Osheaga 2024 – Jour 3 | Le ciel comme épée de Damoclès
On a failli pas y arriver. On a eu chaud (littéralement, comme au sens figuré). Entre soleil cuisant, pluie capricieuse et risques d’orages qui ont plané des heures durant, le climat aurait bien pu gâcher, hier, cette magnifique fête estivale qu’est Osheaga. Mais non, tous ont tenu bon, on s’est serré les coudes, et le festival montréalais a bel et bien pu clôturer ce dimanche sa 17e édition en beauté, avec une programmation qui tendait vers la musique urbaine, destinée majoritairement à un jeune public.
Sors-tu? a fait un hipster de lui-même en boycottant une bonne partie de la soirée les grandes scènes d’Osheaga, dans l’optique d’aller supporter ces artistes de la relève, peu expérimentés aux scènes De la vallée et Verte. On commence avec Justice.
Que Justice soit faite
Sans continuer dans l’ironie, le mythique et respecté duo français Justice, qui avait notamment pris part aux éditions 2012 et 2017 d’Osheaga, prenait place sur les planches dans la curiosité et la ferveur la plus totale, peu avant 22h. L’introduction oppressante laisse place à une grande croix en éclairage derrière eux, alors que de Rosnay et Augé s’adonnent d’entrée de jeu à livrer une superbe version de Genesis, de leur premier album, †, enchaînant naturellement sur Phantom et sa partie deux.
Face à face, dos à dos, dos à face (ça se dit?) : toujours inébranlables et muets, Justice laisse l’hypnotisante musique parler d’elle-même. Chaque drop est minutieusement pensé, parfaitement maîtrisé, et laisse place à une pluie d’éclairages tous plus impressionnants les uns que les autres.
Justice faisait paraître plus tôt dans l’année l’album Hyperdrama, son premier disque en huit ans. Le duo présente des morceaux du projet comme Neverender, avec la magnifique et planante voix de Kevin Parker, Mannequin Love ou Generator, qui se marient à merveille avec les titres de ses anciens projets.
Le public, aux alentours, hoche frénétiquement de la tête, se laisse transporter par la mélodie des sombres synthétiseurs, ferme les yeux pour faire danser la musique de plus belle dans son esprit… Tout ça pendant que la superstar SZA, qui n’était pas venue à Montréal depuis sept ans, performe à quelques centaines de mètres de la scène Verte.
Ce choix de venir voir le live de Justice pour clore son festival semble audacieux, mais il en a aussi valu la chandelle. Les intéressés pourront confirmer.
Le strict minimum
Encore sur la scène Verte, deux heures plus tôt, le rappeur belge Hamza livrait une performance décevante par rapport aux standards de l’artiste sur album. Sauce God, de son surnom, balance d’abord coup sur coup Codéine 19, Free YSL et Sadio, simplement les trois plus grands succès de son dernier album, l’excellent Sincèrement.
Sauf que, bien honnêtement, ça manquait fort de piquant comme performance. Hamza rappe une phrase sur deux, caché derrière ses lunettes fumées, et conserve comme il le peut son attitude décontractée et ténébreuse.
En clip, les caractéristiques propres au personnage, assumées, se font parfaitement ressentir, accentuent la qualité du produit. Sur scène, la nonchalance ne paie pas et ne paiera jamais.
Et le pire dans tout ça? Les membres du public sont satisfaits. Tant qu’ils arrivent à capturer une courte vidéo de Hamza à 10 mètres pour envoyer à leurs amis, la soirée est une réussite. La complaisance dont fait souvent preuve le public de rap ne contribue pas à la cause, il ne forcera pas, à long terme, les artisans du genre à se bouger pour rendre un concert attrayant.
Généraliser n’est souvent pas la solution, mais ce genre de situation arrive simplement trop régulièrement…
L’art de la fête
En à peine une chanson, le collectif Jungle a montré à Hamza à quoi doit ressembler un vrai concert, quelques secondes suivant la fin de la performance du rappeur.
Les Anglais débutent avec leur plus grand succès, Busy Earnin’, lancé il y a dix ans déjà, avant de poursuivre sur Candle Flame et Dominoes. Tout le monde danse sur le parterre. Littéralement, tout le monde.
Jungle a ce don, celui de décrocher un sourire au plus grand des grincheux, celui de faire déhancher le plus timide des introvertis. La nuit tombe complètement pendant la performance du groupe, laissant la chance au public d’apprécier comme il se doit les sublimes éclairages tirant majoritairement vers des teintes orangées, rappelant la pochette du dernier album lancé par le collectif, Volcano.
Back on 74, Heavy, California, Casio… Hit après hit, la formation articulée autour de Lloyd-Watson et McFarland détient déjà une discographie qui ferait saliver de vieux groupes.
La meilleure performance vue ce dimanche, et de loin.
Des ballons de plage sont lancés dans le public, qui rebondissent pendant les quelques dernières chansons offertes par le groupe. L’esprit est léger, il fait bon.
C’est encore l’été, bon Dieu profitons-en.
L’appel du tonnerre
En début de soirée, le groupe australien Amyl and the Sniffers a offert une admirable performance… en deux temps! Après une quinzaine de minutes convaincantes, un message s’affiche sur tous les écrans du festival, forçant Amyl and the Sniffers à quitter la scène : « Attention, de mauvaises conditions météo nous forcent à interrompre la programmation pour une période temporaire. »
La confusion règne, MétéoMédia et autres applications du genre annoncent des risques d’orages pour 17h, 20h, 22h… Les bars ferment, le public ne sait où se diriger. Les festivaliers s’appellent entre eux, certains en panique.
Sans réelle autre annonce, le message disparaît d’un coup des écrans, et Amyl and the Sniffers recommence comme si de rien n’était sa prestation. Tout l’horaire sera décalé d’une vingtaine de minutes, pour ne pas faire de frustrés.
Sur une base punk, les riffs hark rock et le charisme fou de la chanteuse, Amy Taylor, permettent de décrocher en moins de deux des pogos au-devant du parterre. Un groupe à suivre, il n’a lancé que deux albums et saura réserver de belles choses pour la suite.
Un peu d’amour pour la scène locale
En milieu d’après-midi, les infatigables Clay and Friends se produisaient sur la scène De la montagne devant un public peu connaisseur, occasion plutôt rare pour le groupe qui headline pratiquement tous les autres festivals au Québec.
Fidèle à lui-même, Mike Clay fait monter la sauce avec son aisance scénique et sa confiance, chose compliquée compte tenu du créneau horaire accordé au groupe.
« La musique que vous écoutez est faite à un kilomètre d’ici! », lance Clay avant Bouge ton thang, alors que des succès comme CNQDL, OMG et Going up the Coast se font aussi entendre pendant la performance.
Une valeur sûre pour un festival, toujours un plaisir d’apprécier la Musica Popular De Verdun sur scène.
Non loin de là, à 16h, Loïc Lafrance, finaliste des dernières Francouvertes, jouait pour les sessions Sirius XM. L’artiste que l’on a connu avec les cheveux rouges, puis comme cow-boy blond, arbore maintenant des cheveux verts et semble être entré dans une phase artistique encore plus chaotique que la dernière.
Lafrance présente notamment La peur est une fleur, single lancé pendant l’été.
Les dates de la prochaine édition d’Osheaga sont déjà connues alors que le festival montréalais se tiendra du 1er au 3 août 2025.
Photos en vrac
Justice (photos par Pierre Langlois)
Jungle (photos par Pierre Langlois)
Hamza (photos par Nadim Zakkour)
Amyl and the Sniffers (photos par Pierre Langlois)
Clay and Friends (photos par Pierre Langlois)
Loïc Lafrance (photo par Pierre Langlois)
D’autres photos en vrac…
Tyla (photos par Nadim Zakkour)
RAYE (photos par Nadim Zakkour)
Kevin Abstract (photos par Nadim Zakkour)
Elyanna (photos par Nadim Zakkour)
- Artiste(s)
- Amyl and the Sniffers, Clay and Friends, Elyanna, Hamza, Jungle, Justice, Kevin Abstract, Loïc Lafrance, RAYE, Tyla
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Parc Jean-Drapeau
- Catégorie(s)
- Electro, Funk, Hard rock, House, Indie, Pop, Punk, Québécois, Rap/Hip-hop, Rock,
Événements à venir
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