Orchestre Symphonique de Montréal

OSM | Le dernier tour de piste de Kent Nagano avec 3 concerts d’adieux

On l’aura appris en octobre dernier : le Maestro émérite de l’OSM, Kent Nagano, n’allait pas renouveler son contrat. Après plus de 16 ans à Montréal, le chef d’orchestre américain sera bientôt remplacé par le Vénézuelien d’origine Rafael Payare.

Force est d’admettre que Nagano aura été particulièrement important pour le développement de la musique classique et une remise au goût du jour de l’OSM durant son mandat. L’organisation n’allait donc certainement pas le laisser partir sans une célébration spéciale, COVID-19 ou pas.

Trois concerts spéciaux seront offerts au grand public dans les prochaines semaines, et tous pourront y assister dans le confort de leur salon. Je dis « seront », mais le premier est déjà disponible en visionnement depuis mardi dernier et il n’est pas piqué des vers!

Nagano s’est toujours spécialisé dans les œuvres modernes, avec une affection particulière pour les compositeurs post-romantiques notamment, et ça paraît dans les sélections finales du maestro pour ces trois concerts d’adieux. Si les Beethoven, Bach, Haydn et Schubert s’y taillent une place sans surprise, l’OSM nous offrira tout de même quelques surprises. On pourra en effet entendre Stravinsky, Poulenc et même Paul Hindemith, compositeur allemand généralement peu connu.

 

Premier concert : de Hindemith à Poulenc

Dans le cadre du premier concert, intitulé De Beethoven à Poulenc : Kent Nagano entre réflexion et raffinement, c’est justement une œuvre de Hindemith qui vient ouvrir le trio de pièces sélectionnées. Son Kammermusik no 1 (op 24), écrit dans les années 1920, est interprété pour la première fois à Montréal. La pièce se caractérise par son modernisme, son urbanité frénétique, que l’on entend dès les premières mesures du premier mouvement Sehr schnell und wild (Rapide et sauvage). Le troisième mouvement de la composition d’une quinzaine de minutes se fait par la suite plus lent, presque méditatif par moment, malgré certaines dissonances intéressantes. Salutations d’ailleurs au joueur de triangle, astucieusement placé en gros plan pour chacune de ses notes. Grosse job de réal!

La pièce se termine finalement sur un quatrième mouvement mettant de l’avant un piano menaçant à la Jaws et une conversation musicale particulièrement intéressante entre vents et cuivres.

Le concert se poursuit avec le Concerto pour orgue en sol mineur (FP 93) de François Poulenc, sa première composition pour orgue et l’une de ses toutes premières commandes de mécénat. La pièce avait été écrite pour Winnaretta Singer, l’héritière de la célèbre compagnie de machine à coudre et aussi Princesse de Polignac, à une certaine époque. Comme quoi ce sont toujours les mêmes qui ont tout.

Bref, la sélection musicale a été faite dans le but de mettre de l’avant le Grand Orgue Pierre-Béique, que l’on doit notamment à Nagano, durant l’un de ces concerts d’adieux. C’est mission accomplie, grâce à la virtuosité du soliste Jean-Willy Kunz, attaché à cet orgue en particulier depuis 2013. Malheureusement, le son capté ne rend pas totalement justice à l’interprétation de la pièce, l’orgue enterrant à quelques reprises le reste de l’orchestre et principalement les percussions, ce qui n’aurait potentiellement pas été le cas en salle. Petite critique que je me permets ici.

L’orchestre termine avec des effectifs plus élevés, mais toujours distanciés et masqués, sur une interprétation de la Deuxième symphonie de Beethoven. Probablement la plus méconnue des neuf, la deuxième se caractérise par une tension assez prenante. Le compositeur découvrait en effet lors de sa composition sa surdité naissante et a transcrit ses sentiments sur ses partitions. Ça transparaît tout particulièrement sur le premier mouvement de la symphonie, l’un des plus longs jamais écrits d’ailleurs, que l’orchestre interprète avec brio. Le choix détonne toutefois après deux pièces résolument modernes. On retombe ici entre classicisme et romantisme, après deux sélections plus modernes et exigeantes, probablement pour offrir un petit crowd pleaser au public en fin de concert. L’interprétation reste très bien ceci dit, mais le Concerto pour piano et instruments à vent de Stravinski, prévu pour le deuxième rendez-vous musical aurait pu très bien faire l’affaire.

Source

 

Ce que l’on retiendra donc de ce premier concert de trois, c’est que Nagano est toujours au sommet de son art. Les caméras le captent souvent souriant, toujours très expressif, et en symbiose avec son orchestre. La captation est réellement d’une qualité exceptionnelle et offre réellement le meilleur hommage possible au chef d’orchestre dans les circonstances actuelles.

De Beethoven à Poulenc : Kent Nagano entre réflexion et raffinement est encore disponible en visionnement jusqu’au 30 mars. Les autres captations suivront respectivement les 16 et 23 mars.

Pour plus de détails et des billets, visitez le site de l’OSM.

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