crédit photo: Emilie Morin + Priscilla Guy
Peau

Peau à l’Agora de la danse | Le corps à l’écran et comme écran

Les chorégraphes Émilie Morin et Priscilla Guy présentent leur première cocréation intitulée Peau à l’Agora de la danse du 22 au 25 novembre 2023. Mêlant arts numériques et danse contemporaine, ce spectacle de 60 minutes incite le public à l’introspection dans son rapport à l’image. Interpelés par la qualité cinématographique des 30 secondes de vidéo promotionnelle du projet (voir ci-bas), nous nous sommes entretenus avec la cocréatrice Émilie Morin.

Questionnement sur la représentation du corps des femmes à l’écran et sur scène

Émilie Morin et Priscilla Guy collaborent en vidéo-danse — ou en danse filmée, si vous préférez — depuis 2011. Y être filmée et se voir ensuite danser à l’écran ont eu un impact positif pour Émilie. Loin de l’objectification de la femme et de son image dans la société actuelle, elle se sentait comme un « sujet vivant ». Après cinq court-métrages en tant qu’interprète, Émilie passe maintenant au rôle de chorégraphe.

Peau se présente logiquement dans la prolongation des collaborations précédentes. Le projet questionne le rapport à l’image avec une approche chorégraphique contemporaine. La peau est aussi notre interface avec le monde. Cet organe bourré de terminaisons nerveuses est aussi la première chose que l’on voit de nous.

Lors de notre conversation, Émilie utilise plusieurs fois les termes peu usités de « ciné-chorégraphie ou vidéo-chorégraphie en direct ». Elle nous explique que « c’est un peu comme si on assistait au making-of au cinéma » et qu’on pourra ainsi observer les interprètes créer leur propre images. Elle décrit que « tout objet ou matière peut être un écran ».

La peau est une matière réflective qui permet de ressentir et produire des images (…). Les tissus, le corps humain, tout peut devenir un écran, créer une image.

En observant les interprètes produire et regarder des images d’elles-mêmes, le spectacle rendra ainsi le public témoin d’un changement de perspective en direct. La mise en abyme est intéressante et poussera certainement à l’introspection.

Arts numériques, oui… mais low-tech

Dès le début de l’entrevue, nous réaliserons rapidement que si Peau est un spectacle d’arts visuels, il n’est pas guidé par une passion pour la technologie, mais bien « parce qu’elles sont presque devenues invisibles tellement elles font partie de notre quotidien ».

La technologie nous désincarne… certaines technologies sont aliénantes (…). Avec Peau, ce qu’on veut, c’est montrer à travers la danse comment on peut avoir un rapport plus bienveillant, plus dans le plaisir.

Ramener de la chaleur et de l’humanité à des technologies froides et les rendre plus humaines, c’est tout un défi. Pour ce faire, une approche low-tech a été privilégiée. Sur une scène épurée, Priscilla et trois autres interprètes évolueront accompagnées de cellulaire ou d’ordinateur portable avec une esthétique DIY – Do it yourself (Fais-le toi-même, N.D.L.R.).

Quelques valises : voilà tout ce dont Peau a besoin pour se déplacer d’une scène à l’autre. « Dès le début du projet on voulait être très autonomes au niveau technique et pouvoir s’adapter [à tout lieu de spectacle] », nous indique-t-elle.

Travail collaboratif de longue haleine

Quatre ans se sont écoulés entre la conceptualisation du projet et sa première représentation ce mois de novembre. Au duo Émilie+Priscilla s’est joint une équipe complète venue enrichir et développer le concept de base. Émilie insistera sur le fait que si les deux chorégraphes prennent les décisions sur le projet, le processus créatif et le développement de la courbe dramaturgique ne peut être réduit à leurs seules contributions. Elle souligne notamment le rôle essentiel de toute l’équipe au niveau artistique (MC. Forté), sonore (E. Millar et M. F. Côté), lumière (J. Cleveland) et scénographie (J. Vallée-Léger).

Au moment d’écrire ces lignes, l’équipe de création se prépare à entrer dans ses dernières semaines de résidence à l’Agora de la danse. Ces semaines seront les premières et dernières passées ensemble par l’équipe complète. Elles permettront l’intégration d’un travail de plusieurs années, fruit d’une collaboration qu’Émilie qualifie de précieuse.

Peau est en représentation du 22 au 25 novembre à l’Édifice Wilder.  Détails et billets ici. « Paroles d’artistes », une discussion organisée entre les artistes et le public, se tiendra le jeudi afin de répondre à toutes les questions/réflexions des spectacles après la représentation. Quand nous interrogeons Émilie sur la suite, elle nous répond du tac au tac qu’une stratégie de diffusion du projet fera suite aux représentations, avec pour objectif d’ajouter d’autres dates à l’agenda!


* Cet article a été produit en collaboration avec l’Agora de la danse.

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