Olivia Newton-John

Olivia Newton-John and Friends au Théâtre Capitole | Entre lumière, nostalgie et maladresses touchantes

Il y a des soirs où les projecteurs éclairent plus qu’une scène : ils révèlent un rêve porté à bout de bras, une passion sincère, et ce besoin viscéral de faire vivre la musique. C’est ce qu’offrait « Olivia Newton-John and Friends, présenté dimanche soir au Théâtre Capitole. Sur cette scène mythique de Québec, Monya Mathieu, pimpante, énergique, rayonnante, a tenté de faire revivre la magie des années 1970 et 1980, entourée de choristes et musiciens tout aussi investis. Un hommage à l’icône Olivia New-John, coloré, lumineux, parfois touchant, parfois maladroit, mais toujours habité par le désir d’émouvoir.

Dès les premières notes, l’ambiance disco s’installe : pantalons noirs à paillettes pour les musiciens, robes blanches étincelants pailletées pour Monya et ses choristes. Le ton est donné. Ce sera une soirée rétro, festive, pleine de souvenirs musicaux. Pourtant, derrière les paillettes et les refrains familiers, quelque chose accroche. La mise en scène, bien qu’ambitieuse, manque de finesse. Elle a des allures de production collégiale, où la bonne volonté compense (presque) l’absence de direction artistique professionnelle.

À 20h48, un moment d’égarement expose les failles du spectacle : une vidéo lancée trop tôt par la régie déstabilise l’artiste, qui semble perdre ses repères. Plus tard, un spectateur lui signale que les lumières sont trop vives sur scène, amorçant un échange cocasse, presque surréaliste. Plus tard encore, loin de cacher son malaise, elle admet avoir oublié sa set list en coulisse et devoir demander à son musicien les chansons à venir. Des instants qui, bien que sympathiques, ajoutent à l’impression d’un enrobage amateur, où rien ne semble totalement rodé.

Les interventions parlées de Monya, souvent maladroites, tombent à plat. Des blagues, pas très drôles, des anecdotes sans réelle portée, comme si on avait voulu meubler sans vraiment savoir quoi dire. Un moment attendu, celui où elle chausse des patins à roulettes, déçoit : elle se contente de chanter une chanson en les portant, sans esquisser de mouvement. L’effet tombe à plat, encore une fois.

Côté costume, Monya ose et brille. Littéralement. D’abord avec une robe avec paillettes, ensuite avec une robe munie de lumières intégrées, puis avec une robe noire ornée de bling-bling et de franges argentées. Le tout, combiné à la scénographie, tend à un esthétisme qu’on pourrait qualifier de quétaine, mais assumé. Comme si le clinquant venait servir le manque de profondeur de la conception du spectacle.

Les chansons sauvent la mise

Il faut cependant reconnaitre les moments forts, ceux qui reconnectent le public à l’essentiel : la musique. C’est à la huitième chanson, Magic, que la salle commence à réagir avec enthousiasme. Puis vient Xanadu, et cette fois-ci, c’est une chorégraphie réussie qui arrache des sourires. Enfin, le lien se crée, l’énergie circule.

La voix de l’artiste se fait particulièrement juste et touchante sur Country Roads de John Denver, qu’elle reprend avec une émotion palpable. C’est simple, beau, sans artifice, et cela fonctionne. Le duo avec Olivier Caron sur Island In the Stream est tout aussi réussi. Olivier, dans le rôle de Johnny, livre une performance solide. Il habite la scène avec assurance, sa voix résonne avec justesse, et sa présence apporte une belle stabilité à l’ensemble. La première partie se termine sur Dancing Queen d’ABBA, un classique qui soulève la salle.

Après l’entracte, le spectacle reprend avec un souffle nouveau. Quatre chansons de Grease sont enchainées, et tous les artistes sont habillés comme les personnages du film. Dès Summer Nights, la magie opère enfin. L’auditoire est conquis, les voix se font entendre dans la salle, les visages s’illuminent. La deuxième partie commence en force et surpasse nettement la la première. Plus fluide, mieux enchainée, plus cohérente dans son ton, elle révèle tout le potentiel du projet.

Avant de conclure, Monya annonce qu’il s’agit de sa dernière chanson… Mais laisse entendre qu’elle reviendra si le public demande un rappel. Un détail qui, encore une fois, donne au tout une allure de spectacle semi-improvisé, comme s’il manquait un fil conducteur bien tissé. Après les dernières notes, alors que le spectacle est fini depuis un moment, les artistes descendent dans la salle pour retrouver leurs proches. Un moment attendrissant, certes, mais qui renforce l’impression d’un évènement à petite échelle, intime, presque familial.

Ce serait facile d’arrêter là et de conclure que Olivia Newton-John and Friends manquait de finition. Mais ce serait occulter l’essentiel : sur scène, il y avait du talent. Beaucoup de talent. Monya Mathieu, cette femme dans la cinquantaine qu’on ne connait pas encore à la hauteur de son potentiel, est une véritable boule d’énergie. Elle chante avec coeur, elle brille de passion. Et avec une meilleure mise en scène, des interventions mieux écrites, un choix de chansons plus resserré et des costumes pensés avec plus de finesse, son spectacle pourrait réellement exploser.

Ce qui manque à Olivia Newton-John and Friends, c’est une direction artistique capable de transformer la sincérité brute en expérience mémorable. Car parfois, le talent est là, évident, mais il attend encore qu’on lui donne les bons outils pour s’élever.

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