Modest Mouse

Modest Mouse au Métropolis | Ce concert qui n’en finissait plus de finir…

C’est connu : Modest Mouse est un groupe imprévisible, qui n’offre jamais le même concert d’un soir à l’autre. Ça peut donner lieu à une soirée extraordinaire, ou à une expérience irritante. Malheureusement, c’était plutôt cette dernière option qui s’appliquait mardi soir…


Soulignant ses 15 ans d’existence (et d’excellence), le promoteur de spectacle Blue Skies Turn Black avait réalisé un bon coup en accueillant Modest Mouse au Métropolis, pour une première prestation à Montréal depuis Osheaga 2014. Avec un premier album en sept ans paru en mars dernier, l’occasion était belle.

Au final, le groupe de la côte ouest américaine s’est plutôt comporté comme l’invité vedette qui est tombé dans le bol à punch et qui refuse de s’en aller une fois la fête terminée.

Trois heures de Modest Mouse, ça semble avantageux sur papier. En pratique, c’était beaucoup trop long, en partie en raison du comportement erratique d’Isaac Brock, l’étrange et caractériel chanteur de la troupe, qui n’en fait qu’à sa tête et s’amuse à chercher le trouble et tester la patience de ses fans.

Bien qu’il ait connu quelques bons moments au niveau du chant – l’utilisation de sa voix « sur le bord de la crise de nerf » a toujours été l’une des forces de Modest Mouse – Brock a multiplié les loooongues interventions chaotiques et pratiquement inaudibles, au point de s’attirer quelques « shut up and play » provenant de la foule, ou de créer des temps morts qui tuaient le momentum des chansons.

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Quoi ? Fais-nous pas cette tête, Isaac. Ton talent n’est plus à prouver. Mais ta façon de le mettre en évidence (ou plutôt de refuser de le mettre en évidence adéquatement) donne lieu à des frustrations.

Quand ce n’est pas Isaac Brock qui se fait aller la trappe inutilement, ce sont des introductions de chansons qui prennent un temps fou à aboutir, ou cet interminable bourdonnement de mouche entre la fin du set et le rappel. Près de quinze minutes de bzzzzzz avant un retour pour huit (!) chansons, qui n’a finalement pas mené à ce que les gens souhaitaient.

Parce qu’au bout de trois heures, ils ont quitté, sans avoir joué Float On, leur plus gros hit, habituellement présent dans la grille de chansons. Ce n’était pas la seule absente de taille : ils ont évité The World At Large et The Ocean Breathes Salty aussi. 

Sur trois heures, ils ont forcément offert plusieurs favorites du public néanmoins : Fire It Up, Lampshades on Fire, Doin’ The Cockroach, 3rd Planet, The View, Black Cadillacs… Isaac Brock a même sorti le banjo pour King Rat et Bukowski, un des bons élans de la soirée. Puis, il revenait à son étrange personnage d’orateur confus.

À ses côtés, les sept musiciens, de grand talent, attendaient les poings sur les hanches que Monsieur Brock ait terminé sa logorrhée du moment, avant de jouer la prochaine chanson, peu appuyés, par ailleurs, par une sono plutôt merdique. (Le gars de son aurait peut-être avantage à prendre quelques cours d’appoint dans une bonne école de sonorisation à Montréal)

En fait, c’est drôle à dire, mais Modest Mouse aurait dû s’inspirer de sa première partie, le groupe montréalais Operators. Bien qu’ils n’existent que depuis un an tout au plus, Operators comptent sur l’expérience de Dan Boeckner, ex-Wolf Parade, qui a vu neiger. Pas de temps à perdre avec Operators : les chansons rythmées s’enchaînent et les musiciens consomment chaque seconde comme si c’était le dernier show de leur carrière. On ne peut certainement pas en dire autant de Modest Mouse…

Bien resserré, ce spectacle aurait pu durer une heure trente minutes, bien tassé, bien efficace, et tout le monde serait reparti satisfait.

 

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