Metallica

Metallica en char et en os au Ciné-Parc Saint-Eustache : Récit d’une soirée savoureusement glauque [en texte et en photos]

Il y a trois ans, Metallica était de passage en spectacle au Parc Jean-Drapeau, dans le temps que c’était encore possible pour un groupe californien de venir à Montréal en chair et en os. Et on avait constaté sans grande surprise que tout est vraiment vraiment GROS dans un show de Metallica. La démesure. Autant la communauté de fans forts en gueule, affublés de t-shirts aussi variés qu’inventifs, que les flammes, lasers, écrans géants et décibels qui viennent avec un tel spectacle. Trois ans plus tard, COVID oblige, on pouvait revivre à nouveau une expérience Metallicaine au Québec, mais… en mode ciné-parc. Et pas à n’importe lequel des ciné-parcs, évidemment le plus GROS au Québec: le mythique Ciné-Parc Saint-Eustache! J’y suis allé, avec l’ami Olivier, avec l’intention ferme de nous intégrer le mieux possible et de vivre ça comme le font les vrais fans…

La proposition est ambitieuse : un spectacle pré-enregistré et projeté une seule fois, simultanément dans plusieurs dizaines de ciné-parcs en Amérique du Nord, dans le cadre de la série Encore Drive-In Nights. Au Québec, le seul ciné-parc qui y avait droit était celui de Saint-Eustache.

C’est gros, le Ciné-Parc Saint-Eustache. Cinq écrans. Plus de 3000 voitures peuvent y accéder.

Pour l’occasion, le spectacle exclusif de Metallica, enregistré quelques jours plus tôt dans un lieu gardé secret en Californie, allait être projeté sur deux des cinq écrans. Un préposé à la circulation nous confie que quelques 1400 billets ont été vendus. Et que les films projetés sur les trois autres écrans ne sont pas très populaires en ce samedi soir maussade…

On comprend pourquoi.

La file de voitures refoulait jusqu’au centre-ville. Il y a de quoi décourager une petite famille qui voulait aller voir Bob l’Éponge : Éponge en fuite tranquillou !

Et nous, bien ça nous laisse croire qu’il serait plus sage d’aller se chercher du Benny & Co et manger notre quart-cuisse dans le char en écoutant « Masteur of popette » dans le trafic.

« J’étais plus du genre à écouter Vilain Pingouin et Jean Leloup à cet âge-là », me raconte mon passager, qui a la même vieille trentaine que moi. Entre des frites frisées et une salade de chou sucrée, on discutait du sell out historique que fût le mythique album noir qui avait entraîné le heavy métal dans le courant mainstream en 1991, laissant pantois les adeptes des quatre premiers albums vraiment plus thrash. On était trop jeunes pour être offusqués d’un tel virage, même si, en y repensant, c’est bien vrai que les quatre premiers étaient plus innovateurs et authentiques. C’était en gros notre conclusion. Une grosse discussion.

On roule à pas de tortue, mais le party est pogné dans le bouchon avant même de franchir la mythique marquise du ciné-parc/marché-aux-puces/carrière-de-pierres. On sent la fébrilité.

 

Il faut dire que la météo était de mise. Si le soleil de juin était parfait pour notre expérience familiale avec Bleu Jeans Bleu, la faible pluie frisquette et les nuages brumeux qui couvraient le ciel de Saint-Eustache samedi soir fournissaient l’ambiance glauque idéale pour ce type de soirée. Ça ajoute à l’impression d’être dans un film de zombies de série B.

 

Même quand l’ami Olivier se rend aux toilettes chimiques, la scène a des airs d’affiche de film macabre de Stephen King.

 

On constate rapidement que les employés du ciné-parc sont habitués à gérer un ciné-parc, et peut-être moins habitués à gérer un show de Metallica. Et c’est tant mieux comme ça. Pas de zèle des agents de sécurité, il règne sur les lieux un laisser-aller plutôt sympathique, qui nous permet de nous promener à pied entre les voitures sans se faire achaler, et d’admirer les installations très créatives de certains spectateurs : boîtes de pickups judicieusement aménagées, chaises de camping, tentes, grillades, enceintes de son externes avec beaucoup de basse, etc.

 

Et de nous faire des amis, comme cet étrange gourou que tout le monde prenait en photos, avec sa petite guitare rose.

 

On s’était nous-mêmes vêtus de circonstance pour se faire accepter dans la gang : moi en t-shirt ironique My Heart Will Go de Céline Dion au graphisme « métalisé », et lui en t-shirt Sons of Anarchy, chapitre New Jersey. Ça fonctionne, on se fait faire des cheers partout, on sent que la communauté Metallica ne juge pas. Si t’es là pour Metallica, tu fais partie de la gang.

 

Le show en tant que tel a commencé avec une bonne heure de retard et après une première partie plutôt terne de Three Days Grace, que les fans de Metallica semblent vraiment apprécier.

Mais une fois que le vrai show débute, l’ambiance est électrique. Au diable la bruine, la vaste majorité des spectateurs sont sortis de leur voiture, assis dans leurs chaises de camping près de leur camion, ou buvant de la bière debout à côté de leur Honda Accord.

 

Et ça crée de l’ambiance en ti-pépère, parce que les fans de Metallica, ils connaissent VRAIMENT les chansons de Metallica. Ça gueule, ça chante, ça headbang et ça danse en reconnaissant les premières notes de Seek & Destroy ou Creeping Death ou Sad But True. Et ça klaxonne entre les chansons, comme le veut la nouvelle tradition pour ce type d’expérience très 2020.

Le groupe a monté une scène dans un champ (un vignoble?) californien pour enregistrer la performance, et c’était toute qu’une bonne idée. Parce que comme le soulignait l’ami Olivier : « C’était comme si leur ciel complétait le nôtre ». Ç’aurait encore mieux fonctionné si le spectacle avait commencé à l’heure, parce que dans leur spectacle, il faisait clair pour les deux ou trois premières chansons, puis la nuit est tombée et les éclairages ont pris le relais ensuite, ce qui aurait été parfaitement synchronisé aux alentours de 20h.

 

Peu importe, personne allait se plaindre.

Parce qu’à défaut de voir Metallica débarquer en ville, la communauté des fans de Metallica avait un rendez-vous entre eux, tout en respectant les consignes de sécurité imposées par la pandémie.

Il n’y avait pas la démesure de Metallica en chair et en os, mais il y avait l’essentiel : la passion brute de quelques centaines de Québécois qui trippent solide et qui avaient sans doute besoin de ce moment brut de rassemblement heavy métal par un samedi soir maussade.

 

Grille de chansons jouées par Metallica :

  1. Hardwired
  2. Fuel
  3. Seek & Destroy
  4. Creeping Death
  5. One
  6. Now That We’re Dead
  7. Sad But True
  8. Moth Into Flame
  9. The Unforgiven
  10. Wherever I May Roam
  11. Fade to Black
  12. Master of Puppets
  13. Battery
  14. Nothing Else Matters
  15. Enter Sandman

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