crédit photo: Thomas Mazerolles
Razor

Piranha Pit Fest : dans la fournaise du speed metal avec Razor, Whiplash et Skull Fist

C’est un Piranha Bar plein à craquer, jusqu’au plafond où grimpaient les crowd-surfeurs, qui a accueilli ce beau plateau de thrash / speed métal pour la première édition du Piranha Pit Fest. On y retrouvait notamment les légendes canadiennes de Razor, les vétérans américains de Whiplash, les leaders de la New Wave of Canadian Heavy Metal, Skull Fist, ainsi que le trio de Québec Warsenal et la nouvelle horde locale de Drowning in Blood. Une très belle affiche qui a réuni nouvelles et anciennes générations d’amateurs de thrash, heavy, speed et autres mouvances métalliques rythmées au D-Beat dans un chaos humide et alcoolisé.

C’était aussi une occasion pour beaucoup de faire l’expérience du nouveau Piranha Bar, un peu plus grand et haut de plafond. La température est montée au fur et à mesure, au sens propre et figuré, avec la salle qui se remplissait de plus en plus et les groupes qui montaient le niveau d’intensité.

Drowning In Blood et Warsenal

Le jeune trio Drowning in Blood brisait la glace avec fracas, dans un genre inspiré par les Havok et consorts du thrash moderne, très crossover, non sans une certaine variété, comme cette inattendue reprise de Johnny Cash, et des morceaux parfois plus mélodiques, parfois plus violents, se cherchant peut-être un peu, mais sans jamais baisser d’intensité et de passion à chaque morceau, un groupe à suivre.

La formation de Québec, Warsenal, prenait la suite avec un thrash métal plus technique, restant brutal et rapide, mais s’aventurant dans des structures rythmiques et riffs presque progressifs, des morceaux intéressants avec des musiciens en maîtrise totale de leur élément, voyant la salle se remplir un peu plus et le mosh-pit s’agrandir.

Skull Fist

La scène était alors prise d’assaut par le groupe le plus mélodique et chevelu de la soirée, Skull Fist, un des fers de lance de la nouvelle scène heavy metal canadienne. L’expérience parle et les Torontois, qui revenaient à peine d’une tournée européenne, envoient une performance impressionnante malgré les conditions sonores qui n’ont pas l’air facile, en maîtrise absolue de leurs hymnes, chantés en chœur par beaucoup de fans dans le public. Des morceaux comme Ride The Beast, Get Fisted ou You’re Gonna Pay font lever les poings dans les airs, ou le récent Long Live The Fist du dernier album, qui s’avère excellent en concert.

Ça shred dans tous les sens, les guitaristes s’en donnent à cœur joie dans d’épiques harmonies et envolées pentatoniques. L’énergie du groupe est communicative, le chanteur plongeant dans la foule pendant le classique Heavier Than Metal et s’agrippant aux poutres du plafond. Le groupe finit en rappel par Head of The Pack, mais sans jouer leur hymne No False Metal. Une fois de plus, Skull Fist met les poings sur les crânes, s’imposant comme un des meilleurs groupes de heavy actuel du pays.

 

Whiplash

Le sol devient de plus en plus collant entre la sueur et la bière, et le mosh-pit repart de plus belle avec une légende du thrash, les américians de Whiplash, menés par Tony Portaro au chant et à la guitare depuis 1984. Il est accompagné de deux excellents musiciens, dont un batteur qui semble un peu s’être trompé de spectacle et sortir de Blink 182 qui jouait ce même soir, mais impressionne par la constance de son D-Beat qui groove sans relâche, notamment pendant ce problème technique et changement de guitare où basse et batterie n’ont jamais arrêté de jouer.

À soixante-deux ans, Tony Portaro est impressionnant, arpentant la scène du Piranha, n’ayant pas perdu la maîtrise de ses riffs de guitare redoutables qui font toute la force de Whiplash, de The Burning of Atlanta à Last Man Alive en passant par Walk The Plank, Spit On Your Grave, ou le superbe Power Thrashing Death et son riff infernal qui vient clouer en force une solide prestation.

Razor

L’acte final était très attendu, étant donné la rareté de voir en action cette légende du métal canadien, Razor, un des grands noms de la scène speed canadienne auprès d’Exciter et Sacrifice.

Et si leurs albums des années 80 sont d’une production très à l’ancienne, les morceaux prennent une toute autre dimension en concert, s’avérant incroyablement puissants et incisifs, avec des riffs tranchants comme des lames de rasoirs, de Instant Death, Cross Me Fool ou Cut Throat, des tueries qui font exploser le mosh-pit. Le groupe présente aussi quelques pièces de leur récent album Cycle Of Contempt.

Il faut saluer la performance de Dave Carlo, guitariste et fondateur, approchant la soixantaine, atteint de la maladie de Stargardt le rendant partiellement aveugle, mais toujours sur scène pour le bonheur d’un public de passionnés complètement survolté.

Le chanteur Bob Reid fait une bonne performance vocale, restant un peu en retrait entre les morceaux où Dave Carlo s’adresse au public. Razor conclue en force cette soirée, imposant son statut au panthéon du speed métal avec des pièces comme Take This Torch et le classique Evil Invaders, absolument redoutables en concert.

 

 

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