Nick Mason’s Saucerful of Secrets | Le Pink Floyd à la sauce Barrett dignement défendu

La série des vénérables aînés se poursuit à Montréal. Après Tom Jones (qu’on a adoré), Ringo Starr (qu’on a photographié) et Frankie Valli & The Four Seasons qui sont tous passés en spectacle dans la métropole ces dernières semaines, c’était au tour du batteur de Pink Floyd, Nick Mason, de venir nous présenter son projet Nick Mason’s Saucerful of Secrets, dans un Théâtre St-Denis rempli d’adeptes, mardi soir.

Quand il est question de Pink Floyd, on entend souvent parler de David Gilmour ou de Roger Waters, voire même parfois du chanteur original Syd Barrett. Mais pourtant, le batteur Nick Mason est le seul membre de Pink Floyd à avoir été à bord du début à la fin.

Contrairement à David Gilmour, il est un membre fondateur.

Contrairement à Roger Waters, il n’a jamais quitté le groupe.

Et contrairement au claviériste Richard Wright, il est encore vivant.

Alors s’il y a bien UNE personne au monde qui pourrait se permettre de revisiter l’œuvre de Pink Floyd du début à la fin, c’est bien lui. Et pourtant, il a pris le pari, avec son projet Nick Mason’s Saucerful of Secrets, de mettre l’emphase sur les toutes premières années du groupe, à l’époque où Barrett était le maître de cérémonie de cette jeune formation psyché britannique prometteuse.

Si la plupart des gens connaissent Pink Floyd en raison de leurs quatre fameux albums parus de 1973 à 1979 (Dark Side of the Moon, Wish You Were Here, Animals et The Wall), ce projet-ci vient mettre en lumière tout ce qui est paru avant ça.

Et c’est précisément pour ça qu’on était là, nous aussi.

Pour voir un membre de Pink Floyd à l’œuvre en chair et en os, bien entendu. Mais aussi, surtout, parce qu’il interprétera le matériel sous-estimé des excellentes premières années du groupe.

Parce que des versions de Money, Shine On You Crazy Diamond, Comfortably Numb ou Another Brick in the Wall, on peut en entendre des tonnes, et des bonnes, de diverses formations hommage, de l’Australian Pink Floyd Show (qui passe pratiquement à chaque année à Montréal, Laval et/ou Québec) à Brit Floyd, en passant par Echoes. Roger Waters aussi en interprète plusieurs, comme on a pu le constater encore cet été au Centre Bell. Aucun des titres qu’il sélectionne ne nous étonne, par contre.

Mais entendre Arnold Layne, See Emily Play, Remember a Day, A Saucerful of Secrets et Lucifer Sam en spectacle ? Ça, c’est plus rare. Et pourtant… C’est certes parmi le matériel qui a le mieux vieilli.

Évidemment, Nick Mason en est le batteur. Il est le seul membre à n’avoir jamais chanté un titre.

C’est donc dire qu’on sait d’avance qu’on n’entendra pas les voix si distinctives de Barrett, Waters, Gilmour ou Wright. En revanche, le projet peut compter sur le guitariste Gary Kemp (du groupe new romantic anglais Spandau Ballet) et le bassiste Guy Pratt (fidèle collaborateur de Nick Mason depuis plus de trente ans), qui se partagent le boulot au chant, et se débrouillent tous deux suffisamment bien pour faire honneur aux airs de PF.

Tout au long des 2h30 (avec entracte) du spectacle, le groupe — complété par le guitariste Lee Harris, et le claviériste Dom Beken, tous deux excellents — a repris avec brio certains titres plutôt nichés comme Candy and a Currant Bun, When You’re In, Burning Bridges et Childhood’s End, ou encore Vegetable Man, dont Syd Barrett n’avait apparemment jamais terminé l’écriture, et que Pink Floyd n’a jamais enregistrée. Une rareté.

On ne se prive pas pour autant des classiques comme Astronomy Domine ou les longues et intenses Set The Controls For the Heart of the Sun et Echoes.

Pour tout amateur de Pink Floyd, c’était une occasion unique de savourer une sélection imprévisible de titres moins souvent entendus, interprétés par un admirable ensemble mené par le « commandant » Nick Mason. Et d’entendre le vétéran nous raconter quelques anecdotes savoureuses, ainsi qu’une pointe ou deux à l’endroit de Roger Waters. Rien que pour ça, ça valait le détour !