crédit photo: Mihaela Petrescu | Miha On Tour
Municipal Waste

Municipal Waste retourne les Foufs | L’art de faire le party

Une véritable tempête métallique, une salle pleine à craquer, un mosh-pit où s’entrechoquent humains et objets divers, punks et métalleux, le tout arrosé de bière et enfumé de cannabis. Municipal Waste a retourné les Foufs avec plus de vingt bombes de thrash metal, accompagnés des spectaculaires Ghoul : retour sur une soirée de folie, prouvant encore l’aura unique et électrique des désormais légendes du crossover.

Dead Heat et Necrot ouvrent le bal

Les Californiens de Dead Heat ouvraient le bal avec leur thrash très crossover, clairement inspiré de Power Trip. Un peu trop même du côté du chanteur qui fait du mimétisme du regretté Riley Gale, arborant le même look et les mêmes moves. Cependant, n’est pas Power Trip qui veut, de la voix aux riffs, mais le tout reste redoutablement efficace et fait chauffer le mosh-pit. S’en suivait le trio death metal Necrot. Pas de crossover ici, mais du pur death metal à l’ancienne, et ça rentre. Classique mais diablement puissant, le groupe maîtrise son élément et livre un très bon set, non sans rappeler des couleurs de Bolt Thrower ou Incantation avec une voix d’outre-tombe et des riffs incisifs.

Le show sanguinolant de Ghoul

Cette affiche était aussi intéressante par la rare présence de Ghoul. Et la horde masquée nous a étonnés avec un excellent spectacle à la Gwar, voyant intervenir plusieurs personnages de leur univers avec des costumes impressionnants, dont une incroyable sorcière, giclant du sang et divers liquides après s’être fait arracher des membres.

* Photo par Mihaela Petrescu | Miha On Tour.

Le groupe originaire de Creepsylvania reste pertinent musicalement avec de très bons riffs et passages harmonisés, notamment l’excellent final, Gutbucket Blues, voyant un personnage se promener avec un seau rempli de boyaux qu’il lance allègrement dans la foule out en s’aspergeant le visage. Toute une performance, avec la difficulté d’une telle mise en scène sur la petite scène des Foufs, respect à la troupe masquée de Ghoul.

* Photo par Mihaela Petrescu | Miha On Tour.

Municipal Waste : une aura électrique, chaotique et explosive

Certains groupes se démarquent par l’atmosphère qu’ils dégagent, et Municipal Waste fait partie de cette catégorie, arrivant à créer une énergie unique, qui emporte tout sur son passage. Peu importe les autres groupes avant, ou après, même en festival, lorsque la bande de Richmond monte sur une scène, il se passe quelque chose d’autre, et c’est toujours chaotique, brutal et joyeux à la fois.

* Photo par Mihaela Petrescu | Miha On Tour.

Dès les premières notes, le pit explose, divers objets volent dans tous les sens, crocodiles et autres objets gonflables, araignées et squelettes, rapidement détruits par le circle-pit grandissant et les crowd-surfeurs qui s’en donnent à cœur joie. Municipal Waste fête les 21 ans de son premier album « Waste’Em All » et envoie quelques pièces comme Sweet Attack, Drunk As Shit ou Substitute Creature qui voit le guitariste Ryan Waste prendre le micro.

* Photo par Mihaela Petrescu | Miha On Tour.

Avec presque 25 ans de carrière et d’expérience, le groupe est d’une efficacité remarquable, un mur du son renforcé par l’ajout d’un deuxième guitariste depuis quelques années. Leurs pièces courtes, incisives et accrocheuses prennent une dimension explosive sur scène, à l’image de bombes comme Breathe Grease, You’re Cutt Off, Thrashing’s My Business…And Business is Good, Beer Pressure, ou le redoutable Headbanger Face Rip.

 

Les Foufounes Électriques ou rien

« On a une histoire ici ! » affirme Tony Foresta, faisant notamment référence à leur fameux dernier passage aux Foufounes électriques, un soir d’Halloween 2012 avec Napalm Death, où ils avaient mis un sacré bordel avec des déguisements, le chanteur armé d’une masse, explosant des citrouilles, des melons d’eau et des CDs du groupe Hellyeah. Il faut d’ailleurs savoir que Municipal Waste s’est fait proposer par les organisateurs montréalais de déplacer le concert dans une plus grosse salle, après que les billets se soient vendus en trois jours. Ces derniers ont refusé, voulant privilégier l’ambiance plus intimiste et le côté plus punk et rock’n’roll de la petite scène.

Le groupe avait même imprimé un chandail limité avec un design spécial pour les Foufs, qui s’est arraché en peu de temps après l’ouverture des portes. Bref, il est aussi plaisant de constater que certains groupes ne prennent pas la grosse tête avec le succès et les années, gardant leur esprit punk des débuts, pratiquant notamment des prix raisonnables à la table de marchandise, lorsque d’autres groupes américains arrondissent le dollar à l’excès et abusent des prix.

L’art de faire le party

« Est-ce que quelqu’un aurait de l’herbe ? » demande le chanteur en approchant de la fin du concert, avant de se faire offrir une poignée de joints qu’il tente d’allumer tous en même temps, avant d’en jeter un dans la foule, et de partager au premier rang. Certains groupes s’assagissent avec l’âge, d’autres non. Municipal Waste reste fidèle à ses paroles en pratiquant The Art Of Partying, jouant cet hymne à la fête juste avant de terminer avec un autre de leurs hymnes, Born To Party, qui voit toute la salle scander « Municipal Waste is gonna f*ck you up ! ».

* Photo par Mihaela Petrescu | Miha On Tour.

Et une fois de plus, le quintette de Virginie a prouvé son pouvoir de retourner une salle au complet en créant un bordel monstrueux, même s’il n’y a pas eu de lancer de bac de recyclage comme lors de leur dernier passage au Théâtre Corona. La performance de chaque musicien est aussi remarquable, de la précision des riffs de guitare à la rapidité de la batterie, jusqu’au chant hardcore au débit impressionnant.

* Photo par Mihaela Petrescu | Miha On Tour.

« Merci, je le savais que ça allait être une bonne date ici, mais je pensais pas que ce serait aussi fou! » lance Tony Foresta. Le groupe fait un rappel avec Demoralizer et salue une dernière fois une foule conquise et rincée. L’odeur de cannabis, le plancher collant de bière, les divers débris au sol et sur la scène, nul doute qu’un gros party est passé par là, une tempête de thrash metal comme très peu de groupes sont capables de le faire. Gardant son authenticité et son attitude, son esprit fêtard, punk et débauché, et sa puissance musicale, Municipal Waste affirme son statut de légende du genre.

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