorie album révélation en 2020, puis celui d’artiste féminine de l’année 2021, Pomme a pratiquement atteint le statut d’icône.

Que ce soit par son univers, ses inspirations, ses engagements politiques et sociaux, elle fédère sans violence et sans formule martelée à plein volume. Sa technique, c’est plus « celle qui murmurait à l’oreille de celles et ceux qui en ont besoin ». Ça marche, et surtout, on réalise que l’on est nombreux et nombreux à avoir besoin de ses murmures.

Elle entre sur scène sans autre forme de procès ni fioritures. D’entrée de jeu, elle louange son équipe, en précisant qu’elle l’aime déjà, bien que son spectacle n’en soit qu’à sa troisième représentation. Puis, elle se saisit de sa guitare, de son clavier ou de son autoharpe, et l’on comprend que cette artiste curieuse, autodidacte, et engageante n’a pas fini de nous surprendre.

Les textes sans tournures alambiquées, à la fois poétiques et accessibles, nous touchent droit au cœur. Si le public manifeste son écoute la plus attentive pour les morceaux de Consolation, la chaleur humaine frappe de plein fouet lorsqu’elle interprète ses précédents titres.  En tête de liste ? Les Séquoias, Soleil, Soleil, et La Lumière pour ne citer qu’eux.

Et puis bien sûr, il y a cette voix, voilée et chevrotante, que l’on pense fragile, prête à briser, jusqu’à ce qu’elle se livre à des envolées puissantes et apaisantes, toujours sans force, avec un naturel désarmant. Et que dire de son duo avec Safia Nolin – sa femme dans la vie – qui en interprétant White Christmas a définitivement lancé les festivités de fin d’année.

Tout cela, c’est la « marque Pomme ». Mais au-delà de l’artiste solide qu’elle est déjà à 26 ans, il y a une personne que nous avons adoré rencontrer. Entre anecdotes personnelles, confidences inusitées d’oublis de paroles (!) et échanges de cadeaux avant l’heure, Pomme nous a conviés à partager son bonheur d’être sur scène, ici à Montréal. Depuis plusieurs années, la ville a une place particulière dans son cœur, comme le dit si bien sa chanson Les Oiseaux, qu’elle n’a d’ailleurs pas manqué d’offrir dans son dernier segment.

Découvrir une jeune femme pleine d’humour et d’autodérision a sans doute été la surprise de la soirée. Pas de distance inutile entre elle et le public, juste une volonté d’être ensemble. Mi-conteuse, mi-chansonnière par moments, on comprend mieux comment elle est capable de rallier cheveux blonds, cheveux blancs et crânes dégarnis.

En totale maîtrise de son spectacle jusqu’au rappel, Pomme a su habilement remplacer la mélancolie qui la caractérise, par des mélodies aux percussions plus marquées en fin de parcours. Et c’est seule – mais bien entourée – qu’elle a terminé la soirée avec les titres, certainement les plus significatifs pour elle, à l’image de Grandiose, qui a arraché quelques larmes dans l’assistance.

Folk intrigante, intimité rêveuse, élégance sobre : peu importe comment on la perçoit, Pomme est à sa façon, une bête de scène qui se déploie hors des murs pour s’inviter dans les nôtres, et qui mérite bien plus qu’une liste à écouter sur un téléphone. Vous cherchiez une ambiance durant les fêtes ? Relaxez, faites jouer ses albums, et tombez vous aussi sous le charme.

 

Photos en vrac

Pomme

 

Bibi Club (première partie)