crédit photo: Pierre Langlois
Molchat Doma

Molchat Doma et Sextile au MTELUS | La révolte qui fait tomber des nues

« Molchat Doma » signifie « les maisons sont silencieuses ». Lundi soir, le MTELUS n’avait pourtant rien de silencieux. Affichant complet, la salle de spectacle était remplie de punks qui n’ont pas eu froid aux yeux de contrer la tempête hivernale qui s’abattait sur Montréal pour s’immerger au sein de l’univers Molchat Doma. Le groupe post-punk a offert aux Montréalais les récents morceaux de son album paru en septembre dernier soit, Belaya Polosa.

Originaire de Biélorussie, le groupe de musique post-punk, synth-pop et cold wave a connu en 2020 une ascension fulgurante dans l’industrie musicale en raison de sa viralité soudaine sur TikTok et Youtube. Connus pour leur performance saisissante, les fans attendaient avec impatience depuis maintenant deux ans le retour du band en sol montréalais.

Voyage au cœur du post-punk

D’une lumière rouge qui déguisait la scène et d’un noir absolu de la foule issue du code vestimentaire complètement en noir des punks, Pavel Kozlov à la basse et au synthétiseur et Roman Komogortsev à la guitare, au synthétiseur et à la boîte à rythmes sont entrés sur scène aux côtés d’une ambiance sombre et industrielle. Le temps d’un moment, le MTELUS semblait être un monument abandonné où l’on entendait seulement le son du vent se fracasser sur les parois de la salle de spectacle.

S’en est suivi de l’apparition en douceur du chanteur Egor Shkutkoa qui est venu se positionner devant le micro au centre de la scène. Dès que la voix de Shkutko a rententi dans la salle, c’est tous les avant-bras du MTELUS qui ont frissonné. Cette voix percutante, sombre et à la fois angélique a su toucher instantanément tous ceux qui avaient le privilège de l’entendre. La barrière de la langue n’enlève absolument rien à la connexion de la foule au chanteur, bien au contraire cette voix sincère et touchante a su faire vibrer la corde sensible des émotions du public.

D’une histoire universelle racontée au sein de ses mélodies nostalgiques, Molchat Doma détient un univers musical singulier qui regroupe un son underground qui rappelle le new wave des années 1980 en URSS. À travers cette ambiance musicale futuriste et glauque, le rythme frénétique du band a su complètement hypnotiser la foule guidée par les mosh pits et le déchainement du corps.

Corporalité et théâtralité

Fascinant, c’est ce qu’est Egor Shkutko. De sa manière d’habiter son corps à sa démarche et à ses pas de danse, il était impossible de décrocher son regard de celui-ci. Lorsqu’il s’approchait de son micro, il y avait cette prestance qui s’imposait de manière décontractée.

À la base, le chanteur du groupe est doté d’un physique imposant, étant très grand à la longue chevelure et ayant une calvitie avancée, son unicité se dégage à un autre niveau lorsqu’il se met en scène et danse. En connexion profonde avec les mélodies qui guide ses mouvements, le danseur d’excellence jouait entre la théâtralité et l’exaltation des mouvements de son corps. En transe, il y avait plusieurs moments où il exerçait une contorsion avec son corps impressionnante, laissant ainsi son corps tomber vers l’avant. On aurait dit un mort-vivant avant qu’il ne se transforme soudainement en « headbanger » en série.

Par la force de l’énergie contagieuse qu’il dégageait de son corps, Shkutko a su entrainer d’un coup tout le MTELUS à rejoindre la danse et le laisser-aller total. Partageant une connexion intime et indescriptible avec le public, le chanteur n’a pas hésité à descendre de scène, se rapprochant ainsi du public tout en laissant les deux guitaristes prendre possession de la scène lors de leur mémorable fusion en solo qui transpirait talents et intensité.

La symbiose

En parfaite symbiose avec le band, la foule était complètement conquise par les battements de cœur de la musique du groupe. Les mosh pits qui alimentent la vivacité de la foule, les mains en l’air qui clappent ensemble d’un synchronisme incroyable, le temps d’un moment, le MTELUS appartenait au monde sombre et lumineux de Molchat Doma.

C’est à la suite d’un long rappel que le groupe est revenu sur scène afin de tout faire exploser. Le chanteur a alors scandé « Are you fucking ready ? » avant d’enchaîner les chansons chouchous du public de leur album emblématique de 2018, Etazhi. Un rappel qui a rendu les fans ainsi que le groupe complètement déchainés.

Du punk à volonté

Le groupe post punk Sextile originaire de LA s’est chargé d’assurer la première partie, de quoi réveiller d’un coup la foule avec leur musique révoltée.

Par ce coup d’envoi de début de soirée ahurissant et d’une énergie hors pair, les couleurs punks de la soirée se sont vite dessinées auprès du groupe américain.

S’approchant du public au parterre, le chanteur Brady Keehn s’est rapidement connecté au public aux côtés de Melissa Scaduto à la batterie, l’électronique et la guitare ainsi que la batteuse Lia Simone Braswell. Brady Keehn joue également à la guitare et l’électronique. Ainsi de manière organique, Brady Keehn et Melissa Scaduto s’échangeaient le micro laissant place à deux chanteurs au sein du groupe punk. Les cheveux au vent par la subtilité d’un ventilateur au sol, Melissa Scaduto était complètement « badass » se laissait alors vibrer par la musique tout en « hedbangant » à la fois.

La performance techno a pris fin au son d’un dernier morceau qui criait la révolte où Scaduto a brandi un énorme drapeau blanc où il était inscrit « Abortion Rights Now ». Le drapeau qui parcourait rapidement la scène de gauche à droite a alors suscité l’appui massif des cœurs punks qui n’en ont rien à cirer.

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