Pleurer Dans’ Douche et Espace Go osent un.e nouvel.le Jeanne d’Arc

Pour ouvrir sa première saison à la tête de la direction artistique du Théâtre Espace Go, Édith Patenaude a mis le cap sur deux artistes dont les pièces engagées créent déjà la réputation de leur compagnie Pleurer Dans’ Douche : Geneviève Labelle et Mélodie Noël-Rousseau. Sors-tu? a discuté avec iels de leur plus grosse production en carrière, Moi, Jeanne, qui débarquera à l’Espace Go le 24 septembre prochain.

Moi, Jeanne, initialement I, Joan, est née en 2022 des mains de l’acteur et écrivain Charlie Josephine, à Londres. Le concept de l’oeuvre est des plus simple, mais pas des moins controversé : une relecture de l’histoire de Jeanne d’Arc, mais en y mêlant la question suivante : et si la populaire figure était en fait non-binaire?

« Le théâtre n’est pas là pour donner des réponses, mais pour poser des questions », précise Mélodie Noël-Rousseau, qui assure la mise en scène avec Geneviève. Elle pointe du doigt une forme de confusion autour de la pièce, comme si les intentions de cette dernière étaient de présenter l’identité de genre de Jeanne d’Arc comme un fait historique. « On ne réécrit pas l’histoire, poursuit Mélodie. On se demande plutôt ce qu’elle serait si elle n’était pas écrite par des hommes. »

Avant même la première au Théâtre du Globe de Londres, I, Joan avait suscité commentaires et indignation. « L’ignorance fait réagir les gens, avance Geneviève. On a donc bien peur de ce qu’on ne connaît pas! »

Et pourtant, Moi, Jeanne « pourrait être bien plus militante ». Aux yeux de Geneviève, on a plutôt affaire à « une porte d’entrée douce », mais pas moins essentielle, sur les réalités des personnes issues de la diversité de genre. Plusieurs femmes pourront aussi s’y reconnaître, selon iel : « Jeanne se fait mansplain pendant une heure et demie, c’est carrément ça [rires]. »

C’est d’ailleurs par le biais de la polémique que les deux créateur.ices ont été mis.es en contact avec la pièce. Une personne de leur entourage s’est indignée de son propos, ce qui les a plutôt amusé.es. À la première lecture du prologue, « on est devenues super émotives, raconte Geneviève. On s’est dit : il faut monter ça avant que quelqu’un d’autre l’attrape! On sentait l’urgence. »

Un coup de cœur qui a mené sans trop d’entraves à une production d’envergure traduite par Sarah Berthiaume, composée de 12 interprètes et portée par une mise en scène éclatée, à l’image de Pleurer Dans’ Douche. Charlie Josephine, grand féru de la création selon Mélodie et Geneviève, a accepté toutes leurs coupures et modifications. « Il est très flexible, donc on a pu se permettre beaucoup de libertés », détaille Mélodie.

Un aperçu non exhaustif de ces libertés : des drag kings, des marionnettes, de la danse, de l’escalade, des « jokes médiévales » et le renforcement de la réputation selon laquelle Pleurer Dans’ Douche « aime beaucoup les accessoires ».

La coproduction d’Espace Go a permis aux deux artistes de bénéficier de « plein de temps pour créer, s’amuser, trouver les gags » d’une pièce déjà « remplie d’humour », plutôt que de « porter tous les chapeaux » comme iels en ont l’habitude au sein de leur propre compagnie théâtrale.

Moi, Jeanne, le « gros party » de Geneviève Labelle et Mélodie Noël-Rousseau, débutera ses représentations le 24 septembre prochain pour s’étirer jusqu’au 20 octobre. Les billets sont disponibles ici.

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