crédit photo: Nadim Zakkour
SZA

Osheaga 2024 – Jour 3 | SZA et sa grotte enchantée

Osheaga poursuivait son filon des dernières années en confiant la tête d’affiche d’une de ses soirées à une artiste pop, après les succès retentissants de Dua Lipa (2022) et Billie Eilish (2023) — et on pourrait ajouter dans cette intention la présence prévue de Lizzo pour l’édition annulée de 2020 — en accordant son spectacle de clôture 2024 à SZA.

Bien qu’on ne puisse rien reprocher à Solána Imani Rowe (de son vrai nom) sur le plan vocal, ni de la mise en scène, force est d’admettre que n’est pas Billie ou Dua qui veut. Mais c’est peut-être mettre la barre trop haut.

SZA est l’une des chanteuses les plus écoutées sur les plateformes en ligne : plusieurs de ses titres dépassent le milliard d’écoutes.  Avec des titres comme Snooze, Kill Bill, Good Days, Saturn et Nobody Gets Me, c’était assuré que les fans afflueraient et que la réaction serait bonne.

SZA a même réussi le défi délicat d’inclure à la fois une chanson qui l’a fait connaître par sa collaboration avec Kendrick Lamar (All the Stars, tirée de la bande sonore de Black Panther) et une autre par sa collaboration avec Drake (l’insipide mais populaire Rich Baby Daddy parue sur l’album de 2023 de Drizzy, avec aussi Sexxy Red) sans créer d’incident diplomatique!

Sa scène prenait la forme d’une grotte gigantesque au décor fantastique. Elle va même interpréter Garden sur le dos de fourmis.

Mais voilà : sa musique plutôt R&B et soul, souvent downtempo, ne permet pas une prestation aussi éclatante que ses deux contemporaines pop qui ont tenu la tête d’affiche des deux dernières éditions. C’est une autre vibe complètement. Sa présence scénique est également moins invitante et époustouflante, peut-être en raison de son genou gauche qui semble toujours l’achaler. Les chorégraphies font souvent un peu cheap, limite bar de danseuses. Surtout lorsqu’elle offre un lapdance à un automate sur Snooze.

N’empêche, l’énergie varie un peu sur des chansons comme F2F, plus rock légèrement, ou encore la très bonne Kiss Me More, sa collaboration énergique avec Doja Cat.

Photo : Nadim Zakkour.

Les fans embarquent à pleins poumons pour des chansons comme I Hate U, la charmante Normal Girl qui rejoint le jeune public en exprimant cette propension à juste vouloir être normale et comme tout le monde, et la balade acoustique 20 Something en toute fin de prestation.

Le spectacle d’un peu moins d’une heure et demie aura été un moment marquant de la journée, mais en termes de grand spectacle pop de clôture, ça manquait tout de même un peu d’éclat.

Stephen Sanchez, Jungle et le doublé rock de l’heure du souper

Plus tôt en soirée, on a fait la découverte du charmant crooner de 20 ans Stephen Sanchez. Le jeune homme de Nashville porte un habit country à franges, assume totalement son côté « gendre que ta mère va aimer plus que toi », et prétend (avec raison) « écrire des chansons autant pour ta grand-mère que ta blonde ».

Par moments, son petit trémolo à la Orbison (sur Be More, notamment) est totalement séduisant  – son chant est d’ailleurs spectaculaire! — et d’autres fois, on se demande où il s’en va avec son approche pastorale, comme la chanson un peu moins kitsch Just Let Me Into Your Heart.

Sanchez multiplie les regards complices et séducteurs à la caméra et danse allégrement, tel un chanteur de charme des années rock’n’roll.

Photo par Pierre Langlois.

Son hit Until I Found You colle au cerveau, et démontre bien le potentiel de l’artiste.  Belle découverte.

Également en soirée, le groupe Alvvays a été égal à lui-même avec une solide prestation dream pop, menée par la statique mais très bonne chanteuse Molly Rankin.

C’est toujours un peu la même chose, mais on ne s’en lasse pas (si c’est votre genre).

Photo par Pierre Langlois.

Du côté des scènes Verte et Vallée, l’excellente formation anglaise Jungle a donné une leçon de comment-faire-un-bon-show au paresseux rappeur belge Hamza. Mais le jeune collègue belge Sami Rixhon aura sans doute un point de vue plus nuancé dans son article

Sur ces mêmes scènes, les groupes rock DIIV et Amyl & The Sniffers ont dû composer avec une météo menaçante mais finalement pas si mal.

Après trois jours de soleil de plomb, le ciel s’est assombri comme par magie juste avant la performance shoegaze et cold wave de la formation de Brooklyn DIIV, que le Toronto Star décrit très justement comme ayant « créé une trame sonore pour l’écroulement social ». Une approche anxiogène mais étrangement magnétique, qui défoule et angoisse à la fois. Très convaincant.

Photo par Pierre Langlois.

Du côté du groupe australien Amyl & The Sniffers, ils ont été à la hauteur de leur réputation en foutant joyeusement le bordel avec leur rock’n’roll furieux et sans détour, mené par la très charismatique chanteuse Amy Taylor. Le genre de show dont on se rappelle plusieurs jours après le festival, comme l’analyse dans plus de détails le collègue ici.

Grille de chansons (SZA)

PSA
Love Galore
Go Gina
Broken Clocks
All the Stars
Prom
Garden (Say It Like Dat)
Drew Barrymore
F2F
Forgiveless
Ghost in the Machine
Blind
Shirt
Kiss Me More
I Hate U
Snooze
Kill Bill
Low
Supermodel / Special
Nobody Gets Me
Normal Girl
Saturn
Rich Baby Daddy
The Weekend
Good Days
20 Something

Nos photos en vrac

SZA

Stephen Sanchez

Photos par Pierre Langlois.

Alvvays

Photos par Pierre Langlois.

DIIV

Photos par Pierre Langlois.

Événements à venir

Vos commentaires