Montréal Complètement Cirque 2014 | Barbu, foire électro trad

Après l’acclamé Timber!, le Cirque Alphonse nous offre son déjanté Barbu, Foire électro trad. Du 4 au 12 juillet, les cinq poilus et deux imberbes artistes de ce spectacle néo-bizarre nous tirent vers l’inconfort et nous font rire avec le plus grand sérieux du monde.

Cette mise en scène d’Alain Francoeur est forte de son originalité, quoique fragile sur le plan des performances en soi, et assez poussée dans sa « virée pas du tout politically correct ».

De fait, la pudeur n’est absolument pas de mise et le public n’est à l’abri ni des flashs de parties génitales, ni des danses de poteau, ni des éclats de glaise.

Le numéro le plus… salissant souligne d’ailleurs le climat douteux de misogynie qui règne lors de cette soirée, dont un message sous-entendu est qu’une femme (nue), c’est séduisant et qu’un homme (nu), c’est drôle.

Dans ce spectacle qui frôle parfois le burlesque et le freak show, les blagues de premier degré côtoient les numéros de magie, l’absurdité totale et les exploits physiques. Les pyramides humaines et autres acrobaties d’hommes forts sont d’ailleurs impressionnantes et plutôt bien menées, et forment les meilleurs numéros du spectacle.

Même si la production est dans l’ensemble un peu amatrice, le public gagné d’avance inonde les artistes d’applaudissements et rit fréquemment face à toutes ces fesses et bedaines qui se déhanchent allègrement pour lui. Aspect intéressant, par ailleurs, que celui des corps atypiques des interprètes (surtout masculins), pour des artistes de cirque à la silhouette habituellement ciselée.

Les personnages néo-burlesques-trappeurs-bizarroïdes-etc. sont musclés, barbus ou glabres, et généralement très sérieux d’apparence.

Ils jouent avec la barbe les uns des autres, se lancent des objets et des gens, se battent, bref s’ébrouent et inquiètent les spectateurs par leurs manœuvres – pour se rattraper au dernier moment, dans la plus pure tradition circassienne. Jacques « Groslette » Schneider, dont le personnage est un mentaliste sénile et maltraité, se distingue d’ailleurs dans cet art.

Des projections vidéo de grande qualité, par Frederic Barette, ainsi qu’un accompagnement sonore électro-traditionnel joué par un D.J. et un groupe devant public complémentent brillamment l’action sur scène. La voix chaleureuse d’André Gagné y est pour beaucoup.

Le Cirque Alphonse veut, avec Barbu, faire rire son public, tester les limites et imprégner le présent de passé, mais s’il distrait ses spectateurs par son flegme loufoque, il déçoit par la facilité de son humour et la faiblesse de ses performances.

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