Nick Mason à Wilfrid-Pelletier | L’éblouissant retour du batteur de Pink Floyd à Montréal
Hier soir, la Salle Wilfrid-Pelletier a remonté le temps vers les années 1970 puisqu’elle accueillait dans son sublime écrin un ex-membre de Pink Floyd, à savoir Nick Mason. Une présence exceptionnelle puisque cela faisait de nombreuses années que le batteur du mythique groupe britannique n’avait pas posé caisse claire et autres cymbales sur sol montréalais.
Une dernière visite qui remonte à 1994
25 ans… Ce nombre résonne comme une éternité pour les mélomanes de rock progressif et les fans de la première heure. Il aura malgré tout laissé le temps à une nouvelle génération de se délecter du génie musical du groupe formé à Londres. Dans les faits, la dernière fois que Nick Mason honorait sa présence à Montréal, c’était lors d’un concert mémorable avec Pink Floyd au Stade Olympique, en mai 1994 pour être plus précis.
« The Division Bell Tour » battait son plein (sans Roger Waters), sonnant par ailleurs le glas d’un groupe désormais divisé. Depuis, les compères du batteur ont joué à plusieurs reprises, en solo, les titres les plus fameux de Pink Floyd dans les plus grandes salles du monde, à l’image de l’aura grandiose que dégage le bassiste Roger Waters et le guitariste David Gilmour. Le batteur, quant à lui, resta davantage en retrait.
Cependant, l’un des éléments le moins mis en avant dans un groupe est peut-être celui qui peut prendre du recul sur le sujet, qui s’avère être aussi le plus audacieux. Et l’audace est probablement celle de voir un Mason considérer son spectacle sous un angle différent en mettant en lumière les premières années de Pink Floyd. Souvent délaissées lorsqu’il est question de se remémorer le patrimoine musical du groupe britannique, ces pièces sont pourtant le ciment d’une longue et prolifique carrière.
Un décor coloré pour une musique transportante
Accompagné par le quatuor de Saucerful of Secrets (avec Dom Beken, Lee Harris, Gary Kemp et Guy Pratt), du nom du second album de Pink Floyd, Nick Mason aura comblé une salle Wilfrid-Pelletier affichant complet, sûrement ravie de redécouvrir le sourire éclatant et la fougue intacte du batteur de 75 ans. Les mouvements sont peut-être moins souples qu’à l’époque, il n’empêche que le natif de Birmingham n’a pas perdu la technique qui fait de lui l’un des meilleur percussionniste de sa génération, voire de l’histoire.
Pendant deux heures, Mason aura proposé une superbe rétrospective des albums précédant The Dark Side Of The Moon (1973), ne manquant pas les occasions de raconter des anecdotes ou rendre hommage à ses acolytes de Pink Floyd et de Saucerful of Secrets. En avant d’un drapé souvent multicolore, témoin d’une période de l’histoire où la prise de psychotropes était une norme, le quintet ouvre sur l’instrumentale Interstellar Overdrive du premier album The Piper at the Gates of Dawn paru en 1967. Des éclats de lumière et une ambiance rougeâtre offrent un contexte particulièrement saisissant avant que ne s’enchaînent Astronomy Domine et Lucifer Sam durant lesquelles Nick Mason prend davantage d’assurance. La machine est en marche, et elle déboule sur une puissance encore intacte dans le jeu du batteur.
Son instrument, élément phare de ce spectacle, résonne sur les murs de la salle tandis que l’excellent bassiste Guy Pratt, ami de longue date qui participa à la tournée « The Division Bell Tour », offre des vibrations saisissantes au moment des premières notes de l’excellente Fearless de l’album Meddle (1971), dont l’éclairage reprend les teintes de l’arc-en-ciel.
L’enthousiaste public de la Place des Arts est bel et bien de retour dans les années soixante-dix, le temps d’une soirée !
Faire battre le cœur des mélomanes
La musique de Pink Floyd présente à cette époque un joyeux amalgame entre rock sauvage et séquences expérimentales. L’incroyable medley If /Atom Heart Mother fait partie de ces titres qui nous prennent aux tripes, lui qui traverse durant douze minutes une multitude de phases avant un retour au calme de la guitare classique interprétée par Gary Kemp. Le morceau issu de AHM (1970) se place assurément parmi les prestations les plus abouties de ce set.
Il y aura aussi ce moment qui arracha des rires aux spectateurs présents, lorsque Nick Mason annonça qu’il était enfin heureux d’introduire See the Controls for the Hearth of the Sun au gong, un privilège souvent offert à Roger Waters sur cette pièce qu’il a composé pour A Saucerful of Secrets, paru 1968. Le morceau sera une réussite en tous points, laissant le spectateur planer au son de bruyantes guitares accompagnant un Mason serein qui aborde ses cinq toms aux maillets avec une conviction totale.
Et son regard ne trompe pas : il sera à la fois sérieux, puis souriant quand viendra le moment d’interpréter See Emily Play et son refrain accrocheur, ou encore l’inévitable One of These Days qui fera lever une foule en délire par son introduction épique à la double basse! La puissance de ce morceau est sans équivoque, et la bande à Mason l’interprétera magistralement.
Comme tout un symbole, le Saucerful of Secrets reviendra sur scène pour interpréter le morceau auquel fait référence le nom du groupe récemment formé. Sur fond psychédélique où se mélangent des liquides rouge et bleu sur rétroprojecteur, Nick Mason reviendra à son tour sous des acclamations nourries, derrière ces fûts qui l’ont fait connaître et qui ont mis en lumière son talent indéniable.
Présent depuis la fondation de Pink Floyd jusqu’à sa fin en 2014, c’est à la salle Wilfrid-Pelletier que se présentait devant les spectateurs le cœur du groupe mythique britannique.
Et personne d’autre que son batteur ne fait battre ce cœur aussi bien…
Liste des chansons
- Artiste(s)
- David Gilmour, Nick Mason, Pink Floyd, Roger Waters
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Salle Wilfrid-Pelletier
- Catégorie(s)
- Progressif, Psychedelique, Rock,
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